Tribunes

[Point de vue] Indignation sélective

Depuis le déclenchement de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, les manifestations de « soutien au peuple palestinien » se multiplient en Occident, en particulier en France. Ces manifestations sont, la plupart du temps, plus l’occasion d’exprimer une haine à l’état brut envers un Etat que de témoigner d’une solidarité avec les victimes gazaouies. Haine d’Israël, haine des Juifs. Des scènes épouvantables se sont déroulées à Paris, Sarcelles et dans d’autres villes de France : attaques de synagogues, saccages de commerces réputés juifs, cris de « mort aux juifs », violence gratuite et insensée : voitures brûlées, abris-bus détruits, statue de Marianne, symbole de la République Française, vandalisée et transformée en support d’étendards salafistes et de pays d’outre-Méditerranée, sur la place de la République transformée en salle de prière à ciel ouvert.

Qui sont ces « manifestants » ? Un mélange d’une majorité de jeunes issus de l’immigration et de gauchistes disciples de Mélenchon et de Besancenot, tous unis dans la haine du « sionisme », d’Israël et de tout ce que cet Etat représente, et dans celle des Juifs. Haine de la France et de ses dirigeants, aussi, accusés d’être pro-israéliens ! Dans de telles circonstances, il est bien sûr impossible de rappeler quelques vérités au sujet de ceux que les « manifestants » nous présentent comme d’authentiques « résistants, dignes héritiers de la résistance française contre l’occupation nazie. Le caractère totalitaire de ce mouvement islamiste, les circonstances de sa prise de pouvoir, ses persécutions anti-chrétiennes sont évidemment occultées. Sait-on, par exemple, qu’il y avait 6000 Chrétiens à Gaza lors de l’arrivée au pouvoir du Hamas, et qu’ils sont moins de 1000 aujourd’hui ?  Sait-on que sur les 600 Chrétiens gazaouis autorisés à transiter en territoire israélien dans les jours qui ont précédé Noël, afin qu’ils puissent célébrer la Nativité à Bethléem, plusieurs dizaines d’entre eux ont demandé à s’installer en Israël ? A-t-on oublié Rami Ayad, l’activiste chrétien de Gaza, assassiné ?

Depuis mars 2011, la Syrie est déchirée par une guerre atroce : 171 000 morts (dont, parmi les civils tués, plus de 9000 enfants et près de 6000 femmes), 17 000 disparus, 11 000 prisonniers exécutés ou torturés à mort (par la rébellion), des destructions énormes, qui n’ont pas épargné le riche patrimoine architectural historique et religieux de ce pays. A-t-on vu, dans nos rues, sur nos places, des manifestations aussi importantes pour le peuple syrien que celles auxquelles on assiste depuis deux semaines en faveur de la population de Gaza ? Pourtant, ce conflit vieux de plus de trois ans a fait 170 fois plus de morts que celui en cours dans l’enclave palestinienne. Pour nos islamistes de banlieues et de nos gauchistes parisiens, les victimes de l’armée israélienne ont donc beaucoup plus d’importance que celles tuées par des Arabes. Sur internet, des réseaux pro-palestiniens ont même poussé l’ignominie jusqu’à utiliser des photos d’enfants syriens morts pour les faire passer pour des victimes de bombardements israéliens. Pire (mais est-ce encore possible ?), ils ont même « recyclé » celles des enfants franco-israéliens Fogel, égorgés avec leurs parents à Itamar, en mars 2011, par de jeunes terroristes arabes, pour les présenter comme des enfants palestiniens assassinés par des soldats d’Israël !

Un autre drame est également passé inaperçu, ces dernières semaines, du fait de la situation à Gaza : en juin dernier, la grande ville irakienne de Mossoul est tombée aux mains des pires salafistes, ceux de « l’État islamique en Irak et au Levant » (EIIL). Après avoir commis des atrocités innommables en Syrie, ils ont lancé une offensive en Irak, où ils contrôlent désormais une grande partie du nord du pays. 500 000 civils auraient fui Mossoul. Mais la situation des Chrétiens est sans doute la pire. Leurs maisons ont été marquées d’un « N » (initiale de « Nazaréen ») et, le 18 juillet, ils ont été mis face à un choix terrifiant, entre la conversion, la mort ou un racket officiel, visant à leur extorquer leurs biens. La croix a été arrachée du sommet de la cathédrale, l’archevêché syriaque catholique et le couvent Saint-Georges brûlés. Les moines du monastère des martyrs Behnam et Sarah, datant du quatrième siècle, ont été chassés. En 2003, il y avait 60 000 Chrétiens à Mossoul. Lors de la prise de la ville par l’EIIL, ils étaient encore 35 000. Aujourd’hui, il n’y en a plus, tous ceux qui l’ont pu se sont réfugiés à Qaraqosh, une ville située à une trentaine de kilomètres de Mossoul. Le 24 juillet, ces fous obscurantistes n’ont pas hésité à détruire à l’explosif la mosquée de Jonas, qui abritait le tombeau de ce prophète biblique, révéré tant par les Juifs et les Chrétiens que par les Musulmans. Des ruines datant du VIIIe siècle avant Jésus Christ et de l’antique Ninive ont subi le même sort. Depuis des mois, des images atroces circulaient sur internet, en provenance des zones tenues par l’EIIL, tant en Syrie qu’en Irak : exécutions de masse, crucifixions, décapitations. Tout cela n’a guère suscité de réactions d’indignation en Occident. Dernière nouvelle venue de Mossoul : les « autorités » ont annoncé que les mutilations génitales féminines étaient désormais obligatoires pour toutes les femmes et filles, preuve que ces prétendus islamistes ne connaissent même pas la religion au nom de laquelle ils combattent, puisque le Coran ne fait aucune mention de telles pratiques.

A-t-on assisté à des manifestations, dans les villes de France, en faveur des victimes irakiennes de ces nouveaux barbares ? A l’exception de quelques initiatives venues d’organisations de solidarité avec les Chrétiens d’Orient, qui ont été très peu médiatisées, on n’a pratiquement rien vu, rien entendu. Ces malheureux Irakiens, aux yeux des islamistes et autres gauchistes de France, ne sont sans doute pas de bonnes victimes, puisque leurs bourreaux ne sont pas israéliens. A la manifestation soi-disant interdite du 26 juillet, on a même vu, suprême insulte aux victimes d’Irak et à la République « laïque » de France, l’infâme pavillon de l’EIIL être accroché à la statue de Marianne, place de la République !

Il est plus que temps que les Français de bonne foi se réveillent enfin et réalisent qui est l’ennemi. L’ennemi n’est pas Israël, le seul Etat démocratique du Proche-Orient. L’ennemi, le véritable ennemi des valeurs qui nous sont chères, c’est celui qui massacre en Syrie et en Irak, celui qui persécute les Chrétiens dans ces pays et même à Gaza, celui qui a entrepris une œuvre d’infiltration et de prise de possession de zones entières sur le territoire même de la République Française !

Hervé Cheuzeville

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