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[Ex-Libris] « Sire » de Jean Raspail

Jean RASPAIL, Sire, Le Livre de Poche, Paris, 2001

Ce roman fut écrit dans un temps qui semble lointain, 1991 : si la situation matérielle et objective de la France n’était pas encore aussi catastrophique qu’aujourd’hui, son état moral l’était bien plus. Pas encore de manif pour tous, ni de motu proprio summorum pontificorum. Le Prince Alphonse venait de décéder violemment, peu après le dauphin laissant son fils cadet, devenu Louis XX, seul devant une tâche si importante, celle d’être roi. Fini les derniers feux du gaullisme, si certains avaient encore des illusions, fini la parole en politique, dégringolade de l’éducation et des mœurs. Accélération de l’immigration.

Cette situation assez désespérée se ressent dans l’écriture de ce roman, Sire, où Jean Raspail renoue avec ce qui fait tout le charme de ses romans : une aventure épique spirituelle. La croisade aux temps modernes. Les chevauchées héroïques au vingtième siècle. Les miracles et la Providence s’imposant tout en finesse.

Nous apprenons de plus beaucoup d’éléments historiques sur le sacre – cela aurait presque était une bonne idée de mettre quelques notes ou références pour permettre au lecteur intéressé d’approfondir, et de s’assurer les fondements historiques, dans ce roman bien documentés.

Nous touchons aussi à une certaine économie providentielle qui touche juste, ainsi que la description de la sainteté, qui passe souvent par les enfants d’une part, mais aussi par les très anciens – l’évêque de Reims retiré qui va reprendre son siège pour le jour du sacre en particulier. L’atmosphère qui se dégage est celle que l’on aime : l’enquête du ministre de l’intérieur qui, malgré lui, se convertit devant tant de blancheur et de pureté, en contraste avec ce jésuite défroqué indic, qui refusera la conversion jusqu’à la fin, pour son malheur.

Tout est fait pour ne pas identifier le prétendant, mais la providence parle-t-elle ? Des jumeaux, jeunes, plus que pieux, ne cherchant que la gratuité dans toutes les actions, avec un père qui est mort jeune ?

L’important n’est pas là : il est plutôt dans l’ambiance essentiellement juste du roman, qui nous donne des indices sur un certain état esprit du cœur pur et fidèle, tout simplement, à son roi et à son Dieu – ajoutons-y la raison et alors nous serons invincibles. Cet état de prière qui est si intense qu’elle en devient action d’elle-même, dans un réalisme bien incarné.

L’église conciliaire en prend aussi pour son grade dans ce roman, retranscrivant bien l’atmosphère de l’époque qui devait être bien étouffante. Tout en ayant le tact de mettre en scène la conversion miraculeuse peut-on dire de ceux mêmes que l’on aurait cru les moins aptes à se convertir à revenir vers une foi royale et une foi tout court : le ministre de l’intérieur républicain et révolutionnaire, l’évêque moderniste, le grand capitaine d’industrie. Sans compter la collaboration complète de l’immigré de longue date qui aime son roi, et l’enfant malade guéri par le toucher du roi après le sacre.

Jean Raspail, fidèle à lui-même, ne veut pas savoir ce qui se passe après le sacre, et il fait en sorte que le passage du Roi soit presque comme providentielle, divin, en tout cas invisible et insaisissable. Souvent, on n’est plus tout à fait sûr qu’il existe ou pas, et les personnages entendent les cavalcades sans que personne ne puisse confirmer le passage du Roi qui comme échappe à la vue des profanes.

Retenons de ce roman un esprit qui touche juste sur certaines choses qui pourraient bien jouer un rôle essentiel dans la prochaine restauration de la France : la sainteté et le martyre, la conversion par le témoignage de gens qui n’auraient pas semblé de prime abord légitimiste (clergé conciliaire, ministres d’état, immigrés). C’est bien vu, beaucoup de choses se joueront de ce côté-là, à n’en pas douter.

Et le retour de la Foi et de la prière, avec l’action visible de la providence aux moments importants. Comme au temps de Clovis, l’intervention divine se fera aux moments opportuns.

Allons un pas plus loin néanmoins : ajoutons à la prière totale, l’action intégrale, dans nos moyens, et ensuite, à la grâce de Dieu. Sans cette grâce, rien ne se fera, mais il faut de bons instruments pour que cette grâce puisse agir dans le monde.

Et bizarrement, la situation actuelle, si plus difficile qu’il y a 30 ans, est plus propice à la restauration : renouveau de la foi, et de la foi de toujours, partout et pas seulement dans les paroisses traditionnelles, en particulier chez les jeunes, retour du réalisme bien incarné et de la conviction intransigeante et sûre d’elle tout en étant charitable. Potentiel de conversion immense et présence de notre bon roi qui nous montre l’exemple, qui a des jumeaux, qui a quatre enfants, qui est jeune, et qui est bien formé.

Approuvons l’idée de Jean Raspail : coûte que coûte le roi doit être sacré, dans le plan de la providence, et il faut prier pour que le Ciel nous donne les signes et l’occasion. Car ce sacre sera un commencement, ce sera aussi l’acquisition des grâces nécessaires pour une restauration intégrale. Seule la Providence connait ses propres plans, mais ne devrait-on pas commencer par tout préparer pour se diriger vers le sacre de notre bon roi ? Début nécessaire. Car un sacre ne s’improvise pas non plus, il faut être prêt, à la grâce de Dieu.

Les gens ont soif de vérité naturelle et surnaturelle : soyons de bons témoins ! Et nous-même travaillons à devenir de meilleurs sujets et prions toujours de plus en plus pour notre roi.

Alors vive le Roi !

Rémi Martin

Ex-Libris précédents:

Le Roi David par Dom Jean De Monléon

Être roi par Jean Barbey

La Révolution française par Philippe Pichot-Bravard

Charles X ou le sacre de la dernière chance par Landric Raillat

Le Sacre du Roi par Patrick Dumouy

Le Baptême qui a fait la France par Renée Mussot-Goulard

Le Roi, Mythes et symboles par Jean-Paul Roux

La Contre-Révolution sous la direction de Jean Tulard

Naissance de la nation France par Colette Beaune

La royauté et le sacré par Christophe Levalois

Histoire de France par Jacque Bainville

Histoire religieuse de l’Occident médiéval par Jean Chélini 

Écrits historiques de combats par Jean Sévilla

Le Vicaire du Christ par Roberto de Mattei

Le Roi au-delà de la mer par Jean Raspail

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