Vie des royalistes

Honneur à notre Princesse Eugénie ! En ce 5 mars 2016, la princesse a 9 ans !

* * *   * * * Actualité de la princesse Eugénie * * *   * * *

Louis XX et la princesse Marie-Marguerite sont heureux de partager avec nous la joie que leur fille, Son Altesse Royale la princesse Eugénie, Fille de France, reçoive le Sacrement de la Première Communion en la chapelle du Monastère des Déchaussées royales (Monasterio de las Descalzas Reales), à Madrid, le 4 juin prochain.

Cette très belle nouvelle est d’autant plus symbolique que la chapelle de ce monastère, fondé en 1559 par Jeanne d’Autriche, fille de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal, abrite le repos éternel d’Alphonse II (1936-1989), père du Roi, et du prince François, Fils de France, Dauphin de France, duc de Bretagne, duc de Bourbon (1972-1984), frère aîné du Roi.

La princesse Eugénie aura donc la grâce de recevoir sa Première Communion sous la protection aimante de ses parents, de son grand-père et de son oncle, mais également, j’en suis certain, de tous les Capétiens qui la précèdent au Ciel et qui s’uniront à elle lors de la première réception qu’elle vivra de ce merveilleux mystère de la transsubstantiation !

Je sais aussi qu’elle pourra compter sur la présence émue auprès d’elle, par la pensée, des fidèles sujets de son père, sentinelles infatigables du Royaume de France !

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Notre Roi Louis XX, son père, a choisi pour sa fille ce prénom en mémoire de son arrière-arrière-grand-mère, la Reine-consort d’Espagne Victoire-Eugénie de Battenberg, épouse du Roi Très Catholique Alphonse XIII d’Espagne.

Née princesse de Battenberg, elle sera Reine d’Espagne, puis Reine de France ! La vie de notre Reine Victoire-Eugénie fut proprement extraordinaire et je me propose de vous en conter une brève évocation.

La princesse Victoire-Eugénie de Battenberg naît à Balmoral le 24 octobre 1887. Elle est la fille du prince Henri de Battenberg et de la princesse Béatrice de Grande-Bretagne, dernier enfant de l’illustre Reine Victoria du Royaume-Uni, Impératrice des Indes et du prince-consort Albert de Saxe-Cobourg-Gotha.

La Maison de Battenberg est issue d’une branche morganatique de la Maison de Hesse. Elle est créée lorsque le prince Alexandre de Hesse, troisième fils du grand-duc Louis II de Hesse, renonce, en 1851, à ses titres et à la succession au Grand-duché de Hesse-Darmstadt pour pouvoir épouser morganatiquement Julia von Hauke. Les nouveaux princes de Battenberg vivent dans le château d’Heiligenberg qu’Alexandre tient de sa mère, la grande-duchesse de Hesse, Wilhelmine de Bade.

Le prince Alexandre de Battenberg était en outre le neveu, par sa tante, Louise Augusta de Bade, du Tsar Alexandre Ier de Russie, le beau-frère, par sa sœur, Marie de Hesse, du Tsar Alexandre II de Russie, et le grand-oncle, par sa petite-nièce Alix de Hesse, du Tsar Nicolas II de Russie…

Louis XX peut ainsi appeler à bon droit les membres de la famille impériale de Russie, « mes cousins »…

La princesse Victoire-Eugénie, simple Altesse Sérénissime, petite-fille du prince Alexandre de Battenberg, et fille du prince Henri de Battenberg, grandit donc à Windsor, à Osborne House et sur l’île de Wight où son père est gouverneur. Après la mort de la Reine Victoria, en 1901, les Battenberg résident au palais de Kensington, à Londres.

En 1905, le destin s’accélère quand le Roi Edouard VII, successeur de la Reine Victoria sa mère et oncle de Victoire-Eugénie, la convie à une réception qu’il organise en l’honneur du Roi Alphonse XIII d’Espagne, qui cherche alors une épouse. C’est à cette occasion qu’Alphonse XIII la remarque et commence à la courtiser.

Seulement, la Reine-mère d’Espagne, Marie-Christine d’Autriche, veuve d’Alphonse XII, ne voit pas cette union d’un bon œil, en premier lieu naturellement à cause de l’origine morganatique des Battenberg. Puis, le soupçon d’hémophilie inquiète beaucoup la Reine-régente pour l’avenir, le frère cadet de la princesse Victoire-Eugénie, le prince Léopold de Battenberg, étant hémophile. La princesse Victoire-Eugénie pourrait être porteuse de ce terrible gène…

Mais rien ne dissuade Alphonse XIII et, en janvier 1906, la Reine-mère Marie-Christine écrit une lettre à Béatrice de Grande-Bretagne pour l’informer des intentions de son fils à l’égard de sa fille. Quelques jours plus tard, le Roi Edouard VII félicite sa nièce et l’élève du rang d’Altesse Sérénissime à celui d’Altesse Royale, ce qui entérine le mariage qui, sinon, eût été inégal. Le 22 janvier, Victoire-Eugénie arrive avec sa mère à Biarritz où le Roi Alphonse XIII les rejoint. Les fiançailles ont lieu le 27 janvier. Puis, Alphonse XIII emmène sa fiancée et la mère de celle-ci à Saint Sébastien pour y rencontrer la Reine-mère Marie-Christine.

Les présentations faites, le 3 février, le Roi retourne à Madrid tandis que Victoire-Eugénie se rend en France, à Versailles, pour y recevoir une instruction catholique. Future Reine d’Espagne, elle doit abandonner la religion luthérienne de son enfance et se convertir à la religion catholique. Le 5 mars suivant, la conversion officielle est célébrée au palais Miramar de Saint Sébastien.

C’est ainsi que, le 31 mai 1906, SAR Victoire-Eugénie de Battenberg épouse  Alphonse XIII d’Espagne au monastère royal Saint Jérôme de Madrid. Le bonheur est complet, l’élévation exceptionnelle… La première épreuve peut alors survenir…

En ce début de XXème siècle, siècle de toutes les barbaries, la folie anarchiste sévit partout en Europe et, sur le trajet du retour vers le palais royal, après la célébration du mariage, un fou criminel lance une bombe depuis un balcon sur la calèche des jeunes mariés. La bombe tombe à côté de la voiture et épargne le couple royal, mais tue vingt-trois personnes du public et de la suite royale et Victoire-Eugénie voit sa robe de mariée entièrement rougie du sang d’un garde qui chevauchait à ses côtés et que la bombe venait de déchiqueter… C’est l’épreuve de l’effroi face à la mort…  

La Reine Victoire-Eugénie s’en remet avec confiance à la Providence quant à l’heure prochaine ou lointaine de sa mort et s’attache à remplir son premier devoir de Reine : donner un héritier à la Couronne d’Espagne. Le 10 mai 1907, elle donne naissance à l’Infant Alphonse, prince des Asturies, à la grande joie du Roi et du peuple espagnol. Elle a rempli son devoir, l’avenir du Royaume s’éclaircit… Le moment est alors venu de la deuxième épreuve… Très vite, l’on se rend compte que l’Infant est frappé d’hémophilie. Ce drame distend irrémédiablement les liens entre la Reine et le Roi qui ne lui pardonne pas d’être responsable de la transmission de cette lèpre sanguine. C’est l’épreuve de la responsabilité dans la mort des autres…

Mais la Reine, toujours confiante, offre au Roi d’autres enfants : le gène, fatal à l’époque, ne touche pas le second Infant, Jacques-Henri (Henri VI de France) dont la descendance sera saine. Il épargne également les Infantes Béatrice et Marie-Christine qui ne le transmettront pas, et l’Infant Jean, futur « comte de Barcelone », mais frappe encore le dernier Infant, Gonzalve, qui meurt dans un accident de voiture en 1934, annonçant en cela le sort de son frère aîné, Alphonse, « comte de Covadonga » après sa renonciation, qui succombera dans les mêmes conditions en 1938…   

Seulement, en 1914, en donnant naissance à l’Infant Gonzalve, la Reine songe sans doute qu’elle a pourvu la Couronne d’Espagne de quatre Infants et de deux Infantes qui assurent définitivement l’avenir du Royaume… La dernière épreuve sera celle de la chute des espérances… Le 14 avril 1931, après la victoire des républicains aux élections municipales et la proclamation de la seconde république espagnole par ces derniers, Alphonse XIII décide de partir en exil afin d’éviter une guerre civile qu’il sent imminente entre républicains et royalistes. La famille royale quitte donc l’Espagne et vient vivre en France. Elle s’installe à Paris, à l’hôtel Meurice. La famille royale d’Espagne vient seulement d’entamer la longue descente aux enfers de l’exil, une chute lente et inexorable, agrémentée des trahisons, abandons, déconsidérations successives qui mènent invariablement au discrédit et au rejet.

Mais, toujours, au milieu de tous les effondrements, la Providence allume des veilleuses… C’est à cette époque que le cousin d’Alphonse XIII, Jacques Ier de France, « duc de Madrid » et « duc d’Anjou », organise une rencontre, le 25 septembre 1931, en son appartement du 43 de l’avenue Hoche (VIII°), afin de sceller la réconciliation entre les deux branches « carliste » et « isabélline » des Bourbon-Anjou et lui remet symboliquement le collier de l’ordre du Saint Esprit, puisqu’il le sait être le futur Aîné des Capétiens après la mort de son oncle, Alphonse-Charles de Bourbon-Anjou. Son devoir de transmission accompli, le flambeau de la Légitimité transmis, le Roi de France Jacques Ier s’éteint dans cet appartement quelques jours plus tard, le 2 octobre suivant.

SAR Alphonse-Charles de Bourbon-Anjou, âgé de quatre-vingt-deux ans, et qui réside à Vienne, en Autriche, succède donc à son neveu sous le nom de Charles XII et prend le titre de courtoisie de « duc de Saint Jacques », en l’honneur de Saint Jacques le Majeur, patron de l’Espagne…

Bientôt, les premiers effets du discrédit de la chute se font sentir : le gouvernement de la république française, voulant plaire aux républicains espagnols, demande à Alphonse XIII, qui a adopté le titre de courtoisie de « duc de Tolède », de s’installer à au moins soixante kilomètres de Paris avec sa famille. La famille royale espagnole s’installe donc à Avon (près Fontainebleau), à l’hôtel Savoy.

En 1933, après de longues années de mésentente, le couple royal se sépare et, l’année suivante, quand la famille royale est, cette fois, fermement priée par les autorités de quitter la France et part s’installer définitivement à Rome, au « Grand Hôtel », la Reine Victoire-Eugénie retourne, quant à elle, s’installer au Royaume-Uni, son pays natal, chez son cousin, le Roi Georges V. Seulement, l’ex-Reine d’Espagne dérange aussi la diplomatie anglaise et Victoire-Eugénie reçoit, à quelque temps de là, la même demande polie mais définitive de quitter le territoire britannique et part se réfugier en Suisse.

Reine d’Espagne déchue, exilée de sa patrie d’adoption, princesse de la famille royale anglaise également chassée par son propre cousin de son pays natal, Victoire-Eugénie devient, alors qu’elle réside à Lausanne, le 29 septembre 1936, à la mort accidentelle du Roi de France Charles XII, survenue à Vienne, l’épouse du nouvel Aîné des Capétiens, qui accède à la Couronne de France sous le nom d’Alphonse Ier et qui l’élève ainsi au statut inouï de Reine de France !

Ceci jusqu’au 28 février 1941, jour où le Roi de France Alphonse Ier s’éteint au Grand Hôtel à Rome et où la Reine Victoire-Eugénie voit son fils aîné, Jacques-Henri, succéder à son père à la Couronne de France sous le nom d’Henri VI. Grand-père de notre actuel Roi Louis XX.

La Reine Victoire-Eugénie s’éteint à son tour à Lausanne, le 15 avril 1969, à quatre-vingt-un ans et est enterrée dans l’église du Sacré-Cœur de Lausanne. Seize ans plus tard, le 25 avril 1985, à la demande de son petit-fils, restauré sur le Trône d’Espagne, le Roi Juan-Carlos Ier, les restes de notre Reine Victoire-Eugénie, auparavant Reine d’Espagne, furent ramenés en Espagne et inhumés dans la crypte royale de l’Escorial, auprès des dépouilles de son époux, le Roi Alphonse XIII d’Espagne puis Alphonse Ier de France, et de ses fils Alphonse, Jacques (Henri VI de France, mort le 20 mars 1975) et Gonzalve.

Sa vie fut un des nombreux fétus royaux emportés dans le cataclysme de l’effondrement d’un monde millénaire fondé sur la prééminence de Dieu sur l’homme. Désormais, l’homme sans Dieu voulait des Nations sans Père et Alphonse XIII d’Espagne, Charles Ier d’Autriche-Hongrie, Nicolas II de Russie, Georges II de Grèce, Siméon II de Bulgarie et tant d’autres, furent engloutis dans la tourmente !

La Reine Victoire-Eugénie fut chahutée par la déréliction mondiale engendrée par la grande hérésie de la révolution française, et sa vie fut une succession de déracinements, mais elle maintint, par sa seule présence, la tradition monarchique qui put s’affirmer en son fils aîné, Jacques-Henri de Bourbon-Anjou, qui incarna hautement, à la surprise du monde, le principe royal dont il se savait le dépositaire, réveillant une Légitimité presqu’endormie par près d’un siècle de douces berceuses orléanistes… Nous lui devons donc notre Roi Henri VI, puis notre tant regretté Roi Alphonse II et surtout notre actuel et si charismatique Roi Louis XX !

Notre princesse Eugénie, en recevant ce prénom, aura reçu la bienveillante protection de son illustre aïeule, qui, j’en suis sûr, veille constamment sur la Famille de France dont elle est devenue, aux côtés de nos quarante Rois et Reines, la céleste gardienne !

Longue vie à notre princesse Eugénie !

Franz de Burgos

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