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Combat politique, combat ecclésial (partie 1)

  La réflexion suscitée par St Augustin dans La cité de Dieu à propos de l’impunité du désordre peut provoquer elle-même une étrange analogie entre le combat politique et le combat ecclésial aujourd’hui.

Quoique l’ordre soit différent, les deux sociétés étatique et ecclésiale sont victimes de cette révolution agissant comme une re-paganisation, et en pratique, instituant l’impunité du désordre, maquillée comme un faux ordre et une fausse paix. Dans l’Église, la « paix » ecclésiale ne se fonde plus sur le Christ, sa vérité et son enseignement, mais au contraire sur un faux œcuménisme et le dialogue interreligieux faussant cette exigence de la vérité donnée par le Christ et dont l’Église est dépositaire. 

Cela est d’autant plus patent que cette paix, qui n’est autre que impunité de l’erreur et du relativisme érigé comme vertu, et modernisme hérétique érigé comme nouvelle vérité dogmatique, est toujours mielleuse avec toutes les erreurs. En revanche, elle se montre franchement agressive avec la Tradition liturgique, pastorale et dogmatique. Que ce soit les communautés ex-Ecclesia Dei, la Fraternité Saint-Pie-X ou les évêques traditionnels, ils sont tous persécutés d’une façon ou d’une autre, sans oublier, jadis, ces clercs qui conservaient la Tradition et ont été pour cela mis à l’écart de leur diocèse ou de leur congrégation, dans un placard souvent pas même doré.

Il ne s’agit pas de se plaindre, car le chrétien est fier des persécutions qui lui sont envoyées du fait de l’amour qu’il porte au Christ. Ces persécutions, en ce sens, sont un cadeau du Ciel. Cela n’empêche pas de souligner la malice qui préside à ces persécutions, car quoique la Croix permet notre Rédemption, la condamnation de Notre Seigneur est toujours injuste, et la surabondance de grâce couvrant le mal ne le justifie pas.

Voyons maintenant dans la société politique : la place est non seulement occupée par des erreurs politiques et philosophiques majeures (libéralisme, démocratie, socialisme, etc.) mais par un pouvoir, en France, foncièrement illégitime. Cette situation inouïe dure depuis près de 200 ans maintenant, et nous en souffrons tous. La situation est littéralement inouïe, car issue d’une révolution, le pouvoir destructeur et illégitime de la Révolution moderne est tout à fait différent des pouvoirs païens de l’Antiquité, qui se sont convertis. Ces pouvoirs temporels restaient légitimes. L’empereur romain persécutait les chrétiens, mais il était légitime, quoique la persécution était injuste. Les vertus des chrétiens ont justement amené à la conversion, même des puissants légitimes : Constantin, et, plus tard, Clovis.

La Révolution française, sous cet aspect, est certes une re-paganisation, mais avec un élément absolument différent : elle est doublement illégitime. D’abord politiquement, car elle est une révolution, une rébellion contre le pouvoir légitime des rois depuis les francs païens.  Puis, religieusement, car elle est une révolution contre le pouvoir très chrétien, contre un Royaume restauré et poli au cours du temps par la grâce chrétienne.

Enfin, les usurpateurs ne sont plus des souverains à proprement parler, qui pourraient acquérir une légitimité au cours du temps, puisque le principe du droit nouveau est démocratique et la souveraineté présumée reposer dans le peuple… Les nouveaux états, et la République française en particulier, est structurellement illégitime et irréformable, car n’ayant de principe pas de tête souveraine, elle ne peut jamais se convertir (puisque la conversion est toujours personnelle, et pour un État suppose la conversion du chef, du vrai chef).

Nous avons tenté ici une sorte d’analogie, qui n’engage personne, mais qui est intéressante. 

Précisons que la comparaison des deux situations, ecclésiale et politique, comporte une réserve : la situation est différente par rapport à l’autorité. En République, c’est plus facile, car le pouvoir est substantiellement illégitime, là où dans l’Église, le Pape est a priori légitime, et c’est dans l’exercice de son autorité que se situe le problème. 

En un sens c’est bien plus terrible, dans un autre bien plus facile.

Cela provient de la Providence divine : l’Église n’a pas de lois fondamentales, du fait de sa nature, et la promesse du Christ empêche un renversement de l’autorité. Inversement, la France existe encore, justement du fait de ses lois fondamentales, malgré la violence étatique révolutionnaire pour tout détruire de ce côté-là.

A suivre…

Pour Dieu, Pour le Roi, pour la France,

Paul-Raymond du Lac

N.B. : Cet article peut être lu à la suite de celui-ci : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/chetiente-christianophobie/paix-de-dieu-paix-du-monde/  

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