Histoire

[CEH] Les funérailles d’Henri IV à Saint-Denis, par Odile Bordaz. Partie 4 : Les changements intervenus lors des funérailles

Les funérailles d’Henri IV à Saint-Denis

Par Odile Bordaz

Partie 1 : Le cérémonial de la quarantaine

Partie 2 : Le cortège funèbre du Louvre à Notre-Dame de Paris

Partie 3. De Notre-Dame à Saint-Denis

Partie 4. Les changements intervenus lors des funérailles d’Henri IV

Lors des funérailles d’Henri IV on fit usage pour la dernière fois de l’effigie royale, apparue pour la première fois lors des funérailles de Charles VI. Pour les successeurs d’Henri IV, l’habitude fut prise de transporter à Saint-Denis le cercueil du roi aussitôt après le décès et l’embaumement et de l’exposer pendant quarante jours sur un catafalque, pendant que lui étaient rendus journellement les honneurs, notamment le service de table. Pour tous les rois enterrés après Henri IV à Saint-Denis, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, puis Louis XVIII, on fit coïncider l’enterrement avec le quarantième jour du cycle des funérailles.

Dès le lendemain de la mort d’Henri IV, son fils, le jeune Louis XIII, âgé de huit ans, fut conduit au parlement de Paris pour y tenir un lit de justice. Sa mère, Marie de Médicis, tenait ainsi à se faire officiellement reconnaître comme régente. C’était une infraction à la tradition qui eût voulu que le nouveau roi ne se montrât pas avant les funérailles de son père et même avant son propre couronnement. Désormais, tous les successeurs d’Henri IV tiendront un lit de justice immédiatement après la mort de leurs prédécesseurs, affirmant de cette façon leurs pleins pouvoirs en tant que nouveaux rois, mais dépouillant de sa véritable signification le rituel funèbre ancestral, qui était chargé d’exprimer la continuité de la dignité royale. Ralph Gisey va même jusqu’à qualifier, dès lors, de simulacre la cérémonie des funérailles1.

Henri IV n’a jamais eu de tombeau à Saint-Denis. Il en sera de même pour ses successeurs, d’où l’expression qualifiant les Bourbons de « rois sans tombeau ». Il y eut bien un projet de rotonde des Bourbons, présenté à Louis XIV par François Mansart à la demande de Colbert, mais ce projet ne vit jamais le jour. Les corps embaumés des rois de la famille de Bourbon, ainsi que ceux des reines, princes et princesses, étaient mis dans des cercueils de plomb entourés d’un cercueil de bois et posés sur des tréteaux, dans la crypte, l’ancienne chapelle d’Hilduin, appelée dès lors « caveau des Bourbons ». Louis XVI dut le faire remanier pour l’agrandir, car au moment de la mort de son épouse, la reine Marie-Thérèse, il n’y avait plus de place. On perça alors un long couloir pour faire communiquer la chapelle avec le caveau des cérémonies.

Il était possible de célébrer des obsèques sans le corps du défunt. C’est ce qui s’est passé pour Henri IV à Florence, où le grand-duc de Toscane, son beau-frère, fit célébrer en grande pompe les funérailles in effigie d’Henri IV, à San Lorenzo, en septembre 1610. Il avait pour cette cérémonie commandée aux plus célèbres artistes de son entourage de grandes toiles en grisailles retraçant les hauts faits de la vie du défunt ; dix-neuf toiles, conservées pendant des siècle à Florence, ont été sorties de l’oubli à l’occasion du quatrième centenaire de la mort d’Henri IV, en 2010, pour être présentées lors d’une exposition au château de Pau, puis, à Florence, précisément à San Lorenzo des Médicis.

Odile Bordaz
Conservateur aux Archives nationales


1 Ralph E. Gisey, op. cit., p. 272.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.