Littérature / CinémaSocieté

Cinéma. Avatar (2009).

Nous ne recommandons pas ce film, surtout pas pour les jeunes, car il est révolutionnaire.

Pourquoi faire une critique alors ? Car il parle de façon tout à fait symptomatique des croyances contemporaines instillées par les forces révolutionnaires en direction du grand public. Sans le dire, et bien habillé dans un voile de respectabilité esthétique.

Aux premiers abords ce film se présente bien : bien tourné, une aventure bien ficelée, sans trop de violence, ni trop de vitesse : nous sommes plongés dans un monde naturel de style forêt amazonienne qui pourrait faire penser à une apologie de la Création – mais sans son Créateur -, et malgré une vision apparemment simpliste du méchant colon qui va piller les ressources naturelles du pauvre primitif, la peinture des caractères et des situations est en fait un peu plus complexe et réaliste, avec des dits primitifs finalement très guerriers, et des capitalistes, certes pourris, mais tentant d’éviter l’extermination.

Je me souviens avoir vu ce film lors de sa sortie au cinéma dans ma jeunesse, un des premiers films dits 3D, avec les lunettes et tout, il y a de cela presque quinze ans je dirais, à une époque où je n’étais que médiocrement royaliste et tout à fait agnostique.

Je l’ai revu récemment avec mes nouveaux yeux de converti, et c’est impressionnant de se rendre compte que le plus choquant dans ce film est ce qui était en fait à première vue invisible pour le spectateur moderniste moyen.

Expliquons-nous : tout ce qui est véhiculé dans le film sur le fond est anti-catholique, assumé et, pire, rendu presque comme une évidence admise. Faisons-en une liste, non exhaustive :

– La mort est relativisée, et le fond doctrinal est clairement à la métempsychose ou au panthéisme, en fonction des moments. La mort du frère au début du film est effrayante d’asepsie : le cadavre posé dans une sorte de sac poubelle, étendu dans une sorte de carton, et regardé quelques secondes par le héros, sans sentiment, juste pour vérifier son identité. Tout le deuil est là, dans cette morgue aseptisée, et, sans coup férir, la boîte est enfournée dans un placard, qui est en fait un four, et le tout cramé en quelques secondes. Nous avons donc un encouragement à la crémation en plus d’une indifférence totale à la mort (même le deuil n’existe pas).

-Le délire prométhéen et transhumaniste est très présent. Le film fait croire que toute déficience physique , même les plus graves, peut être guérie, tant qu’on a les moyens. Et le centre de l’intrigue, qui consiste dans ce « transfert » d’âme par la science du corps d’un homme à son « avatar » extra-terrestre veut faire croire que, primo, on peut faire migrer l’âme (non seulement après la mort, mais même par la force de la science pendant la vie) et que, deuxio, le transhumanisme arrive à grands pas, avec l’homme augmenté déjà bien existant.

Ici le film n’est pas réaliste : la logique doctrinale est instillée en toute force, mais non représentée dans ses conséquences ultimes. Les « gens » continuent de se battre, presque comme dans une guerre classique, et les aspects totalitaires, tant du côté humain que dans la société primitive, « oubliés », comme si on pouvait rester libre dans ce genre de société. On comprend : si on dépeignait les conséquences véritables ce serait effrayant et repoussoir, personne n’irait voir le film… Alors on fait croire que l’on peut avoir toutes ces dégénérescences sans leurs conséquences…et là il y a un grand mensonge.

-Le délire environnementaliste et écologiste, avec cette société primitive idéalisée qui vit en communion avec la nature, revient à « Gaïa » après la mort et voit la Terre Mère comme son dieu, qui désigne d’ailleurs des élus et joue le rôle d’une providence « naturelle ». Nous voyons aussi la « communication des âmes »… Un peu plus, et on pourrait y voir un joli habillage du chamanisme et de l’encouragement à la possession (car la place de cet homme qui contrôle l’avatar, un tas de chair, fait bien penser à une possession par une âme immatérielle sur un corps matériel… sans compter une sorte d’indication implicite que l’on peut contrôler les pensées…)1.

– La société primitive est évidemment encensée, en passant sous silence – mais sans parvenir à les effacer complètement – la nature purement totalitaire d’une société sans vie privée, où tout est superstitieux et codé. Sans souligner non plus les mœurs cruelles que ne manquent pas de montrer ces sociétés ici et là, certes toujours ritualisés, mais souvent atroces – avec d’ailleurs un nombre bien faible de vieux, ce qui veut tout dire (car une société sans vieux montre bien qu’ils ne sont pas tendre, qu’on n’y survit pas longtemps, ou qu’on s’en débarrasse). Il est paradoxal, mais naturel, de constater que la société primitive redevient une sorte d’eldorado pour l’homme moderne individualiste : étant un animal social, et voulant être protégé, nous tendons au désir du totalitarisme poule, de la big mother, état Providence, avec des procédés superstitieux et magiques, qui sont certes irrationnels, mais ont le mérite de décharger les décisions qui ne sont plus prises par les hommes mais par on ne sait quoi… et qui donne une « sécurité » contre toute liberté, tant qu’on est « un des leurs ».

Sans le Christ et sa vérité, il est normal de tendre vers ce genre de syncrétisme relativiste sans limites et totalitaire…

– Le côté gnostique certain : les missionnaires de ce film sont les scientifiques contrôlant les avatars et apportant la bonne parole aux primitifs, dans une parodie ridicule des missionnaires catholiques, au point que ceux sont les primitifs finalement qui enseignent aux hommes… (mais en cela le film touche juste : la modernité décadente devra apprendre des plus primitifs les rudiments de la loi naturelle, même dans la douleur s’il le faut).

-Il y a évidemment la critique – assez rapide de façon étonnante, comme s’il fallait la laisser comme une sorte d’héritage des décennies précédentes ne portant plus vraiment dans le publique et ayant laissé la place à d’autres idéologies – du capitalisme et de la colonisation : mais les capitalistes, gouvernés par l’intérêt, ne sont pas dépeints d’une façon aussi noire qu’on pourrait l’attendre, et on n’efface pas non plus complètement la dangerosité des « primitifs » qui savent se défendre…

Bref, à ne pas montrer spécifiquement, mais disons que si vous l’avez vu, ou si vous connaissez quelqu’un qui l’a vu, ce film peut jouer un bon rôle apologétique intéressant : comme tous les éléments listés ci-dessus sont très habilement cachés, mais bien en évidence quand même, le faire remarquer peut faire prendre conscience à quelqu’un de bonne volonté du degré idéologique latent de toute notre époque…

Il est vraiment regrettable que ces outils perfectionnés, car le film, d’un point de vue cinématographique est vraiment bien fait voire beau, ne soit pas mis au service du Christ…

Nous vivons une terrible époque. Et le jour de la restauration, comme ferons-nous pour que ces poisons ne touchent pas l’âme de nos enfants ?

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Antoine Michel

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