Politique

Le républicanisme est une violence contre-nature, par Paul-Raymond du Lac

« Pourquoi la France ne parvient pas à se constituer en République ? Eh ! mon DIEU ! pour une raison fort simple : une femme blonde a beau se teindre les cheveux en noir ou même en rouge, elle n’en demeure pas moins, en réalité, une femme blonde. Pour un temps, elle semble brune ; pour un temps, elle semble rousse ; mais, bon gré mal gré, les cheveux repoussent toujours blonds1. »

Ces mots de Mgr de Ségur résonnent d’une façon bien actuelle en 2023 : il suffirait de remplacer la femme blonde par une femme qui voudrait se faire homme, et nous y sommes ! Comme ce fils de la comtesse de Ségur le dit si bien, la nature d’une chose ne change pas, puisque c’est ce qui caractérise cette chose : notre nature humaine ne change pas. Les sociétés politiques aussi ont leur nature, qui découle de notre propre nature humaine politique.

Si toute société politique possède en commun cette nature politique, chaque pays a de plus sa constitution particulière, comme un homme, ayant toujours un corps et une âme, a pourtant toujours quelque chose de singulier dans l’union particulière des deux (caractère, physique, sexe, événements de la vie, extraction familiale, etc.).

La France a aussi sa constitution :

« La France est monarchique dans sa constitution même ; elle a le sang monarchique, comme elle a le sang catholique et militaire. C’est un fait dont l’évidence est attestée par l’histoire et, au besoin, par les efforts impuissants que cette pauvre France fait, depuis un siècle, pour changer son tempérament2. »

Même en 2023, malgré les violences révolutionnaires pour changer la nature de la France, nous restons indécrottables : il nous faut un chef, nous aimons nous battre, et notre fond est foncièrement catholique – ce qui se voit d’ailleurs aussi parmi les plus anti-cléricaux républicains, qui, malgré eux, montre leur appétence catholique, dans le goût de l’universalisme, d’une volonté de droiture morale, et surtout cette haine du catholique (une forte haine n’est qu’au fond un amour profond tourné dans le mauvais sens).

Mgr de Ségur résume notre constitution en quelques phrases, de façon magistralement juste :

« Et pourquoi notre belle et bonne France est-elle essentiellement catholique, essentiellement monarchique, essentiellement militaire ? Ah ! c’est que DIEU, qui l’a élue entre toute les autres nations de la terre pour être le bras droit de son Vicaire ici-bas, l’a façonnée à l’image et ressemblance de son Église. L’Église est catholique, monarchique et militante : la France, « qui a été faite par les Évêques comme une ruche est faite par les abeilles », selon l’expression d’un célèbre historien protestant, la France est née catholique ; elle ne peut cesser de l’être, sans cesser d’être la France; elle est née monarchique, et a été baptisée comme telle par saint Rémy, en la personne de Clovis, son vrai premier Roi, on aura beau faire, elle est et elle sera toujours monarchique; enfin la France est née militaire et guerrière : Clovis était soldat; Charlemagne, Philippe Auguste, Saint Louis, Henri IV, Louis XIV, tous nos grands Souverains ont été des soldats3. »

La France étant substantiellement catholique de par sa naissance comme société politique, c’est-à-dire l’union de la Gaule et des Francs dans le mariage scellé à Tolbiac entre le Roi et son pays par la promesse faite à Dieu d’une alliance qui ne cessera qu’une fois l’extinction de la race des rois de France.

Le lien particulier de l’Église et de la France explique la constitution particulière de la France : elle est catholique, monarchique et militante !

« Telle est la constitution intime de la France ; tel est l’ordre providentiel qui régit les destinées de notre patrie, et auquel elle ne saurait déroger impunément4. »

Et nous n’en avons pas dérogé impunément : nos fautes et celles de nos ancêtres nous attirent les punitions divines dont la plus sévère fut ce long abandon de Dieu, nous laissant à notre médiocrité humaine orgueilleuse, qui nous a perdu et nous perd encore : nous nous sommes punis nous-mêmes. Nous avons voulu croire que l’homme était plus fort que Dieu ; nous n’avons voulu compter que sur les forces humaines pour réaliser notre bonheur sur terre… Eh bien soit, le bon Dieu, devant tant d’obstination coupable et d’aveuglement volontaire, a tendu la main en disant : « Et bien soit, faites et vous verrez. Vous mériteriez que je vous foudroie sur place, mais j’aime trop mon peuple franc, et vos ancêtres me supplient tous les jours de retenir mon bras. Soit alors, je le retiens, mais je le retire : vos blasphèmes incessants ne vous donnent plus le privilège de mériter des intercessions de vos preux ancêtres, et des quelques justes sur terre de votre pays qui me supplient de vous apporter le salut. Je le retire, mon bras : je vous libère de mon joug. Vous avez ce que vous demandez, et vous saurez enfin votre néant ! »

Des décennies plus tard, en 2023, nous connaissons notre médiocrité et notre néant ! Il fallait cela au moins pour nous faire comprendre notre faiblesse, notre médiocrité, notre vanité : il fallait que nous perdions tout pour nous rendre compte de tout ce que nous avions, et surtout nous rendre compte de la seule chose que nous pouvons encore avoir, et qui mérite d’être possédé : le bon Dieu lui-même ! 

Alors, ne soyons pas la jeune femme blonde qui se teint les cheveux, soyons sérieux, revenons à Dieu et au Roi !

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !


1 Louis-Gaston de Ségur, Vive le Roi !, 1875 (2018), DR, p. 31.

2 Ibid., p. 31.

3 Ibid., p. 31.

4 Ibid., p. 31.

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