Vie des royalistes

Hommage à Sa Majesté la Reine Fabiola

Ce vendredi 5 décembre 2014, le Palais royal de Bruxelles annonce vers 19h00 : « Leurs Majestés le Roi et la Reine et les membres de la famille royale annoncent avec une très grande tristesse le décès de Sa Majesté la Reine Fabiola, survenu ce soir au château du Stuyvenberg à Bruxelles ».

Alors, souvenons-nous…

Le 16 septembre 1960, la Belgique découvre, par la voix de son premier ministre Gaston Eyskens, que son « Roi Triste », Baudoin, auquel la rumeur prêtait l’intention de rentrer dans les ordres, va se fiancer avec Dona Fabiola de Mora y Aragon. La surprise est générale et personne ne connaît la future Reine. Fabiola est issue d’une excellente famille aristocratique espagnole, son père est Don Gonzalo de Mora y Fernandez Riera del Olmo, comte de Mora et marquis de Casa Riera et sa mère dona Blanca de Aragon y Carrillo de Albornoz. Elle habite avec ses parents et ses six frères et sœurs un très vaste hôtel particulier pourvu d’une vingtaine de domestiques à Madrid où est reçu le tout Madrid (diplomates, écrivains,…). Elle est alors infirmière à la Croix Rouge et pratique dans un hôpital militaire de Madrid, parle l’espagnol, le français, l’anglais et l’allemand, joue de la guitare et du piano et écrit des contes pour ses neveux et nièces.

Le mariage est célébré le 15 décembre 1960 et c’est la première fois que les Belges peuvent assister au mariage de leur Roi en direct par la magie de la télévision. Dona Fabiola devient alors Sa Majesté la Reine des Belges Fabiola. Et le 10 juin 1961, elle confie au Pape Saint Jean XXIII qu’elle attend un heureux événement… Malheureusement, ce qui sera la Croix de sa vie ne va pas tarder à s’imposer à elle : entre 1961 et 1968, elle fera cinq grossesses extra-utérines, la cinquième s’achevant par une opération qui interdira tout espoir de grossesse future. Le Roi Baudoin ne se confiera qu’une seule fois sur ce drame personnel dans l’un de ses discours : « Nous n’avons pas d’enfant et longtemps, nous nous sommes interrogés sur le sens de cette souffrance. Mais, peu à peu, nous avons compris que n’ayant pas d’enfants à nous, notre cœur était plus libre pour aimer tous les enfants, absolument tous ».

Et son cœur s’ouvre en effet, elle crée le Secrétariat social de la Reine qui reçoit chaque année des appels de détresse de milliers de Belges en grandes difficultés qu’elle tente de régler en intervenant auprès des différents ministères concernés. En 1965, elle devient présidente d’honneur de la Fondation Damien (Dépistage et traitement de la lèpre, de la tuberculose et de la leishmaniose) et aura un comportement magnifique : à plusieurs reprises, elle sera amenée à rencontrer des lépreux qui, naturellement, voudront la saluer et la remercier sans oser s’approcher d’elle. Très à l’écoute de la souffrance de l’autre et aidée par l’exemple du Christ, c’est elle qui s’approchera d’eux et viendra les embrasser. En 1967, très préoccupée des problèmes rencontrés par les handicapés (il faut se rappeler de l’indigence archaïque de la médecine psychiatrique dans les années 60), elle crée la Fondation Nationale Reine Fabiola pour la santé mentale dont seront issus les Villages-Reine Fabiola pour personnes handicapées et l’Hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola.

Puis, la lutte contre la prostitution ou l’émancipation des femmes dans les pays en voie de développement l’accaparent également. En 1992, à la demande du Roi, elle préside à Genève le « Sommet sur le progrès économique des femmes rurales » rassemblant 64 épouses de chef d’Etat ou de gouvernement.

Mais, le 31 juillet 1993, le Roi Baudoin meurt subitement d’une crise cardiaque dans leur villa de Motril, en Espagne. Les funérailles royales se déroulent le 7 août en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles et la Reine Fabiola organise « une messe de gloire et d’espérance » pour cet au-revoir au Roi et apparaît vêtue de blanc, couleur de la résurrection, comme il sied au deuil des reines catholiques.

Le deuil national prend fin le 9 août avec la prestation de serment constitutionnel par Albert II. La Belgique a alors un nouveau couple royal : Leurs Majestés le Roi des Belges, Albert II et la Reine des Belges, Paola.

Sa Majesté la Reine Fabiola (et non plus « la Reine des Belges », titre qui revient à Paola) diminue alors ses apparitions publiques et quitte, en 1998, le château royal de Laeken pour celui du Stuyvenberg. Mais elle continue à beaucoup voyager afin d’attirer l’attention sur la condition des femmes rurales du tiers monde et devient présidente d’honneur de la Fondation Roi Baudoin. Elle demeure aussi présidente d’honneur du Concours musical Reine Elisabeth (un des plus prestigieux concours au monde) qu’elle anime activement depuis 1965.

Mais depuis la mort du Roi Baudoin, « elle vivait dans la mémoire de son mari qu’elle adorait et auquel elle vouait une véritable vénération. Baudoin, pour elle, c’était une présence, ce n’était pas le passé. Elle en parlait beaucoup, convaincue de le revoir. Elle parlait de lui comme s’il était en voyage, comme s’il allait revenir…  », selon le mot d’un proche, rapporté par la presse. Un autre ajoute : « Elle disait souvent qu’elle n’attendait qu’une chose, rejoindre Baudoin. Que ce serait un jour de bonheur pour elle. »

Ce jour est arrivé ce 5 décembre 2014. Le Palais annonce que les funérailles de Sa Majesté la Reine Fabiola seront célébrées ce vendredi 12 décembre en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, je fais le vœu que Sa Majesté le Roi des Belges Philippe offre également à sa tante « une messe de gloire et d’espérance » car la « Reine Blanche » fut, par sa Foi et sa Charité et par l’Amour qui l’unissait à son époux, un modèle exemplaire de ce que Dieu peut obtenir avec une âme fidèle.

Honneur à Leurs Majesté le Roi Baudoin et la Reine Fabiola, d’heureuse mémoire !

Franz de Burgos    

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