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Sermon sur le Nom du Saint Esprit

Nous célébrons aujourd’hui la descente du Saint Esprit sur les Apôtres le jour de la Pentecôte. Je vous parlerai du Nom de « Saint Esprit » que nous donnons à la Troisième Personne de la Sainte Trinité, et ensuite de l’opposition qui existe entre le Saint Esprit et l’esprit du monde.

Les raisons du Nom de « Saint Esprit »

Nous savons par la Révélation qu’il y a Trois Personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit. Il n’y a qu’un seul Dieu, Créateur du Ciel et de la terre, mais en Lui se trouve Trois Personnes. C’est ce qu’on appelle le Mystère de la Sainte Trinité. Saint Jean écrivit: “Il y en a trois qui rendent témoignage dans le Ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois sont un.(1 Jn 5;7).

Posons-nous la question: pourquoi appelons-nous la Troisième Personne de la Sainte Trinité “Saint Esprit”? St Augustin donne une première raison. Le Saint Esprit procède à la fois du Père et du Fils; Il est donc commun au Père et au Fils; Il doit donc être nommé d’une façon qui convienne à la fois au Père et au Fils. Or le Père est Esprit, et le Fils aussi est Esprit; le Père est Saint, et le Fils aussi est Saint. Donc il convient bien d’appeler la Troisième Personne de la Sainte Trinité “Saint Esprit”.

St Augustin donne une seconde raison. Nous les êtres humains, nous avons des activités extérieures à nous-mêmes, par exemple quand nous cultivons notre champ, mais nous avons des activités en nous-mêmes, à savoir quand nous pensons et aimons. Quand nous pensons à quelqu’un, nous créons une image de cette personne en notre esprit; quand nous aimons quelqu’un, nous sommes mus vers cette personne, il y a en nous un mouvement, une impulsion, un élan qui nous pousse vers la personne que nous aimons. Ce qui se passe en nous nous donne une petite idée de ce qui se passe en Dieu. Dieu le Père pense à Lui-même et forme une image de Lui-même, et cette image est une Personne réelle, Dieu le Fils. Dieu le Père et Dieu le Fils s’aime mutuellement et leur mouvement d’amour est une Personne réelle, Dieu le Saint Esprit. Le mot “esprit” vient du latin spiritus qui précisément comporte l’idée de mouvement, d’élan, d’impulsion. En latin, le mot spiritus signifie aussi “le souffle”, “le vent”. Le Nom de “Saint Esprit” convient donc parfaitement bien à la Troisième Personne de la Sainte Trinité, car il exprime comment cette Personne procède du Père et du Fils par voie d’amour.

La manifestation du Saint Esprit sous la forme de vent

Vous comprenez alors combien il convenait que le jour de la Pentecôte, le Saint Esprit se manifesta visiblement sous la forme d’un vent. “Tout à coup il se produisit, venant du Ciel, un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.” (Act 2;2). Sous la forme des langues de feu, le Saint Esprit manifestait visiblement la nature de son action sur les Apôtres, à savoir d’illuminer leur intelligence et d’enflammer leur cœur de charité et de zèle pour le salut des âmes. Mais en apparaissant sous la forme d’un vent puissant, Il signifiait ce qu’Il est au sein de la Sainte Trinité, à savoir l’Amour Divin.

Il est dit que le Saint Esprit vint “tout-à-coup”. Le Saint Esprit nous touche de ses inspirations quand Il veut, où Il veut et comme Il veut. Notre-Seigneur Jésus nous a averti: “L’Esprit souffle où Il veut” (Jn 3;8). Si le Saint Esprit agit ainsi, de notre côté, nous devons nous tenir toujours prêts à recevoir ses inspirations en étant comme les Apôtres au Cénacle, c’est-à-dire en nous conservant intérieurement en prière et en étant détachés des vanités de ce monde.

Il est dit que le Saint Esprit se manifesta comme un vent “venant du Ciel”. Notre-Seigneur avait promis d’envoyer le Saint Esprit après son Ascension au Ciel: “Lorsque le Paraclet que Je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, Il rendra témoignage de Moi.” (Jn 15;26). Le jour de la Pentecôte, Notre-Seigneur au Ciel a rempli sa promesse.

Il est dit aussi que le Saint Esprit se manifesta comme un “vent”. Comme nous l’avons déjà dit, c’était pour signifier comment le Saint Esprit procède du Père et du Fils par voie d’amour. Mais aussi pour signifier quelle est l’action du Saint Esprit dans nos âmes. De même que l’air que nous respirons nous fait vivre, ainsi le Saint Esprit nous communique la vie surnaturelle. De même que le vent rafraîchit, ainsi le Saint Esprit tempère les ardeurs de notre concupiscence et nous aide à vaincre ses désirs désordonnés. De même qu’au temps des moissons, le vent aide à séparer la poussière et la paille du bon grain, ainsi le Saint Esprit purifie nos âmes, conserve ce qui est bon et enlève ce qui est vil et imparfait. De même que le vent pousse le bateau à voile vers sa destination, ainsi le Saint Esprit nous dirige vers le Ciel. St Paul écrivit aux Romains ceci: “Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de Dieu.” (Rom 8;14).

Enfin il est dit que le Saint Esprit se manifesta comme “un vent impétueux”. Le Saint Esprit est infiniment actif, Il met dans nos cœurs un zèle ardent à accomplir des actes vertueux et des œuvres de charité. Le Saint Esprit n’aime pas la paresse, la lenteur ni la tiédeur.

L’esprit du monde

A l’opposé du Saint Esprit et de son action se trouve l’esprit du monde ou l’esprit mondain. Notre-Seigneur Jésus nous averti de cette opposition radicale: “L’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir(Jn 14;17).

Ce que nous appelons ici le Monde, ce n’est pas l’univers créé par Dieu, mais l’ensemble des plaisirs, des richesses et de la gloire humaine qu’on peut trouver dans la vie humaine sur terre, vus en opposition aux biens surnaturels et au bonheur du Ciel. L’esprit du monde ou esprit mondain consiste à aimer de façon désordonnée ces plaisirs, ces richesse et cette gloire humaine, et corrélativement à mépriser Dieu et les biens de la vie éternelle. Dans la Bible, au chapitre 2 du Livre de la Sagesse, Dieu fait parler ainsi ceux qui sont imbus de cet esprit du monde: “Le temps de notre vie est court et plein d’ennui ; l’homme n’a plus de bien à attendre après sa mort, et on ne connaît personne qui soit revenu des enfers. Nous sommes nés du néant, et, après cette vie, nous serons comme si nous n’avions jamais été. Le souffle de nos narines est comme une fumée, et la raison n’est qu’une étincelle qui remue notre cœur. Lorsqu’elle sera éteinte, notre corps sera réduit en cendres, et l’esprit se dissipera comme un air subtil ; et notre vie disparaîtra comme une nuée qui passe, et s’évanouira comme un brouillard que les rayons du soleil mettent en fuite, et que sa chaleur abat. Notre nom même s’oubliera avec le temps, et personne ne se souviendra de nos œuvres. Car notre vie est le passage d’une ombre, et après la mort il n’y a plus de retour : le sceau est apposé, et nul ne revient. Venez donc, jouissons des biens présents, et hâtons-nous d’user des créatures comme pendant la jeunesse. Prenons à profusion le vin précieux et les parfums, et ne laissons point passer les fleurs de la saison. Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent ; qu’il n’y ait pas de prairie où ne se signale notre débauche. Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies. Laissons partout des marques de réjouissance, car c’est là notre partage et notre lot. » (Sag 2;1-9). Et dans la suite de ce même chapitre, Dieu montre comment les mondains en viennent à mépriser et persécuter ceux qui gardent les Commandements de Dieu, c’est-à-dire ceux qui agissent sous la direction du Saint Esprit.

L’esprit mondain est un grand danger pour nous Catholiques. Nous devons nous en protéger attentivement. Certains Catholiques malheureusement sont infectés de cet esprit. D’un côté ils donnent à Dieu le minimum possible: le minimum de prière, le minimum de Messe, le minimum de sacrifices. Et de l’autre côté, ils travaillent dur et passent un temps considérable à se donner un maximum des plaisirs de la chair, à acquérir un maximum d’argent et de biens matériels, un maximum de gloire humaine, allant jusqu’aux limites du péché mortel. De tels Catholiques ne sont pas mus par le Saint Esprit. Ils sont ces gens dont Notre-Seigneur dit dans l’Apocalypse: “Parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni chaud, Je vais te vomir de ma bouche.” (Apoc 3;16). Terribles paroles!

Le Saint Esprit est comme un vent du ciel, un Don de Dieu qui nous purifie, sanctifie et nous emporte vers le Ciel. L’esprit du monde est comme un vent de la terre plein de poussière et malsain, un souffle de Satan qui excite la concupiscence et pousse en enfer.

Conclusion

Chers Fidèles, soyons donc attentifs à ne pas nous laisser influencer par l’esprit du monde, mais restons sous l’influence bienfaisante et la direction du Saint Esprit. Notre Seigneur Jésus nous a dit que nous devons vivre dans le monde sans être du monde (Jn 17;15). Voyez les Apôtres: ils vivaient à Jérusalem, avec les Pharisiens pourris d’orgueil, avec Hérode débauché, avec les Romains païens brutaux. Ils vivaient dans le monde avec des gens mondains, mais ils n’étaient pas du monde, ils ne suivaient pas l’esprit du monde.

Suivons donc le bon exemple des Apôtres. Au cénacle, ils priaient avec la Très Sainte Vierge Marie; ils méditaient les enseignements et les promesses de vie éternelle de Notre Seigneur Jésus; ils gardaient ses Commandements, célébraient la Messe tous les jours, recevaient les Sacrements. Parce qu’ils étaient bien disposés, le Saint Esprit est venu sur eux et en a fait de grands Saints. Imitons les Apôtres, et ainsi nous permettrons au Saint Esprit de développer en nous la Charité de plus en plus, et un jour de nous emporter dans la vie éternelle.

Un prêtre missionnaire

Illustration : Augustin Frison-Roche, La Pentecôte (2022, cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo).

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