Actualités

Sermon sur la souffrance des âmes du Purgatoire

Le 2 novembre dernier, pour la commémoraison de tous les fidèles défunts, je vous expliquais ce qu’est le Purgatoire et la façon dont nous pouvons aider les pauvres âmes qui s’y trouvent. En ce deuxième dimanche de novembre, mois dédié à la prière pour la délivrance de ces âmes, je voudrais vous parler de la façon dont celles-ci endurent leurs souffrances, car elles sont pour nous un modèle à suivre dans nos souffrances sur terre.

Le rôle du Purgatoire

Le Purgatoire est un lieu de purification par la souffrance avant d’entrer au Ciel. Les personnes qui vont au Purgatoire sont les personnes qui meurent en état de grâce, mais sans avoir fait suffisamment pénitence pour leurs péchés.

Faire pénitence pour ses péchés, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire se purifier de tout égoïsme et affection au péché afin d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces. Concrètement parlant, on fait pénitence en s’infligeant des privations volontaires comme le jeûne ou l’abstinence ; en s’obligeant à bien faire son devoir d’état malgré la fatigue ou le désintérêt ; en supportant patiemment les épreuves de la vie comme la maladie ou les accidents ; en s’obligeant à des actes de charité envers le prochain malgré la paresse ou les antipathies. Faire ainsi pénitence est absolument nécessaire. Notre-Seigneur Jésus a dit : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous » (Lc 13 ;5).

Les personnes qui se donnent ainsi généreusement à la pénitence malgré la souffrance que cela implique progressent dans leur amour pour Dieu, et à la fin de leur vie, Dieu les recevra au Ciel directement. Par contre, ceux qui ne font pas ainsi pénitence restent dans la tiédeur spirituelle. Leur amour pour Dieu reste mélangé à beaucoup d’égoïsme et d’affection désordonnée aux choses de la terre. Et ainsi, au moment de la mort, ils ne peuvent pas aller au Ciel immédiatement, car au Ciel ne s’y trouve que l’amour parfait de Dieu. Le Purgatoire est donc un lieu de purification après la mort, où les âmes sont purifiées de tout amour désordonné de soi, où les âmes apprennent à aimer Dieu parfaitement. Cette purification et cet apprentissage se fait par la souffrance, dans un feu mystérieux. Les âmes sont purifiées dans le feu du purgatoire comme l’or est purifié dans le feu de la fournaise.

Les âmes du Purgatoire souffrent énormément, au-delà de ce qu’on peut imaginer. C’est l’enseignement commun des théologiens ; c’est ce qu’ont révélé les âmes du Purgatoire qui sont apparues sur terre. Pourtant, malgré l’intensité de leurs souffrances, les âmes du Purgatoire souffrent dans la paix et même dans la joie. Pour comprendre cela, il faut se rappeler d’abord le rôle de la souffrance dans le plan providentiel.

Le rôle de la souffrance dans nos vies

Avant le péché originel, tels que Dieu les créa dans sa bonté, les hommes n’étaient soumis ni à la souffrance, ni à la mort. La souffrance et la mort sont la conséquence du péché originel et de nos péchés. Et cela en toute justice. En effet, commettre un péché, c’est désobéir à la loi de Dieu, c’est préférer sa volonté propre à la Volonté de Dieu. Autrement dit, c’est un refus d’aimer Dieu. Notre-Seigneur nous a dit : « Celui qui a Mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui M’aime. Or celui qui M’aime sera aimé de Mon Père, et Je l’aimerai aussi, et Je Me manifesterai à lui » (Jn 14 ;21). La punition du péché, c’est le mouvement inverse du péché, c’est-à-dire subir quelque chose qui nous contrarie. C’est cela la souffrance.

La souffrance est la juste punition de nos péchés. Aussi Dieu infiniment juste n’enlève pas la souffrance de nos vies, même après le Baptême. Mais dans sa sagesse et sa miséricorde infinies, Dieu a fait de la souffrance le moyen de notre libération spirituelle, le moyen par lequel nous revenons de l’amour désordonné de nous-mêmes vers l’amour de Dieu, le moyen par lequel nous retrouvons ce que nous avons perdu, c’est-à-dire le bonheur éternel. Ainsi, Dieu qui nous aime infiniment, qui veut notre bonheur éternel, veut pour nous la souffrance. Comme un bon médecin veut pour son malade le médicament très amer qui le guérira, ainsi Dieu veut pour nous la souffrance qui nous guérit spirituellement. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus explique cela avec une simplicité et une profondeur extraordinaire. Elle pose la question : « Comment le Bon Dieu qui nous aime peut-Il être heureux quand nous souffrons ? » Et elle répond : « Non, jamais notre souffrance ne Le rend heureux, mais cette souffrance nous est nécessaire. Alors Il la permet comme en détournant la tête », c’est-à-dire à contre-cœur. Sainte Thérèse dit encore ceci : « Il en coûte à Dieu de nous abreuver à la source des larmes ; mais Il sait que c’est l’unique moyen de nous préparer à Le connaître comme Il se connaît et à devenir des dieux nous-mêmes ! » (Lettre à Céline, LT57).

Dieu dans sa Providence nous conduit vers le bonheur éternel. Et comme la souffrance est le moyen nécessaire de notre sanctification, Il attend de nous que nous choisissions volontairement de faire des pénitences, comme on a dit. Et comme cela ne suffit pas, dans son amour pour nous, Il nous donne à chacun de nous un lot de souffrance, indépendamment de nos choix. Et Il nous donne en même temps toutes les grâces dont nous avons besoin pour endurer patiemment ces souffrances. C’est ainsi, la pénitence et la souffrance font partie de nos vies, et cela nous vient de l’amour de Dieu. Selon le plan de la Providence, chacun d’entre nous doit aller directement au ciel après être passé à travers les pénitences et les souffrances de la vie. Ce n’est pas le plan de la Providence que nous allions au Purgatoire.

Comment les âmes du Purgatoire souffrent

Ceux qui vont au Purgatoire sont ceux qui n’ont pas fait assez pénitence pour leurs péchés, c’est-à-dire ceux qui se sont refusés aux pénitences volontaires et aux œuvres de miséricorde, ceux qui se sont révolté contre les épreuves de la vie ou qui les ont subis à contre-cœur. Leur cœur n’a pas été complétement purifié de leur égoïsme. Au moment du Jugement particulier après la mort, ces âmes découvrent combien elles sont entachées d’égoïsme, indignes d’entrer au Ciel et de participer à la vie d’amour de la Sainte Trinité. Elles comprennent que la souffrance est le moyen nécessaire, et le seul moyen, par lequel elles peuvent être purifiées de leur égoïsme. Elles comprennent
que la souffrance est l’école d’apprentissage de l’amour parfait de Dieu. Alors, elles se rendent d’elles-mêmes dans les terribles souffrances du Purgatoire, et là elles font pénitence pour leurs péchés, là elles se libèrent de toute affection désordonnée au péché, là elles apprennent à aimer Dieu de tout leur cœur, de toutes leurs forces et de toutes leur âme. Elles souffrent horriblement, mais elles souffrent avec patience et elles ne veulent pas être libérées tant que leur purification n’est pas complète. Elles souffrent horriblement, mais elles souffrent dans la paix car elles savent que c’est la façon dont Dieu les guérit. Elles souffrent horriblement, mais elles souffrent dans la joie.

Comment est-ce possible de souffrir dans la joie ? Il ne s’agit pas bien sûr d’une joie sensible, car souffrir implique nécessairement tristesse et accablement. Il s’agit de la joie spirituelle, fruit de la charité, c’est-à-dire la joie de faire plaisir à celui qu’on aime. Les âmes du Purgatoire ont cette joie car elles aiment Dieu et elles savent qu’elles font plaisir à Dieu en acceptant leurs souffrances.

Conclusion

Chers Fidèles, ce que je viens de dire concernant la façon dont les âmes du Purgatoire souffrent, c’est la façon dont nous devons faire pénitence pendant notre vie sur terre, c’est la façon dont nous devons souffrir les souffrances que Dieu permet dans notre vie. Les âmes du Purgatoire comprennent le rôle de la pénitence et de la souffrance pour leur sanctification. Mais c’est un peu tard. Les pénitences que Dieu leur demandait de faire ou d’accepter sur terre étaient bien moindres. Ne commettons pas la même erreur.

Venons en aide aux âmes du Purgatoire en offrant des Messes, des Communions, des chapelets, des prières, des sacrifices, des actes de charité, des aumônes pour que Dieu abrège le temps de leur purification. En retour, les âmes du Purgatoire nous aideront à accepter dans la patience, la paix et la joie spirituelle les souffrances de notre vie de telle sorte que nous allions les rejoindre au Ciel, directement, sans passer par le Purgatoire le jour de notre mort.

Un prêtre missionnaire au Japon

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.