Politique

Pourquoi nous devons être régionalistes

Le 25 mars dernier, nous commémorions les 100 ans de la mort de Frédéric Mistral, immense poète provençal, fondateur du Félibrige [1], prix Nobel de littérature [2]. Cette date nous donne l’occasion de parler du régionalisme, dont Mistral fut un fervant défenseur. De plus, avec les élections municipales, c’est un sujet d’actualité : on le voit avec les victoires de candidats profondément enracinés dans leur terre… d’élection. [3]

L’enracinement dans une terre, dans une province, c’est d’abord le meilleur moyen de résister au libéralisme mondialiste et transnational. On l’a bien vu avec le mouvement des Bonnets Rouges : une protestation régionale, contre les règles imposées par l’Etat jacobin et l’Union Européenne, en faveur d’un privilège hérité de l’Ancien Régime : l’absence de péages sur la voie publique dans le duché breton. On remarquera au passage que, a contrario de ce que répète la propagande républicaine, les privilèges pouvaient bénéficier au peuple, et ne servaient pas à l’exploiter… [4] Le régionalisme, la décentralisation, c’est aussi renforcer le pouvoir des peuples, du pays réel face aux technocrates parisiens et bruxellois. J’ai déjà parlé de la démocratie directe dans mon précédent article sur la Constitution Suisse. [5] Les langues régionales ne menacent pas la langue française, au contraire, elles la renforcent face au mondialisme linguistique anglo-saxon. [6]

Mais, pourrait-on se demander, tout cela ne conduit-il pas, au final, à la désintégration de la France ? Nous avons en effet les exemples de la Corse, du Pays Basque, pour nous rappeler les dangers du régionalisme. Si ces dangers existent, le régime actuel ne peut que les amplifier. Dans une république, où tout, jusqu’au sommet de l’Etat, se décide en fonction de quelques élections, les moindres agitations à la base sont considérablement amplifiées. Par démagogie, en vue des prochaines élections, les politiciens sèment les promesses, sans proposer de projets cohérents sur le long terme : toujours arrive la prochaine échéance électorale. À l’opposé, avec un roi à la tête de la nation, avec un pouvoir fort, les provinces peuvent conserver leur autonomie sans mettre en péril la France. On peut résumer cette situation par la fameuse formule : « l’autorité en haut, les libertés en bas ».

L’appartenance régionale n’est en aucun cas un obstacle à l’appartenance nationale, c’en est une étape. [7] C’est à travers notre province, incluse dans la nation française, que l’on fait partie de la nation française. Dans un récent entretien, l’essayiste Alain de Benoist s’élevait contre « l’idée que l’individu appartient immédiatement à l’humanité, et non de façon médiate, c’est-à-dire par l’intermédiaire d’une culture particulière.» [8] Dans une moindre mesure, la situation est la même : nous appartenons à la France par l’intermédiaire d’une culture locale. Il y a aussi, il ne faut pas l’oublier, une culture spécifiquement française, et commune à tous : par là aussi, nous faisons partie du corps national.

Nous avons une identité culturelle, historique, linguistique à 3 niveaux : régional, national, européen [9]. Il est urgent de restaurer les autonomies régionales, gages des libertés locales, de la sauvegarde du pays réel et de l’enracinement dans notre pays et notre culture, seul obstacle au mondialisme néo-républicain. Ces autonomies trouvent leur source dans la monarchie capétienne, à la fois souveraine et fédérative.

« Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut. » Frédéric Mistral.

François Etendard

1: Association régionaliste, culturelle et linguistique occitane, fondée en 1854 et encore présente de nos jours.
2 : En 1904, pour son œuvre “Mirèlo”.
3 : Par exemple, Steeve Briois (FN) à Hénin-Beaumont, Jacques Bompard (Ligue du Sud) à Orange…
4 : Mais allez expliquer cela à ces idéologues, qui regardent l’Histoire à travers la doctrine marxiste et sa conception du féodalisme comme une transition entre esclavagisme antique et capitalisme moderne !
5 : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/europe-international/741-la-suisse-modele-de-democratie-populaire
6 : Charles Maurras, membre du Félibrige, en parlait déjà dans son essai “Jarres de Biot”.
7 : Tout comme en Suisse, où les citoyens ont 3 niveaux de citoyenneté : communal, cantonal, fédéral.
8 : Dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d’Histoire (NRH), que je recommande.
9 : Qui n’a rien à voir avec ce machin nommé “Union Européenne”, bien entendu.

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