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Les quatre ruptures révolutionnaires qui ont détruit la chrétienté, par Paul-Raymond du Lac

Les thomistes espagnols du vingtième siècle restent méconnus en France, et cela est bien dommage car, là-bas, la tradition intellectuelle n’a pas connu la rupture révolutionnaire ni la Réforme, ni les Lumières, et jusqu’au vingtième siècle de nombreuses institutions restaient vivantes et dépositaires d’une tradition issue directement du Moyen-âge.

Un de ces thomistes du vingtième siècle, et carliste fervent – et donc en ce sens très critique de Franco, vu comme un libéral – fut un des grands universitaires espagnols du vingtième siècle, et pourtant il nous est quasiment inconnu outre-Pyrénées. Il s’appelle Francisco Elias de Tejada Spinola.

Il ne s’agit pas ici de le présenter ou de raconter sa vie, mais simplement d’évoquer une de ces idées fondamentales : l’analyse des ruptures révolutionnaires qui ont amené à la destruction de la chrétienté et de l’avènement du monde moderne.

Il en voit fondamentalement quatre : trois que l’on dirait intellectuelles et/ou spirituelles, et une pratique.

Soit : le protestantisme, le machiavélisme, le bodinisme et l’ordre international issu de Westphalie. Je me propose de les analyser librement à partir des analyses de Tejada lui-même.

La réforme protestante voit la déchirure de la Tunique unie de la Chrétienté, qui aboutit à la fin de l’unité dans la Foi incarnée sous l’autorité du Vicaire du Christ, le Pape.

Cet ébranlement est évidemment décisif, car jusque-là aucune hérésie n’avait réussi à déchirer la chrétienté : la dernière majeure en date, les cathares, avaient été combattus efficacement.

Les hérésies protestantes viennent ainsi non seulement nier l’autorité du pape et la hiérarchie visible, mais aussi installe une grave erreur sur la grâce, qui divise nature et grâce, détruit la justice divine et l’économie de la Providence.

Le machiavélisme vient pervertir ensuite la façon d’aborder la politique de façon chrétienne : Jésus, avec le lavement des pieds en particulier, avait institué une nouvelle façon de faire de la politique où les chefs servent les subordonnés.

Machiavel vient mettre cela par terre et revient au vieux fond païen où tout ce qui compte c’est de se maintenir, ce sont des intérêts qui ne sont pas pour les subordonnés – ou , quand ils le sont, c’est par accident et pour d’autres intérêts bien compris.

Ensuite le bodinisme, qui aboutit en dernière conséquence à Hobbes et au contractualisme, sera repris par toutes les lumières, et forme la base des sociétés démocratiques de notre temps.

L’oubli de Dieu, et du fait que le souverain est son ministre, en quelque sorte, entraîne à rendre d’abord la volonté du souverain absolue (Bodin), puis il suffit ensuite d’oublier que le souverain doit être le Roi ou un monarque légitime, et l’attribuer à autre chose, le peuple en l’occurrence, pour que le contractualisme naisse des théories contractualistes, puisque c’est la volonté du peuple qui devient absolue (jusqu’à, avec la volonté générale de Rousseau, créer un état totalitaire, en théorie contractuel, mais avec un contrat dont personne ne peut plus sortir. On revient aux tyrannies antiques, mais sans tyran identifiable)… Fini l’incarnation, fini l’organicisme du corps politique.

Enfin, l’ordre de Westphalie, rupture pratique, vient mettre un terme à la gestion chrétienne des relations internationales, puisque le pape ne devient plus l’autorité régulatrice et pacificatrice, mais un parmi d’autres – malgré l’importance qu’il garde de facto. Les différentes « nations » sont ainsi légitimes à ne chercher que « l’intérêt national », très temporel, très « vieil homme », là où sa seule fin ne devrait être que la perfection de son peuple, le service de Jésus-Christ, et le maintien de la justice.

Nous sortons définitivement du Moyen-Âge, les guerres justes disparaîtront peu à peu jusqu’aux charniers contemporains.

Aujourd’hui, tout est révolutionnaire, de la politique à l’administration.

Et ne nous trompons pas sur la réalité des « conservateurs » et autres nationalistes d’aujourd’hui : ils ne sont pas contre-révolutionnaires, mais veulent simplement revenir à l’étape moderne déjà révolutionnaire des états-nations égoïstes.

Les contre-révolutionnaires doivent refuser ce nationalisme, ou le « souverainisme » : la souveraineté, certes, mais pour quoi faire ? Si c’est pour faire de la révolution, ce n’est pas la peine.

Nous, légitimistes, proposons de remettre en lumière ce que doit faire le politique, fondée sur une tradition millénaire et incarnée dans le Roi Louis XX, intégralement chrétienne.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Paul-Raymond du Lac

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