Histoire

[CEH] Les Français de Philippe V, par Catherine Désos. Partie 1 : Constitution et développement de la maison française du roi d’Espagne

Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne, 1700-1724

 Par Catherine Désos[1]

En novembre 1700, le duc d’Anjou, deuxième petit-fils de Louis XIV, succédait au dernier Habsbourg sur le trône d’Espagne, sous le nom de Philippe V. Tel fut le grand événement, si riche en conséquences, qui marqua l’entrée de l’Europe dans le XVIIIe siècle. Pourtant, ce règne resta longtemps marqué par une période historique peu étudiée jusqu’au regain d’intérêt provoqué par le tricentenaire de son avènement, qui vit fleurir colloques, monographie et articles d’érudits[2]. C’est dans ce sillage, qu’à partir de 2005, nous avons nous aussi entrepris des recherches concentrées sur l’entourage français de Philippe V, microcosme sans cesse en évolution et n’avait encore jamais bénéficié d’une étude particulière. D’après les témoignages de contemporains, les Français occupaient une place avantageuse auprès du souverain. Plutôt donc que de continuer à les considérer de manière globale et anonyme, à l’exception de quelques personnalités de premier plan, l’idée de les soumettre à une recherche spécifique s’imposa à nous. Ce fut l’objet de notre thèse de doctorat éditée aux Presses Universitaires de Strasbourg en 2009, édition que nous présentons aujourd’hui.

Par entourage français, nous entendons les hommes et les femmes qui suivirent le jeune roi jusqu’à Madrid, en 1707, et obtinrent un accès privilégié à sa personne soit par leurs services, soit par leur activité de conseil. Il ne s’agit donc pas d’un travail sur les Français en Espagne, ni même sur les Français à Madrid, mais bien l’approfondissement de cet objet historique qu’est une colonie étrangère au sein d’une cour royale[3].

C’était un champ de recherches à défricher entièrement comme nous avons commencé à le faire par notre biographie du père Guillaume Daubenton premier confesseur jésuite de Philippe V[4]. Ce dernier fut personnellement choisi par Louis XIV pour accompagner son petit-fils. Lors de l’étude de la vie de ce religieux que sa position d’apparence modeste n’empêcha pas d’exercer une grande influence, il apparut que d’autres Français que l’Histoire avait aussi laissé dans l’ombre, avaient en réalité exercé une emprise certaine au sein du gouvernement espagnol, tant que les affaires internes et la vie de la cour, que sur la diplomatie. Il fallait donc par le biais d’une minutieuse enquête prosographique, en faire une identification précise.

C’est au sein des archives parisiennes et madrilènes que nous avons repéré ces Français pour ensuite les replacer dans le contexte de la cour en insistant sur leurs réseaux. Cette notion est essentielle[5] car l’homme de l’Ancien régime ne se comprend pas sans ses relations de famille, de clientèle et, dans le cas qui nous occupe, sans contactes restés à la cour de Versailles. La relation avec les Espagnols est tout aussi fondamentale pour saisir jusqu’à quel point il y eut intégration ou non de ces Français dans leur nouvelle nation. Il était important d’abandonner un point de vue trop franco-français pour évoquer cette période comme ce fut peut-être le cas des travaux antérieurs d’érudits[6]. Enfin, avec tout ces éléments, restait à évaluer à sa juste mesure, leur influence sur l’évolution de l’exercice du pouvoir tel qu’on le constate sous le premier Bourbon, en évitant le danger de vouloir faire de l’Espagne du jeune Philippe V un simple reflet de la France de Louis XIV. Au contraire l’Espagne a un destin indépendant et Philippe V, toujours très déférent envers son grand-père, révèle au fur et à mesure des années, une conception de l’exercice du gouvernement qui lui est personnelle.

Partie 1 : Constitution et développement de la maison française du roi d’Espagne

Le roi de France, en présentant le 16 novembre 1700 à l’ambassadeur Castel dos Rios son nouveau souverain en la personne de son petit-fils, n’avait pas en tête l’installation d’une colonie française à Madrid. L’opposition culturelle et historique entre les deux nations incitait à la plus grande prudence. Bien conscient de la nouveauté que présentait l’arrivée d’un prince français en terre espagnole, l’ambassadeur duc d’Harcourt préconisait de laisser les Espagnols se gouverner eux-mêmes[7]. Et pourtant, la suis des événements montre qu’au contraire, les Français partis avec le jeune Philippe V se sont installés pour de longues années.

1) Une suite pour le duc d’Anjou

La position du roi de France était très nette lors de l’avènement de son petit-fils : il ne souhaitait aucune ingérence au sein du gouvernement espagnol ; il approuvait son conseil de régence constitué à Madrid et mené par le francophile cardinal Portocarrero[8] ; il se montrait très attentif à la suspicion des Anglais et des Hollandais, à la jalousie de l’Empereur qui aurait souhaité que son propre fils héritât de la couronne, mais aussi au désir des Espagnols de se gouverner eux-mêmes. Charles II, dans le testament instituant le duc d’Anjou comme son héritier, ne le faisait-il pas à la condition expresse que les couronnes de France et d’Espagne ne soient jamais réunies[9] ? Louis XIV sait que l’on ne peut effacer d’un trait de plume les rivalités qui opposèrent les deux grandes monarchies voisines pendant deux siècles. Songeons qu’en 1691 encore, la France bombardait Barcelone !

Aussi, seule une soixantaine de personnes accompagnèrent-elles le jeune roi ; elles étaient d’origine subalterne afin de ne pas heurter le sentiment national des Espagnols. Un personnel simple, mis à part l’ambassadeur de France, le brillant duc d’Harcourt[10] et le gentilhomme de la chambre, l’entreprenant marquis de Louville[11]. S’y ajoutaient également, un médecin, un chirurgien, un apothicaire, le confesseur déjà cité, et tout un monde de domestiques comme Hersan[12], premier valet de la garde-robe ou La Roche[13], premier valet de la chambre, qui servaient déjà Philippe en tant que duc d’Anjou. Il s’agissait d’aider ce roi de 17 ans, d’un naturel assez timide en ses débuts, à s’adapter à son nouveau mode de vie. Cette maison rassemblait en elle les différents services dont voulait s’entourer le roi, non en tant que souverain d’Espagne, mais en tant que prince Français ; elle ne devait exercer aucune influence sur le gouvernement. Bien plus, il était préconisé de tous les renvoyer « lorsque la connaissance qu’il (Philippe V) acquerra bientôt de la langue et du génie de la nation espagnole l’aura mis en état de se passer de domestiques français »[14] et leurs passeports n’allaient pas au-delà de 5 mois.

Si le départ de Philippe V se fit dans la tristesse avec des scènes fort émouvantes, car il était quasi assuré qu’il ne reverrait jamais ses frères, son père ou son grand-père, la route effectuée jusqu’à Madrid entre le 4 décembre 1700 et le 18 février 1701, fut un vrai délire d’enthousiasme[15]. Le confesseur témoigne :

« Les passions de ces peuples sont si outrées, soit pour la haine, soit pour l’amour, que le roi est sur le point d’être écrasé, toutes les fois qu’il sort. En sortant aujourd’hui de l’église, quantité de femmes grosses ne sont jetées sur lui comme des bacchantes et l’ont suivi en foule dans sa chambre pour l’embrasser sans qu’on ait pu les arrêter. Tous ceux qui pouvaient l’approcher hier en arrivant, touchaient la selle, la croupe et les cuisses de son cheval et portaient ensuite leurs mains sur les yeux, sur leur bouche et sur leur cœur, comme s’ils avaient manié des reliques. »

Louville ne peut s’empêcher, lui aussi, de crier au miracle en voyant que tous ces peuples font maintenant : « des vœux si ardents pour un prince dont ils haïssaient si fort le nom de la maison depuis plus de deux cents ans. »[17] Les Français montrent une compréhension cordiale envers les us et coutumes des Espagnols, mais certains d’entre eux sont inquiets quant à la pérennité de cet engouement, au vu des difficultés qui s’annoncent.

2) Les causes de l’accroissement de la colonie française.

Loin de s’en retourner, ce groupe de Français va s’étoffer rapidement. Tout d’abord, si Philippe apprend l’espagnol, il aime se retrouver avec les familiers de son pays natal. Surpris par l’atmosphère de la cour espagnole régie par des étiquettes omniprésentes et alourdie par la présence des clans nobiliaires qui occupent les postes de la cour depuis des décennies, le roi ne se sent pas libre et privilégie la compagnie de son cercle français. La mésentente avec les Espagnols s’installe dès les premières innovations introduites, comme de laisser circuler librement le roi dans ses appartements du palais « où tout le monde le voit, lui parle et lui donne des placets »[18]. Cela suscite des tensions et il est vite clair que les Castillans comme les Espagnols des autres provinces n’accepteront pas de bon gré l’entourage de leur nouveau roi. Il se trouve, cependant, que Philippe V, non seulement le maintient en place mais entreprendre de l’étoffer.

Ainsi pour son service personnel, il est créé un service de la bouche français. Est-ce par goût du roi ou crainte du poison ? Toujours est-il que cela provoqua l’arrivée à Madrid de quelques cuisiniers, panetiers, maître du gobelet et autres boulangers qui se joignirent aux Français déjà présents dans les services de la chambre ou de la garde-robe. Ces derniers doublent les charges de la casa real existante, au grand dam des Espagnols en poste, formant ce qu’on appela la familia francesca, dotée d’un sobresuledo (ou surpaye) sensé compenser les avantages dont ils bénéficiaient en France. Le mariage du roi avec Marie-Louise fille du duc de Savoie (novembre 1701), marque encore l’arrivée d’une escorte française menée par sa nouvelle camarera mayor, la princesse des Ursins[19] qui, à son tour, élabore une maison française pour la jeune reine à laquelle s’ajouteront, au fil du temps, sages-femmes, médecins ou précepteurs jésuites.

De plus, la guerre éclate au bout de quelques mois et les Français présents à Madrid découvrent une Espagne non préparée et une grande noblesse peu enthousiaste au combat. La cour n’est pas sereine et les clans nobiliaires s’affrontent masquant à peine l’impréparation des élites, un système politique bloqué et des difficultés financières préoccupantes en Castille.

Les lettres de Madrid affluent à Versailles pour demander de l’aide et le marquis de Louville et fait l’avocat de l’accroissement de la présence française[20]. Ne rapporte-t-il pas dans ses lettres au marquis de Torcy, que les Espagnols eux-mêmes disaient « qu’une année de la belle vie du roi de France serait bien employée à rétablir les intérêts de son petit-fils[21] » ? Louville n’hésite pas à critiquer l’apathie politique des élites espagnoles dont il se fait rapidement détester. La lenteur des Conseils de la monarchie, la faiblesse de l’armée, l’inorganisation des finances et le manque d’industrie, vont devenir des thèmes récurrents dans la correspondance des Français comme de certains Espagnols qui aspirent au changement. Les ministres de Versailles, comme la marquis de Chamillart, contrôleur général des finances et ministre de la guerre, ou le comte de Pontchartrain, ministre de la marine, sont partisans d’une intervention française plus marquée afin d’accéder aux Indes espagnoles[22], tandis que le marquis de Torcy se demande avec inquiétude si l’Espagne ne s’est pas attachée à la France « comme une vieille maison abandonnée tombant en ruine à une bonne »[23].

Philippe V lui-même finit par réclamer des hommes à son grand-père et c’est l’occasion de nouvelles arrivées[24]. Outre l’ambassadeur, devenu ministre officiel du roi en entrant aux yeux de tous dans le despacho, conseil privé du monarque, un financier, Jean Orry[25] se rend à Madrid tandis que se succèdent à la tête des armées des maréchaux de France comme le marquis de Tessé, le duc de Berwick, le duc d’Orléans, le duc de Noailles, le duc de Vendôme, et des lieutenants-généraux qui contribuent à faire émerger de nouveaux cadres militaires[26]. Enfin, dans leurs bagages viennent aussi des techniciens ou des commis de marine, car tous les ministres de Versailles veulent un représentant, et Jérôme de Pontchartrain n’est pas le dernier à s’informer sur l’intérieur de la cour[27].

C’est donc une société assez mêlée qui vit à la cour madrilène, dont le critère commun est d’être Français, au service de Philippe V, ce qui n’en fait cependant pas un bloc monolithique. Les rivalités courtisanes restent nombreuses et donnent une mauvaise image des premières années du règne[28].

3) L’arrivée des familles, de parentèles et autres collatéraux.

Au total, durant les vingt-quatre premières années du règne de Philippe V sur lesquelles s’étend notre étude, près de 260 personnes ont pu être identifiées.

Environ 149 individus appartiennent à la familia francesca, en tant qu’officiers préposés au service personnel du souverain dans les différents départements du palais. Beaucoup d’entre eux restèrent en poste jusqu’à leur décès, leurs charges passant parfois à leur descendance ou parentèle qui les avaient rejoints à Madrid. A ceux-ci s’ajoutent 26 membres du corps médical (en particulier des chirurgiens) et 13 artistes peintres, architectes, sculpteurs ou jardiniers[29]. En effet, une fois la guerre de Successions achevée, le roi souhaitera avoir quelques artistes autour de lui pour embellir son plais ou sa nouvelle résidence de San Ildefonso de la Granja.

Innovation importante, Philippe confia sa conscience aux jésuites alors que jusque-là, c’était les dominicains qui occupaient les confessionnaux des rois d’Espagne ce qui n’alla pas sans heurts et plaintes de la part des frères prêcheurs[30]. Mais Louis XIV souhaitait instituer cet ordre auprès de son petit-fils car il se méfiait des dominicains jugés trop proches du jansénisme qu’il voulait abattre aux Pays-Bas espagnols[31]. Deux jésuites se succédèrent dans cette charge durant la période étudiée ; le P. Daubenton jusqu’en 1705, le P. Robinet jusqu’en 1714 et à nouveau le P. Daubenton entre 1715 et 1724. Bien plus, quelques autres les rejoignirent pour s’occuper de l’éducation des infants comme le P. de Laubrussel, précepteur du prince des Asturies, le P. Lecompasseur qui lui enseigne le latin, les PP. Nyel, Du Chesne, ou encore le P. Fevre, précepteur des infants et dernier confesseur de Philippe V, en 1744.

La plupart de ces Français demeurèrent en Espagne. Par contre, d’autres servirent pour un temps le roi d’Espagne avant de s’en retourner à Versailles. Par contre, d’autres servirent pour un temps le roi d’Espagne avant de s’en retourner à Versailles. C’est la cas des 18 officiers généraux, 6 financiers, 8 ingénieurs et techniciens qui se succédèrent à Madrid comme experts dans les affaires militaires ou financières ? La plupart, une fois leur service fait, repartirent en France, à l’exception notoire du fils de Berwick, à l’origine de la maison des ducs de Liria.

Enfin, la dernière catégorie de ces Français est constituée des représentants officiels du roi de France : 26 ambassadeurs, envoyés ou secrétaires d’ambassade et 4 agents de la marine qui réussirent plus ou moins bien dans leurs postes. Seul, le marquis d’Amelot, présent entre 1705 et 1709, eut véritablement un rôle de ministre sans le titre Philippe V, de par sa grande activité et inventivité. Ce poste n’était pas de tout repos et beaucoup y laissèrent leur fortune et leur santé.

S’il fallait décrire l’entourage français de Philippe V pendant la première moitié de son règne, nous pourrions le qualifier de peu nombreux mais bien placé. Composé à 60% d’officiers subalternes, le reste est au contraire une immigration de haute qualité. Cette typologie concorde avec qu’écrivait le duc de Beauvillier à son ami Louville en 1700 :

« Le roi n’aime guère que les bons sujets le quittent pour l’Espagne ; et il aurait honte d’en envoyer de mauvais. Il en donnera donc très peu[32] »

Ce peu devait cependant se révéler très efficace du point de vue de l’influence culturelle et politique.

À suivre…

Catherine Désos
Conservateur d’État des Bibliothèques


[1] Préface de José Manuel de Bernardo Ares, professeur d’histoire moderne à l’université de Cordoue, Strasbourg, PUS, 2009.

[2] L’étude militaire de la guerre de Succession d’Espagne est assez bien connue et a donné lieu à de nombreuses publications savantes depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. L’aspect diplomatique aussi, en raison de la masse de documents laissés par les secrétaireries des affaires étrangères. Mais le règne même de Philippe V s’est trouvé comme écrasé entre les études sur les Habsbourg et celles sur Charles III souverain « éclairé » d’Espagne. Enfin, la monumentale thèse d’A. Baudrillart réalisée entre 1890 et 1901, semblait avoir épuisé le sujet par la masse de documents traités. Or des pans entiers du règne ont été redécouverts dans les domaines aussi variés que l’art, l’économie, le commerce, l’administration, l’armée, la marine ou le personnel politique. Se reporter à la bibliographie présentée dans Les Français de Philippe V…, pp. 487-517.

[3] Ce qui s’inscrit dans un courant historiographique récent sur les sociétés de cour à Londres, Madrid ou Versailles.

[4] C. Désos, La vie du R.P. Guillaume Daubenton, s.j. (1648-1723). Un jésuite français à la cour d’Espagne et à Rome, Cordoue, 2005, 225 p.

[5] Sur cette notion de réseaux, cf. par exemple : J-P. Dedieu et J-L. Castellano, Réseaux, familles et pouvoirs dans le monde ibérique à la fin de l’Ancien Régime, CNRS, 1998. Les hispanistes Didier Ozanam et Janine Fayard avaient lancé une étude sur ces thèmes dès les années 80 au sein de la Casa de Velazquez.

[6] Ainsi A. Baudrillart insistait sur le constat de l’écart qui séparait les deux mondes français et hispanique ce qui lui permettait de faire porter l’accent sur la capacité de l’un à déterminer l’avenir de l’autre.

[7] C.Hippeau, L’avènement des Bourbons au trône d’Espagne. Correspondance inédite du marquis d’Harcourt, 1875, I, p. CLIV.

[8] A.R. Peña Izquierdo, La risis sucesoria de la Monarquia Española. El Cardenal Portocarrero y el primer gobierno de Felipe V (1668-1705), Université autonome de Barcelone, thèse soutenue le 8/11/2005.

[9] Point 13 du testament de Charles II.

[10] Henri, marquis de Beuvron, duc d’Harcourt (1654-1700).

[11] Charles Auguste d’Allonville, marquis de Louville (1664-1731).

[12] Gaspard Hersan (+ à Madrid en 1721)

[13] Claude-Etienne de La Roche (1655-1733).

[14] C. Hippeau, op. cit., II, 310.

[15] L’itinéraire compte 24 étapes entre Irun et Madrid. Cf. Cronica fesstiva de dos reinados en la Gaceta de Madrid (1700-1759), édité par M. Torrione, 1998.

[16] BNF, manuscrit français 22810, f. 356-357. La tradition voulait que les femmes enceintes pouvaient demander à voir le roi quand elles le souhaitaient, cf. Mme d’Aulnoy, La cour et la ville de Madrid vers la fin du XVIIe siècle, 1874-1876, I, p. 300.

[17] Ministères des Affaires Etrangères correspondance politique, Espagne (MAE, CPE), t.96, f.20-23, Louville au duc de Beauvilliers, San Sebastian, 27 janvier 1701.

[18] MAE, CPE, t.88, f.215, Harcourt à Louis XIV, Madrid, 7 avril 1701.

[19] Marie-Anne de la Trémoïlle, princesse des Ursins (1641-1722).

[20] Sur ce personnage, cf. C. Désos et P. Vάzquez Gestal, « Allonville, Charles-Auguste d’, marquis de Louville », VV. AA., Diccionario Biogrάfico Español, Real Academia de la Historia, Madrid, vol. 3 (2009), pp. 21-24 et J-P. Le Flem, art. « Louville », Dictionnaire du Grand siècle, p. 911.

[21] Duc de Noailles, Mémoires politiques et militaires…, par M. l’abbé Millot, 1777, I, pp. 320-231.

[22] Sur ce thème, cf. Ch. Frostin, « Les Pontchartrains et la pénétration commerciale française en Amérique Espagnole, 1690-1715 », dans Revue historique, 245 (janv-juin 1971) pp. 307-336.

[23] MAE, Acquisitions extérieures, t. 2, f. 296, Torcy à Louville, 24 mai 1701.

[24] Sur l’obligation qu’eut Philippe V de faire appel à des Français, cf. D. Ozanam, « La restauration de l’Etat espagnol au début du règne de Philippe V (1700-1724) : le problème des hommes », Philippe V d’Espagne et l’art de son temps, 1995, pp. 79-89.

[25] Jean Orry (1652-1719). Son fils Philibert, plus connu que son père, sera contrôleur général du roi de France.

[26] Comme le souligne Didier Ozanam : « La France dut se charger à la fois des opérations militaires et de la réorganisation de l’armée espagnole », Historia de España, R. Menendez Pidal (dir.), t. 29, vol. 1 (1985) p. 508.

[27] De par son intérêt pour la politique étrangère, J. de Pontchartrain usait de ses agents et commis de marine comme d’espions, entretenant une double correspondance officielle et privée. Ces lettres éclairent d’un nouveau jour la vie de cour à Madrid qu’on y trouvait relatée avec précision (cf. série B7, fonds Marine aux archives nationales).

[28] Les cabales entre Français sont bien connues et ont été racontées par le menu par A. Baudrillart, Philippe V et la Cour de France, 1890-1901, vol. 1. Il s’agissait de luttes d’influences entre Mme des Ursins, les ambassadeurs successifs Gramont et Estrées (l’oncle puis le neveu), Louville et le confesseur Daubenton. Ce n’est qu’en 1705, avec l’arrivée du marquis d’Amelot que les choses s’aplanissent, cet ambassadeur ayant une réelle connivence avec la princesse des Ursins et Jean Orry restés maîtres du champ de batailles. Cf. Chapitre 7 de L’entourage français…, intitulé : « Société de cour, société de cabales. Les rivalités autour de Philippe V, cause du déclin français », pp. 281-325.

[29] René Carlier travailla aux aménagements du Buen Retiro et de l’Alcazar de Madrid ; René Frémin élève de Girardon et Coysevox ou Jacques Bousseau, élève de Coustou, œuvrèrent à San Ildefonso ; Miguel Ange Houasse ou Jean Ranc firent des séries de portraits royaux, etc. Cf. Y. Bottineau, L’art de Court dans l’Espagne de Philippe V, 1700-1746, 1962 et le catalogue d’exposition : El arte en la corte de Felipe V : del 29 de octubre de 2002 al 26 de enero de 2003, Palacio Real de Madrid, Museo Nacional del Prado, Casa de las Alhajas, Madrid, 2002.

[30] Dans le livre de Ruth Clark, Lettres de Germain Vuillart ami de Port-Royal à M. Louis de Préfontaine (1694-1700), Genève-Lille, p.399, nous pouvons lire dans une lettre du 9 décembre 1700 : « Si l’on s’opiniâtrait à vouloir soutenir le P. Daubenton, jésuite, pour confesseur, cela (pourrait) causer du trouble (…) Les Espagnols sont assez jaloux de leurs coutumes, et les autres religieux assez jaloux de leurs avantages qui sont passés en lois par un long usage. Les dominicains sont en possession de confesser les rois, les franciscains de confesser les reines et les infantes, les augustins les infants… ».

[31] Ce à quoi le P. Daubenton travailla avec succès en contribuant à l’arrestation du P. Quesnel le 30 mai 1703 à Bruxelles, cf. C. DESOS, La vie du R.P. Guillaume Daubenton…, p. 54 et sq.

[32] Louville, Mémoires secrets sur l’établissement de la maison de Bourbon en Espagne, 1818, I, p. 53.


Publication originale : Catherine Désos, « Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne, 1700-1724 », dans Collectif, Actes de la XIXe session du Centre d’Études Historiques (12 au 15 juillet 2012) : Royautés de France et d’Espagne, CEH, Neuves-Maisons, 2013, p. 193-231.

Consulter les autres articles de l’ouvrage :

Préface, par Monseigneur le Duc d’Anjou (p. 5).

Avant-propos. Le vingtième anniversaire du Centre d’Études Historiques, par Jean-Christian Pinot (p. 7-8).

De la Visitation au Centre de l’Étoile : quatre siècles de présence religieuse au Mans, par Gilles Cabaret (p. 37-41).

Le baron de Vuorden. De la cour d’Espagne à la cour de France, par Odile Bordaz (p. 43-55).

► La rivalité franco-espagnole aux XVIe-XVIIe siècles, par Laurent Chéron (p. 73-92) :

► Les mariages franco-espagnols de 1615 et de 1660 ou le deuil éclatant du bonheur, par Joëlle Chevé (p. 93-114) :

L’Espagne vue par l’Émigration française à Hambourg, par Florence de Baudus

► L’Affaire de Parme ou la mise en œuvre du pacte de famille face à la papauté (1768-1774), par Ségolène de Dainville-Barbiche (p. 135-150).

« Carlistes espagnols et légitimistes français », par Daniel de Montplaisir (p. 151-177).

« Blanche de Castille et les sacres de Reims », par Patrick Demouy (p. 179-192).

« Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne, 1700-1724 », par Catherine Désos (p. 193-231).

Consulter les articles des sessions précédemment publiées :

Articles de la XVIIIe session (7 au 10 juillet 2011) : 1661, la prise de pouvoir par Louis XIV

Articles de la XXe session (11 au 14 juillet 2013) : Les Bourbons et le XXe siècle

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