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Quatrième sermon sur la petite voie de sainte Thérèse : le progrès dans la sainteté

Dans les efforts vers la sainteté, parfois des personnes se découragent parce qu’elles se voient retomber souvent dans les mêmes péchés ou parce qu’elles ne se voient pas progresser dans les vertus. Des personnes pensent que le progrès vers la sainteté et vivre ou faire des choses extraordinaires sont liés ; or ces personnes trouvent que leur vie est très monotone et ordinaire, et donc elles en concluent qu’elles ne progressent pas en sainteté. Aujourd’hui, je vous parlerai des réponses que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus fait à ces raisonnements.

Nos fautes quotidiennes

Certaines personnes se disent : « Malgré tous mes efforts pour ne pas commettre de péchés, tous les jours, je retombe dans les mêmes fautes : je m’impatiente, je critique mon prochain, je dis un mensonge, etc… Pour moi la sainteté, c’est impossible. » Et ces personnes sont tentées d’arrêter leurs efforts et de se laisser aller à la tiédeur spirituelle. Que dire à ces personnes ?

Saint Alphonse de Liguori dit ceci :

« Il y a certains défauts que nous commettons par pure fragilité naturelle, et sans une entière volonté, comme les distractions dans la prière, les paroles inutiles, les vaines curiosités, les désirs de paraître, quelque sensualité dans le boire et le manger, quelques mouvements de concupiscence qu’on ne réprime pas assez vite, et autres semblables. Nous devons éviter ces fautes autant que nous le pouvons, mais vu la fragilité de notre nature corrompue par le péché originel, il nous est impossible de les éviter entièrement. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dit que ces fautes que nous commettons par faiblesse, malgré notre bonne volonté générale à plaire à Dieu en tout, ne sont pas un obstacle vers la sainteté. Ces fautes n’offensent pas le Bon Dieu si nous prenons occasion de ces fautes pour prendre davantage conscience de notre faiblesse et petitesse, pour nous tourner vers Dieu avec encore plus de confiance en son amour miséricordieux. Imaginez un enfant qui a fait une
petite bêtise, et qui s’en désole, et qui va vite trouver sa maman pour le lui dire. Pensez-vous que la maman va aimer moins son enfant à cause de cette petite bêtise ? Certainement pas. C’est pareil pour le Bon Dieu. Rappelez-vous ce que disait Jésus :

« Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les Cieux donnera-t-Il ce qui est bon à ceux qui le Lui demandent. » (Mt 7 ;11).

Certaines personnes disent : « Mes péchés ne sont pas toujours des péchés de simple faiblesse. Ce sont parfois des péchés véniels bien délibérés, voire des péchés mortels. Comment puis-je avancer vers la sainteté ? » Sainte Thérèse répond que même ces péchés ne nous arrêtent pas dans la voie de la sainteté si nous en faisons un bon usage. Comment faire un bon usage de ses péchés ? En regrettant nos péchés, en reconnaissant notre faiblesse et petitesse, en offrant en pénitence la souffrance qui résulte de nos péchés, et en nous tournant avec encore plus de confiance vers l’amour miséricordieux de Dieu.

Dans son autobiographie, Sainte Thérèse se compare à un tout petit oiseau qui s’occupe à regarder le soleil avec le désir de s’envoler vers lui comme les aigles, mais qui parfois se laisse distraire de son occupation. Voici ce qu’elle écrit :

« Souvent, l’imparfaite petite créature tout en restant à sa place (c’est-à-dire sous les rayons du Soleil), se laisse un peu distraire de son unique occupation, elle prend une petite graine à droite et à gauche, court après un petit ver… puis rencontrant une petite flaque d’eau elle mouille ses plumes à peine formées, elle voit une fleur qui lui plaît, alors son petit esprit s’occupe de cette fleur… enfin ne pouvant planer comme les aigles, le pauvre petit oiseau s’occupe encore des bagatelles de la terre. Cependant après tous ses méfaits, au lieu d’aller se cacher dans un coin pour pleurer sa misère et mourir de repentir, le petit oiseau se tourne vers son Bien Aimé Soleil, il présente à ses rayons bienfaisants ses petites ailes mouillées, il gémit comme l’hirondelle et dans son doux chant il confie, il raconte en détail ses infidélités, pensant dans son téméraire abandon acquérir ainsi plus d’empire, attirer
plus pleinement l’amour de Celui qui n’est pas venu appeler les justes mais les pécheurs.» (Mt 9 ;13). (Autobiographie, manuscrit B).

Un Jésuite et maître de vie spirituelle, le Père Grou a écrit ceci :

« Ce ne sont pas ceux qui font le moins de fautes qui sont les plus saints, mais ceux qui ont plus de courage, plus de générosité, plus d’amour, qui font de plus grands efforts sur eux-mêmes… Ne vous découragez jamais, quelque faute qu’il vous arrive, mais dites-vous à vous-mêmes : quand je tomberais vingt fois, cent fois le jour, je me relèverai à chaque fois, et je poursuivrai ma route. Qu’importe après tout, que vous soyez tombé en chemin, pourvu que vous arriviez au terme. Dieu ne vous le reprochera pas. »

Le peu de progrès dans les vertus

Certaines personnes disent : « Malgré tous mes efforts pour pratiquer telle ou telle vertu, je n’y arrive pas… Je ne pourrai jamais devenir un saint… ». Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a répondu à cela. Elle était alors maîtresse des novices. Une novice se décourageait en voyant le peu de succès de ses efforts pour se corriger de ses imperfections. Voici ce que Sainte Thérèse lui dit :

« Vous me faites penser au tout petit enfant qui commence à se tenir debout, mais qui ne sait pas encore marcher. Voulant absolument atteindre le haut de l’escalier pour retrouver sa maman, il lève son petit pied afin de monter la première marche. Peine inutile. Il retombe sans pouvoir avancer. Eh bien ! soyez ce petit enfant. Par la pratique de toutes les vertus, levez toujours votre petit pied pour gravir l’escalier de la sainteté, et ne vous imaginez pas que vous pourrez monter même la première marche ! Non, mais le Bon Dieu ne demande de vous que la bonne volonté. Du haut de cet escalier, Il vous regarde avec amour. Bientôt, vaincu par vos efforts inutiles, Il descendra Lui-même, et vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son royaume, où vous ne Le quitterez plus ! » (Conseils et Souvenirs).

Voilà ce que Dieu nous demande : notre bonne volonté, notre désir de lui faire plaisir, et nos pauvres petits efforts. Dieu s’occupe du reste.

La monotonie de la vie quotidienne

Certaines personnes se disent : « Les Saints font des choses extraordinaires pendant leur vie. Moi, je ne fais rien de particulier. Ma vie est très ordinaire et monotone. Donc je ne suis pas fait pour devenir un saint… » À cela, Sainte Thérèse répond : « La sainteté ne consiste pas dans la sublimité de nos œuvres, mais dans la sincérité de notre amour. » En effet, Dieu est tout-puissant, Il n’a besoin de personne pour quoi que ce soit, surtout pas de nous les hommes.

Comme Jésus le disait à Saint Pierre au Jardin des Oliviers : « Penses-tu que je ne puisse recourir à mon Père qui me fournirait sur l’heure plus de douze légions d’Anges ? » (Mt 26 ;53). Dieu nous a créé pour participer à sa vie et au bonheur divins. Or la vie divine et le bonheur divin, c’est l’amour parfait entre les Trois Personnes Divines. Pour mériter d’entrer dans cette vie d’amour, il nous faut apprendre à vivre d’amour pour Dieu sur terre. Tout ce qui compte pour Dieu dans nos vies, c’est l’amour avec lequel nous faisons toutes choses. Faire la vaisselle ou remporter une éclatante victoire à la guerre ; cultiver son jardin ou diriger l’entreprise Toyota ; enseigner à l’école maternelle de tel village ou à l’université de Tokyo ; éduquer ses enfants ou gouverner le Japon, etc… tout cela n’a en soi aucune importance aux yeux de Dieu. Sainte Thérèse dit ceci :

« Dieu n’a pas besoin de l’éclat, ni même du succès de nos œuvres, mais uniquement de l’amour que nous mettons dans nos petites œuvres de chaque jour, en nous efforçant toujours de Lui faire plaisir, de lui jeter, à chaque occasion, les fleurs de nos petits sacrifices. »

Et Sainte Thérèse ne manquait pas de souligner combien la vie de la Sainte Vierge et de Saint Joseph sur terre furent des vies où rien ne sortait de l’ordinaire. Et la veille de sa mort, elle disait encore: « C’est l’amour seul qui compte. »

Conclusion

Chers amis, la sainteté, c’est notre vocation à tous. Ne soyons pas découragés par nos péchés, nos imperfections, notre peu de progrès dans les vertus. Que tout cela nous aide à nous humilier et à nous confier davantage à l’amour miséricordieux de Dieu. Ne cherchons pas les choses extraordinaires dans notre vie, mais que le désir d’aimer Dieu de plus en plus soit la raison de tout ce que nous faisons.

Demandons à sainte Thérèse la grâce de beaucoup aimer Notre-Seigneur Jésus-Christ et notre Mère du Ciel, la Vierge Marie. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

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