[Vidéo] Joseph de Maistre : le catholicisme contre la philosophie des Lumières, par Marc Froidefont
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 présente la nation comme une association juridique d’hommes libres et égaux. Mais un pays peut-il vraiment n’être réduit qu’à un simple entité juridique ? Au lieu de fonder le nouvel ordre social sur l’histoire millénaire de la France et de prendre en compte les particularités culturelles, ethniques, religieuses et linguistiques du pays, les révolutionnaires ont préféré échafauder une constitution pour l’Homme, abstrait et universel. « Or, écrit Joseph de Maistre, il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie, s’il existe, c’est bien à mon insu ». Les patries, nous montre-t-il, sont des entités réelles, concrètes : elles sont comme une grande famille élargie, et ont leur assise géographique précise, leur histoire, leur langue, leurs traditions et leur religion. À travers cette question, ce sont les fondements mêmes de la philosophie des Lumières que Joseph de Maistre met en cause.
Marc Froidefont, agrégé de philosophie, est docteur en poétique et littérature. Il est l’auteur de Théologie de Joseph de Maistre, publié en 2010 aux éditions Classiques Garnier et de Joseph de Maistre, la nation contre les droits de l’homme, publié en 2023 aux éditions de La Nouvelle Librairie.
Excellent résumé, avec des explications éclairantes. On peut tout de même se demander si Maistre aurait gardé son ultramontanisme face au ralliement, et à la constante dérive (Pie X excepté) de la papauté vers la religion humanitaire. On peut aussi s’interroger sur son providentialisme, qui lui faisait écrire en 1797 que toute action contre révolutionnaire était inutile et même néfaste. Enfin on peut conjecturer sur l’attitude que Maistre aurait adoptée s’il avait vécu, après la fin de la branche aînée des Savoie, à l’égard de l’unité italienne. Il ne faut pas oublier qu’il est mort en février 1821 et qu’il n’a pas vécu plus de vingt-trois ans à la première expression de ses idées.
À ma connaissance, ce n’est pas le fils de Joseph qui combattit dans l’armée russe, mais son frère Xavier. Le fils de Joseph, prénommé Rodolphe et né en 1789, avait 11 ans en 1800, et il aurait eu 15 ans à la date de Waterloo.