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De l’importance d’avoir sa chapelle – la fidélité est clef !, par Paul-Raymond du Lac

Notre tempérament irrémédiablement moderne, même chez les plus tradis, nous a habitué à être des pique-assiettes indépendants et individualistes. Nous nous battons évidemment contre cette tendance, mais le mauvais naturel moderne n’est jamais loin, et nous avons à veiller particulièrement sur notre mauvais esprit d’indépendance, si dangereux pour « faire société » et restaurer intégralement nos sociétés naturelles.

Cet esprit d’indépendance moderne est aujourd’hui la règle absolue, résultante d’un libéralisme intégral (je décide librement, donc je suis) : peu importe ce que l’on choisit, tant qu’on l’a choisit, et peu importe l’action ou l’ordre sous-tenant telle ou telle directive, tant que je consens.

Il est ainsi très compliqué pour le moderne de se plier à l’autorité, au supérieur, au chef, au père, au roi, au prêtre, dans leurs domaines respectifs. J’allais dire aussi au médecin pour les questions du corps physique…nous avons ici l’exemple d’une autorité qui se décrédibilise, comme d’ailleurs comme pour les autres autorités qui ont joué le jeu de la révolution en agissant mal et contre leur propre autorité…accentuant la rébellion et justifiant l’esprit d’indépendance…cela ne change pas le fait que, malgré la difficulté parfois insigne de respecter une autorité qui objectivement en abuse, et à laquelle il faut donc résister, mais sans la nier ni se rebeller… C’est tout notre art de prudence fidèle que nous prônons chez les légitimistes : intégralement fidèles et traditionnels sans être ni aveuglément obéissants (obéissance servile) ni rebelles, frondeurs ou, pire, déserteurs.

Nos temps, en effet, fait en réalité pire que la rébellion ou la fronde : elle a produit des légions de déserteurs ! Sous couverts de libéralisme légitimant l’esprit d’indépendance, le moderne contemporain ne cesse, en fait, de lâcher toutes les barques sur lesquels il est…pour aller on ne sait où…ou plutôt pour plonger dans l’océan sombre, mer de larmes, pleins de dangers…

Le moderne se démet ainsi : changement d’entreprise, changement d’association, nouveauté pour mieux s’échapper dès qu’il faut commencer à donner des efforts et souffrir – car, partout et de tout temps commencer est facile, persévérer est difficile et demande toujours de grands sacrifices, quel que soit l’œuvre, la vocation, le temps ou le lieu.

Cet esprit libéral menant à l’esprit d’indépendance, qui justifie en pratique la lâcheté du déserteur, la crainte servile de celui qui se démet, la perfidie du saboteur quasiment traître – mais qui n’a pas le courage de trahir franchement et de se déclarer comme ennemi, le plus souvent – est si présent dans notre société contemporaine qu’elle atteint même la seule société où, normalement et naturellement, il est très difficile de déserter : la famille.

Normalement, la famille est une société naturelle qui, même dans le cadre d’une société barbare comme la nôtre, ou d’autres plus anciennes, n’ont plus une institution du mariage en ligne avec la loi naturelle, les liens du sang font que, quoi que l’homme veuille, son père reste son père, sa mère reste sa mère, ses fratrie idem et ses femmes (le pluriel est fait exprès…) et enfants aussi.

Et pourtant, par le divorce, et la volonté d’instituer des liaisons contre-nature comme légitimes, le moderne, en pratique, ne cesse de déserter même la cellule la plus fondamentale de la société humaine.

Enfants, foyer ? Tout cela à peine construit, que les pères et les mères commencent à s’ennuyer, ou à avoir peur plutôt, et ils jettent tout : divorce, remariage et dégâts en tout genre. L’inconséquence est parfois atterrante : alors qu’il est évident que ce genre de désertion ne va que créer des problèmes immenses, à commencer par le déserteur lui-même (ne lui demandons pas encore de respecter son sentiment naturel d’aimer ses enfants et son conjoint), le moderne se démet quand même…provoquant sa propre perte. Il faut le constater dans la réalité autour de nous pour croire que ce genre d’inconséquence stupide, cette absurdité est possible : il faut bien le libre-arbitre humain pour décider d’aller si frontalement contre la raison… Même dans sa barbarie l’homme démontre bien qu’il reste un homme…

L’esprit d’indépendance poussé jusqu’au refus de se soumettre même à sa raison et, pire, à son propre intérêt.

Nous en sommes là de cet esprit d’indépendance, si abouti qu’il est en train de dissoudre même les familles – ne parlons pas de l’esprit de famille, dissous il y a longtemps.

Il est ainsi évident, pour tout contre-révolutionnaire qui se respecte, que cet esprit d’indépendance résultante du libéralisme, justifiant nos lâchetés, est l’ennemi No.1 à abattre en prenant son contre-pied pour pouvoir restaurer : et en bon chrétien on sait qu’un vice ne se supprime qu’on lui substituant une autre habitude, si possible vertueuse, au moins indifférente. Un alcoolique qui veut arrêter de boire fera mieux de commencer par boire n’importe quelle liquide qui n’est pas de l’alcool plutôt que de couper sans remplacer, car sinon sa rechute est quasiment nécessaire.

Pour le moderne, alcoolique du libéralisme et enivré d’esprit d’indépendance, il faut combattre fort cette dépendance. Qu’est-ce qu’un contre-révolutionnaire ? Un alcoolique de ce type qui a conscience de sa dépendance, et qui travaille à s’en sortir : car ne croyons pas, ce serait du puritanisme méconnaissant la réalité humaine et remplis d’orgueil, que nous ne sommes pas atteints par le mal ! Comme tout le monde, à des degrés peut-êtres certes divers (encore que, les saints étant rares aujourd’hui, cet esprit peut être plus ou moins subtils selon les personnes, et la civilité, mais absent, jamais), nous sommes atteints.

Alors la contre-révolution, la restauration, vise à déraciner ce mal de l’esprit d’indépendance, et cela fait mal à l’ego et l’amour propre. Ce travail de désintoxication, comme toute forme de dépendance, est un travail de longue haleine, avec des souffrances morales mortifiantes : mais pour un bien si supérieur ! Un bonheur si supérieur ! Et une véritable nécessité pour éviter tant son auto-destruction, que la destruction des communautés politiques auxquelles nous appartenons, à commencer par la famille, puis la chapelle.

Pour se battre pour la restauration tuons ainsi en nous toute forme de libéralisme et d’esprit d’indépendance. Comment faire ? Apprenons à poser des actes d’obéissance et de docilité. Mieux : apprenons à être fidèle !

D’abord avec son époux ou sa femme, puis ses enfants et ses parents, et ensuite avec sa chapelle.

Et j’en viens au sujet, à strictement parler, de cet article : apprenons à être fidèle à notre chapelle ! Nous savons que la situation est parfois compliqué, nous savons aussi que les circonstances sont diverses : la décision prudentielle appartient à chacun, et chaque décision est singulière. Il s’agit ici de donner simplement des principes généraux sur ce plan : de principe, il faut appartenir à une chapelle comme à un corps politique familial. C’est la famille des baptisés, mais pas que : c’est aussi la société politique primaire après la famille où l’on se nourrit de la fois, où l’on exerce la charité et la correction fraternelle, où l’on s’encourage à la sainteté même dans les épreuves, et surtout dans le choc des caractères différents. Comme dans toute famille, tout ne va pas toujours bien, ni ne se passe comme « un long fleuve tranquille » : et c’est normal ! La vie est dure, la vie est un combat : ce combat se retrouve partout, en nous-mêmes, dans nos familles, dans nos communautés politiques. S’y frotter, et ne pas déserter à la première difficulté, s’y soumettre dans toutes les matières indifférentes et qui n’impliquent pas de péché (sachant ainsi se remettre à sa place de subordonné, et non de chef qui décide) c’est déjà l’exercice de la mortification de cet esprit d’indépendance. Ce n’est jamais agréable, c’est parfois pénible, surtout pour le moderne, mais c’est nécessaire : seuls, nous ne sommes riens, nous ne pouvons rien, nous ne ferons rien de véritablement restaurateurs.

La chance que nous pouvons avoir dans ces sociétés politiques fondamentales que sont la famille et la chapelle c’est que, dans le monde légitimiste et traditionnel, nous avons quand même des chefs de qualité, et, mieux, des personnes de bonne volonté, des contre-révolutionnaires qui reconnaissent leur état d’intoxication et qui veulent donc s’en sortir.

Pas de puritanisme, ni de perfectionnisme ! Les hommes sont pêcheurs : nous ne sommes pas ces libéraux modernes qui veulent croire au monde rose, parfait et bisounours des lendemains qui chantent ! Nous savons que nous sommes dans la fange, et le beau diamant de la nature humaine faite par Dieu est dans enkysté dans une cosse épaisse de crasse. C’est comme cela, et c’est plutôt rassurant de faire partie de la famille de Jésus, et d’une incarnation locale de son corps dans une chapelle où l’on peut s’aider mutuellement, s’encourager, relever et se faire relever, corriger et se faire corriger, pour mieux atteindre une restauration intégrale.

Alors disons-le clairement : la fidélité n’est pas négociable ! Il faut vous décider pour une chapelle, et vous y accrocher !

Il est insupportable de voir des saboteurs libéraux pratiquant l’adultère spirituelle en allant communier à tous les râteliers ! Outre de compliquer inutilement les relations humaines, de se mettre en retrait partout pour juste son petit intérêt spirituel et ralentir tout œuvre de restauration tant religieuse que politique, c’est d’une lâcheté indigne de fidèles de la tradition !

Vous êtes comme des nobles spirituels : vous êtes l’élite rare qui a eu la grâce – qui ne vient pas de vous, car comme la noblesse de sang par la naissance, vous êtes devenus traditionnels et légitimistes grâce à la Providence – de se convertir, et de profiter des meilleurs fruits de notre civilisation et de la chrétienté. Saboter, déserter, se démettre, ne pas combattre ainsi l’esprit libéral dans ses actions, et parfois se permettre de jaser à tout va contre la déchéance de tout et de tous, voir contre tel ou tel pasteur (malgré ses défauts, mais nous sommes tous des hommes) plutôt que d’agir contre cette déchéance ou remontrer discrètement pour améliorer en pratique la situation, tout cela est une honte indigne et ingrate : c’est déroger à son rang noble de chrétien, fils adoptif de Dieu, racheté de l’esclavage du démon !

Vous avez été libéré, c’est pour vous soumettre aux exigences de votre rang d’élite chrétienne : il ne faut pas en profiter, il faut se battre à mort pour le bien commun, et payer notre impôt de sang spirituel !

Alors travaillons à la fidélité ! En pratique à la fidélité dans nos familles, puis à nos chapelles – fini de manger à tous les râteliers ! – et à nos groupe politiques (pas les partis évidemment, mais les vrais cercles politiques).

Nous savons que la tentation est forte de déserter aujourd’hui, et les bonnes raisons sont toujours légions : quand dans la vie moderne, la chapelle, et à plus forte raison le cercle royaliste, n’occupe qu’un temps réduit dans la semaine et les relations humaines, on peut facilement « oublier » son appartenance charnelle à ce corps…

Alors, connaissant cette situation de fait, travaillons à augmenter et améliorer l’incarnation de nos chapelles et de nos groupes, et tavaillons soi-même à redoubler de fidélité qui n’est plus ni encouragée ni facilitée par les circonstances de la vie moderne.

Travaillons en tout cas toujours à travailler guider par la providence, et ne pas prendre de décision sous notre propre fait et par amour propre.

Dans le doute, il vaut mieux s’accrocher, s’il faut partir la providence vous le fera comprendre, mais ne sous-estimez votre rôle dans la restauration : votre fidélité est acte contre-révolutionnaire inestimable, une pierre d’achoppement pour le mal qui n’a plus de prise.

Finissons par une dernière remarque, qui a son importance.

Être fidèle à une chapelle n’a rien à voir avec la guerre des chapelles : au contraire !

Comme pour le juste amour de la patrie, il faut savoir aimer justement sa chapelle : on la préfère en affection car c’est notre famille, mais ni en estime ni en respect. En chrétiens on reconnaît et admirons les autres chapelles catholiques, frères dans la fois et mêmes héritiers du Ciel que nous. Nous sommes comme des phalanges et des régiments différents, et qui ont chacun leur vie de régiment et leur lieutenant, mais qui se battent ensemble dans la même armée.

La fidélité à sa chapelle, irriguée par la Foi et la charité, est une aide immense pour justement éviter les déplorables guerres de chapelles fratricides, les divisions (du démon) et les déchirements.

Unissons les clans en assumant notre fidélité et notre charité, dans une bonhomie virile crevant les abcès tranquillement dans la charité fraternelle, et dans la confiance de la bienveillance, du pardon et de la grâce divine !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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