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Vive la guerre !, par Paul-Raymond du Lac

« Ô Marie, Vierge puissante, Vous, grande et illustre citadelle de l’Église ; Vous, secours merveilleux des chrétiens ; Vous, terrible comme une armée rangée en bataille ; Vous qui seule avez détruit toutes les hérésies dans le monde ; dans nos angoisses, dans nos luttes, dans nos tristesses, deéfendez-nouscontre l’ennemi, et à l’heure de notre mort accueillez notre âme au paradis. » (Saint Jean Bosco)

« Vive la guerre », c’est osé, voire scandaleux…diront certains. Et pourtant, ce mot est aujourd’hui à la fois important dans le monde bisounours des « boomers » comme on dit (ce qui ne les empêche pas, au contraire, d’être d’autant plus cruels qu’ils sont bisounours) et banal vue la violence à tous les étages, physiques et morales : soit on lutte soit on meurt aujourd’hui (et si ce n’est pas encore physiquement, c’est certainement moralement, en abdiquant son devoir de père, de citoyen, de chrétien par exemple ; ou encore par l’ostracisme, les compromis, pire par la servilité conformiste à toute loi et règlement).

Alors qu’est-ce dire que clamer « vive la guerre ! » ?

C’est deux choses :

1.Rappeler notre réalité fondamentale sur cette terre, qui est une lutte sans trêve : d’abord contre nous-même et notre désordre intrinsèque du au péché originel. Nous nous battons sans cesse contre nos mauvais penchants, et contre les tentations, et contre le mal, que nous aimerions éviter mais que nous commettons, encore et encoure, pour un faire le bien, que nous voyons, mais que nous fuyons.

Il est important de rappeler cette réalité de lutte totale, à laquelle se rajoute la lutte eschatologique de Dieu et ses légions d’anges contre les démons, qui nous attaquent sans cesse, nous les chrétiens – selon l’image célèbre, un monastère est envahi de démons qui tentent les saints moines, là où dans le monde païen ou tiède, les démons sont rares et oisifs : ils n’ont pas besoin de perdre des gens qui se perdent eux-mêmes !

« Auguste Reine des cieux et maîtresse des Anges,

Vous qui avez reçu de Dieu

le pouvoir et la mission d’écraser la tête de Satan,

nous vous le demandons humblement,

envoyez les légions célestes pour que, sous vos ordres,

elles poursuivent les démons, les combattent partout,

répriment leur audace et les refoulent dans l’abîme.

Qui est comme Dieu ?

O bonne et tendre Mère,

vous serez toujours notre amour et notre espérance.

O divine Mère, envoyez les Saints Anges

pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi.

Saints Anges et Archanges, défendez nous, gardez nous.

Auguste Reine des cieux et maîtresse des Anges. » (Père Cestac)

Le désordre de notre nature blessée créé ainsi cette lutte pour la restauration de notre ordre naturel et surnaturel (nous sommes faits par Dieu pour Dieu) : cette lutte consiste essentiellement à laisser faire la grâce, à abattre les obstacles dans notre âme à son œuvre et à vivre vertueusement de façon intégrale. Première restauration.

Mais ce désordre de notre nature va se répandre dans tous les pans la société humaine, politique et religieuse : la lutte s’étend ainsi partout dans la société, dans nos sociétés politiques, car on n’a jamais fini de restaurer l’ordre voulu par Dieu dans le mariage (et le nôtre d’abord), dans les religions (au sens ancien des ordres religieux), dans toutes les sociétés politiques que sont la paroisse, le village, le groupe d’action politique (pas le parti).

Et cette lutte passe d’abord par l’ordre d’une « armée rangée en bataille » : un corps politique constituée avec sa tête, et qui bouge comme le veut la tête pour la victoire ! Le corps politique royale, le corps mystique de Jésus-Christ a cette particularité, difficilement imaginable avec l’analogie corporelle, que ses membres ont une volonté et une intelligence, et un libre-arbitre qui leur permet d’obéir encore mieux aux plans du général… Comme une véritable armée, chaque régiment, chaque escouade, avec son chef particulier, doit savoir prendre des initiatives quand il le faut, et pour le bien de la victoire finale, en accord avec le plan du chef de l’armée, des objectifs de guerre, et des règles de l’honneur.

Alors, oui, disons-le vive la guerre ! Car cette réalité de la lutte totale dans laquelle nous vivons, du combat terrible et acharnée, est occultée par la modernité, qui veut l’effacer et la recouvrir d’un voile pudique : pour les bisounours modernes, la guerre n’existe pas, nous sommes encore comme avant la Chute, et tout le monde se fait des « bises »… Pas besoin ni d’autorité, ni de justicier alors, car, tout le monde étant « gentil », pas besoin ni de punitions, ni de contraintes, mais que des récompenses.

Tout cela est faux évidemment, et notre réalité se charge de nous le démontrer par les faits. Et contre les faits pas de discussions ! Nous vivons en ce sens un heureux temps où la perfidie des Lumières ou des révolutionnaires, qui profitaient de temps très chrétiens et des fruits d’une société harmonieuse, ont pu faire croire que la lutte n’était plus nécessaire, que la guerre n’existait pas, que ni le diable, ni le méchant n’existaient vraiment, que l’autorité protectrice et bienfaisante n’étaient donc jamais nécessaires, et même dangereuses puisque, par un retournement dialectique impressionnant, les révolutionnaires de tout poil vont dire que toute autorité est intrinsèquement tyrannique, donc il suffit de supprimer tout autorité pour retrouver la société parfaite démocratique ! Et en détruisant toute autorité, on détruit tout ordre par la suppression des chefs, et donc toute recherche de bien, et toute préparation à la guerre que nous vivons pourtant… Les dégâts sont là, aujourd’hui, dans la société démocratique et égalitaire : tout le monde, sans le dire, se fait la guerre avec une violence terrible et en prenant comme ennemi le mauvais ennemi (qu’ils font semblant de ne jamais nommer). Nous ne nous battons ni contre le vice, ni contre le péché, ni contre le démon, ni contre le méchant, mais la démocratie libérale révolutionnaire se bat contre la vérité, tout bien commun, à commencer par le bien suprême qui est Dieu, et le beau…

Alors ouvrons-les yeux sur cette guerre qui est en cours, et voyons ce que nous y risquons : perdre notre âme ! Alors il faut se préparer, devenir le chevalier de l’armée du Roi des rois, sous le commandement de la reine de l’univers, et travailler à fourbir ses armes, rosaires, prières, sacrifices et jeûnes. C’est viril, c’est-à-dire vertueux (selon l’étymologie).

Le moderne amorphe croit qu’il est hors de cette guerre : il se trompe, c’est un déni de réalité qui ferme les yeux sur ses propres déchéances et son combat intérieur. C’est encore une volonté de « faire l’autruche » et ne pas voir ce qui se passe partout. La naïveté d’une jeunesse qui n’a rien vécu et qui n’a pas été enseigné en dehors du sournois rousseauisme ne peut pas durer plus de quelques années devant la dure réalité – et si elle dure c’est qu’il y a un aveuglement forcément volontaire dans une certaine mesure.

Ce déni de réalité est catastrophique : vous avez des masses de combattants amorphes qui refuse le combat, et qui se trouvent dans le « no man’s land » des deux armées. Ils se font broyer et tirer comme des lapins…

Pire, pour les baptisés, qui sont de facto incorporé dans l’armée de Dieu, comme des non-baptisés qui sont de facto enchaînés au joug de Satan et robots de son armée, ne pas se battre c’est déserter, ce qui aggrave la faute. Pire : ne pas se battre pour Dieu, c’est déjà se battre de facto pour Satan, le désordre et le péché…

Alors sortons vite de ce faux et perfide lieu interlope pour intégrer notre régiment, là où Dieu nous appelle, que ce soit dans les corps d’élite des ordres religieux, dans les écoles militaires spirituelles que sont la pratique des sacrements et la vie de paroisse. Peu importe : nous avons tous notre place, de l’estafette aux forces spéciales, du soldat du rang au général, de l’état-major stratège au cuisinier.

2.Il y a une seconde raison. La guerre ouverte est une école de réalisme et de grandes vertus. Je parle ici de la guerre réelle aussi bien que spirituelle : les grandes nations guerrières, par force, cultivent des règles de l’honneur (qui peuvent être erronées et exagérées, mais qui ont le mérite d’exister), un ordre dans l’entraînement et le combat (car sinon on est vaincu et on se fait massacrer) et une culture des vertus naturelles comme le courage, la force, la franchise et la fidélité (car sinon on se fait massacrer).

L’ordre d’une armée rangée en bataille est « beau » : ce n’est pas pour rien que tant de films et jeux contemporains, connaissant cette beauté, ne se privent pas pour présenter d’immenses batailles chevaleresques, où même les méchants sont comme « forcés » dans leur méchanceté même de démontrer un certain ordre – car sinon ils sont défaits même avant d’ouvrir le combat.

Il est un fait que les grandes nations guerrières, plus ordonnées dans leur désordre même par la formation de corps politiques « féodaux » très puissants, soudés par des liens quasi-naturels (qui se veulent aussi fort que le lien de sang souvent) de fidélité et de corps travaillant tout ensemble pour le bien commun naturel de sa communauté : la victoire et la protection, la gloire du chef qui retombe sur tous, comme son bonheur aux armes, dont tous profite, autant que tous se retrouvent victimes et malheureux du joug de l’ennemi en cas de défaite…

Il est encore un fait que ces nations guerrières, comme par exemple le Japon féodale, mais encore la Rome impériale ou la Gaule celtique, sont plus aptes à se convertir et se sont convertis au Christ : car, quel que soit leur degré de « civilisation », de violence ou de barbarie, le fait d’être confronté à la mort, d’aimer l’ordre et les vertus naturelles, tout en connaissant les infranchissables limites d’une nature déchue (ses propres limites d’une part, mais aussi la conscience aiguë de la fragilité de notre existence et de notre décrépitude, plus le dégoût qui ne peut qu’arriver devant tant de massacres,de violence et de dureté) font même chez les plus orgueilleux et fiers guerriers comme une fissure d’humilité, qui peut faire éclater le masque d’orgueil en un instant et permettre la conversion.

Il est bien plus difficile à la foi, dans une société de type totalitaire sans guerrier, qui aime le commerce, l’argent et la fausse paix du « pas de vague », de s’introduire : tout est beaucoup plus contrôlé, moins franc, moins réaliste, et les orgueils plus subtils et plus profonds…autant d’obstacles à de vrais conversions.

Au moins, dans la guerre, on sait qui se bat contre qui, et on sait qu’on peut faire la paix : mieux, on respecte son ennemi, car nous savons nous mêmes ce qu’il en coûte de se battre, de s’entraîner, de respecter les règles de l’honneur. Le respect de l’ennemi peut vite se transformer, avec la christianisation, en charité pour l’ennemi…

En tout cela, je n’ai parlé que de guerres païennes, dures et terribles : en terres chrétiennes avec une guerre juste, une chevalerie catholique et un effort de tous pour vivre en bons chrétiens, même la guerre physique se christianise entre chrétiens, et devient une simple extension de la justice, contre un frère que l’on corrige et non plus contre le barbare qu’il faut exterminer – ou, mieux, on se bat aussi pour son ennemi car il survit, et il n’est plus simplement le barbare à réduire en esclavage ou à coloniser (vision que l’impérialisme contemporain a ressuscité, avec la révolution d’abord au niveau européen ; la modernité c’est tout simplement le retour de l’ordre païen contre l’ordre chrétien ! Avec toutes ses duretés…).

C’est un autre monde, la restauration de la lutte juste contre le péché, pour Dieu, contre le démon, pour la justice et en charité sans les scories de la nature déchue : ce sera le sujet d’un autre article un autre jour.

Quoi qu’il en soit, la guerre, le combat, la lutte fait partie intégrante de notre réalité quotidienne, et de notre réalité humaine : nous sommes sur et dans un champs de bataille total, et la guerre est totale.

Sachons-le et prenons les mesures qui s’imposent pour bien se battre, plutôt que de se laisser massacrer.

Et quitte à se battre, battons-nous comme le veut Dieu, pour lui, et contre nos mauvais penchants et notre désordre intérieure, et les désordres de nos sociétés politiques : là est le bon combat.

Car, sachant que la guerre est là, et qu’il faut la faire, autant la faire chrétiennement pour éviter que les guerres païennes, dont le vingtième siècle est comme une caricature aggravée par l’apostasie générale, ne se reproduisent encore…

Et si nous aurions pu aller au ciel sans se battre dans un monde sans le péché originel, ce n’est plus le cas : nous avons à nous battre, c’est comme cela, c’est un fait et une réalité, aussi terrible soit elle. Mieux, le bon Dieu nous a donné les capacités naturelles de nous battre – l’homme païen sans la révélation le démontre suffisamment dans l’histoire – mais nous, ses fils adoptifs, nous avons encore surajoutés les armes de la grâce, et le doux réconfort, dans les peines, les fatigues, les épreuves, les larmes et les souffrances, qu’un bon Père miséricordieux nous regarde et soutient notre bras – et, pour ceux qui sont allé dans le camps adverse (ce que nous avons forcément tous fait un jour ou l’autre…il ne faut pas se voiler la face), nous savons que ce bon père nous ouvre toujours les rangs de sa légion.

Et nous savons que la vrai victoire chrétienne sur l’ennemi n’est pas son extermination, mais bien sa conversion : la chrétienté est-t-elle autre chose ? Quand l’immense majorité des hommes dans un temps et un lieu donné sont dans l’armée du Christ, les quelques méchants irréductibles ne peuvent plus agir, et ne peuvent plus former une armée, ni agir au grand jour : la paix se fait par manque de combattants adverses, sachant que les démons, s’ils se battent, ont déjà perdu, sont impuissants à fléchir notre volonté, et sont là pour nous donner l’occasion de mériter !

Oui alors vive la guerre !

Car à la guerre, on mérite, on peut faire des exploits, on peut mourir pour le chef que l’on aime, pour le Roi des rois, et participer, aussi faiblement soit-il, à sa gloire éternelle !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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