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Le mythe de « l’émigration », par Paul de Beaulias

Beaucoup de Français caressent le rêve de sortir de France pour trouver ailleurs mieux qu’une vie en France qui semble sans débouchés et sans avenir.

L’exotisme, encore, est une tentation de tous les temps : croire que ce qui est loin est mieux que ce qui est près, en idéalisant tel ou tel pays, comme on idéalise une femme dans une amourette passionnelle, et croire que l’amour idéal existe, comme croire que l’homme idéal, l’homme pré-chute existe encore.

Tout cela est de l’illusion qui se brise plus ou moins rapidement contre le récif de la réalité en fonction de l’habileté à cacher ses misères des civilisations et des gens : tous les hommes sont soumis au péché originel et sont les mêmes vicieux personnages misérables… Seule la foi les remet sur le bon chemin, sans les extraire des tentations produites par une nature blessée et désordonnée. La vertu naturelle est souvent une escalade dans la subtilité de la mesure, qui est certes un mieux : au lieu de se vautrer publiquement dans l’impureté, on se cache, au lieu de se vautrer dans les petits plaisirs, on devient intellectuel et on se vautre dans l’orgueil…

C’est pareil avec les femmes : la femme idéale n’existe même pas en rêve ; le coup de foudre est une illusion violente et dangereuse. Coup de foudre et exotisme, même combat.

Vivant au Japon, je vois souvent de ces jeunes qui viennent ici fuir une certaine réalité française oppressante et difficile, en espérant en trouver une autre meilleure ici, fantasmée et rêvée : l’illusion dure autant que l’on reste à la surface des petits plaisirs matériels et d’un ordre de façade – ce qui peut durer pour certains toute la vie.

La question n’est pas de condamner l’émigration en tant que telle, car elle peut-être nécessaire. Il s’agit de connaître les intentions derrières une décision importante.

Comme toute décision, elle doit être discernée et éclairée par les bons principes : il ne s’agit pas de faire ce qu’il plaît, mais de faire ce qu’il faut faire – et si cela plaît, tant mieux, sinon, tant pis.

Ainsi pour l’émigration : s’il s’agit de fuir ou de trouver un monde meilleur, c’est mal parti. La seule question : est-ce votre devoir pour la mission, pour protéger le bien commun de la famille, du royaume, etc ? Le Roi qui vit en Espagne ne fuit pas, il conserve son indépendance et se rend disponible pour la Restauration.

Sachons en tout cas ne pas se faire avoir par les sirènes, bien compréhensibles et bien humaines, des lendemains qui chantent, du lointain idéalisé, ou du désir pris pour de la réalité : rien de nouveau sous le soleil, la misère est partout, même si elle ne prend pas toujours les mêmes formes. Comme pour le coup de foudre, le retour de flamme est d’autant plus violent que l’illusion forte au départ et les passions déchaînées.

Les douleurs de l’émigration, salutaires pour des êtres imparfaits car elles font prendre conscience que nous sommes vraiment des pèlerins sur cette terre, et des étrangers à cette terre, seront toujours sans commune mesure aux souffrances de vivre dans son pays occupé par l’étranger : dans tous les cas, on est quand même chez soi en France, et cela est irremplaçable.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

Une réflexion sur “Le mythe de « l’émigration », par Paul de Beaulias

  • Grégoire Legrand

    Je pensais que cet article parlerait de la désastreuse émigration de 1789-1793. Dommage… mais ces propos n’en sont pas moins intéressants. Merci !

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