Tribunes

Deuxième sermon sur la signification des rites de la Messe traditionnelle

Messe tridentine

Dimanche dernier, je vous expliquais le sens de certaines cérémonies de la Messe : le double Confiteor, les changements de place du Missel, le mélange d’une goutte d’eau au vin, la façon d’encenser l’hostie et le vin à l’Offertoire. Aujourd’hui je continuerai sur le même sujet en expliquant le sens de quelques autres cérémonies.

Le Hanc Igitur

La troisième partie de la Messe va de la Préface au Pater Noster. On l’appelle « le Canon ». C’est la partie la plus importante de la Messe, pendant laquelle le prêtre change le pain et le vin au Corps et au Sang de Notre Seigneur Jésus Christ.

Avant de faire la transsubstantiation du pain et du vin, le prêtre étend les deux mains au-dessus du calice. Le servant de Messe sonne la cloche une fois à ce moment. Que signifie ce geste du prêtre ? La première signification de cette imposition des mains, c’est de décharger sur Notre-Seigneur tous nos péchés afin qu’Il les expie dans son Sang. Ce rite avait déjà été établi par Dieu dans le culte Mosaïque de l’Ancien Testament : « Aaron ayant mis les deux mains sur la tête du bouc, il confessera toutes les iniquités des enfants d’Israël, toutes leurs offenses et tous leurs péchés : il en chargera avec imprécation la tête de ce bouc, et l’enverra au désert. » (Lev 16 ;21). La deuxième signification de ce rite de l’imposition des mains sur le calice, c’est de signifier notre volonté de nous immoler nous aussi pour l’amour de Dieu, de détruire en nous tout ce qui déplaît à Dieu, de nous dévouer à Lui entièrement.

En même temps que le prêtre transfère nos péchés sur le Christ-Victime, il prie Dieu de nous accorder les fruits de l’expiation opérée par Notre-Seigneur. Ces fruits sont la paix intérieure et sociale sur terre, la préservation de l’enfer et l’admission au Ciel.

La Double Consécration

Parlons maintenant de la Consécration. Pourquoi le prêtre fait-il une double consécration ? Pourquoi change-t-il le pain au Corps de Jésus, et ensuite le vin au Sang de Jésus ? Après la Consécration, Notre-Seigneur est tout entier présent dans l’Hostie, avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité. Alors, ne serait-il pas suffisant de consacrer seulement l’Hostie et ainsi d’offrir Jésus à Dieu ? Non, ce ne serait pas suffisant. La Messe est le renouvellement du sacrifice de la Croix ; pendant la Messe, Jésus s’immole, c’est-à-dire donne sa vie, comme Il le fit sur la Croix, pour l’amour de son Père. Pendant la Messe, cette immolation doit donc être signifiée en même temps qu’elle est réalisée.

Elle est signifiée par la double consécration. En changeant d’abord le pain au Corps de Jésus, puis ensuite le vin en son Sang, le prêtre sépare le Corps et de Sang de Jésus. Or vider quelqu’un de son sang, c’est le mettre à mort. Donc, par la double-consécration, le prêtre signifie et réalise mystérieusement la mort de Jésus sur la Croix. Au XIIe siècle, il y eut un hérétique nommé Bérenger qui nia la présence réelle de Jésus sous les apparences du pain et du vin, après la consécration. En réaction contre cette hérésie se développa le rite de l’élévation de l’Hostie et du calice. Ces deux élévations a pour but d’honorer Notre-Seigneur et de donner l’occasion aux fidèles de faire un
acte de Foi dans la présence réelle de Jésus. C’est pourquoi, au moment de l’élévation, il est recommandé aux fidèles de regarder avec amour l’Hostie et puis le Précieux Sang, et en même temps de faire un acte de Foi dans leur cœur en disant « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est par ces paroles que St Thomas Apôtre professa sa Foi en Jésus Ressuscité.

La petite élévation

Parlons maintenant de la Petite élévation qui conclut la troisième partie de la Messe, le Canon. Le prêtre fait avec l’Hostie trois signes de Croix au-dessus du calice, puis deux autres signes de Croix devant le calice, et finalement il élève un peu le calice et l’Hostie ensemble. Le servant de Messe sonne la cloche une fois à ce moment. Que signifient ces gestes ? Ces gestes accompagnent la prière que dit le prêtre. Le prêtre dit en parlant de Notre-Seigneur : « C’est par Lui, avec Lui, et en Lui, que tout honneur et toute gloire vous sont rendus, ô Dieu, Père tout-puissant, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. » En disant « C’est par Lui, avec Lui et en Lui », le prêtre désigne qui est « Lui » en faisant à chaque fois le signe de Croix au-dessus du calice. « Lui », c’est Jésus Christ crucifié, également présent sous les deux espèces du pain et du vin.

Puis le prêtre fait avec l’Hostie deux signes de Croix, non pas au-dessus du calice mais devant, en nommant Dieu le Père et Dieu le Saint-Esprit. Le prêtre fait ainsi car il ne parle plus de Jésus-Christ sous les apparences du pain et du vin, mais de Dieu à qui est offert le sacrifice de la Croix et de la Messe. Enfin, le prêtre élève un peu ensemble le calice et l’Hostie en un geste de glorification de Notre-Seigneur Jésus Christ. Les fidèles disent ensuite « Amen ». Cet Amen des fidèles est important car il exprime leur adhésion à l’immolation et aux prières faites par le prêtre pendant le Canon.

Le Pater Noster

La quatrième partie de la Messe est la Communion. Elle s’étend du Pater Noster à la fin de la Messe. Cette partie commence avec la récitation du Pater Noster. Pourquoi dire cette prière à ce moment-là de la Messe, tout-de-suite après le Canon ? Tout simplement parce que l’immolation de Jésus, réalisée au Canon de la Messe, nous réconcilie avec Dieu et nous rétablit dans notre filiation divine. Donc l’effet immédiat du Canon de la Messe, c’est de nous permettre d’appeler Dieu : « Notre Père ».

Veuillez noter un détail intéressant de notre belle liturgie. Le prêtre doit regarder Jésus dans l’Hostie en disant le Notre Père. Pourquoi cela ? C’est surprenant car c’est Jésus qui est dans l’Hostie, non pas Dieu le Père… Le prêtre regarde l’Hostie en disant le Notre Père car Jésus a dit : « Celui qui Me voit, voit aussi le Père. » (Jn 14 ;9).

La fraction de l’Hostie

Pour finir, considérons la fraction de l’Hostie. Après le Pater Noster, le prêtre rompt l’Hostie et en mélange un petit morceau avec le Précieux Sang dans le calice. Pourquoi ce rite ? En rompant l’Hostie, le prêtre imite Notre-Seigneur Jésus qui, lors de la Dernière Cène, rompit l’Eucharistie avant de la donner à ses Apôtres. Mais surtout le prêtre signifie la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus. En consacrant séparément le Corps et le Sang de Jésus pendant le Canon, le prêtre a signifié la mort de Jésus. En réunissant dans le calice le Corps et le Sang de Jésus, le prêtre signifie le retour à la vie, c’est-à-dire la Résurrection de Jésus.

Il est important de rappeler et de signifier la Résurrection de Notre-Seigneur pendant la Messe. La Messe n’est pas un simple mémorial d’un évènement passé, à savoir la mort de Jésus au Calvaire. À la Messe, c’est Jésus bien vivant qui agit, qui renouvelle mystérieusement au Ciel et sur l’autel son sacrifice de la Croix. Il est important aussi de signifier la Résurrection de Jésus pendant la Messe, car elle est le signe que l’expiation de nos péchés par le sacrifice de la Croix et de la Messe a été agréé par Dieu.

Conclusion

Chers lecteurs, je finirai ce sermon comme on finit la Messe : en disant Deo Gratias. Oui, merci à Notre-Seigneur Jésus-Christ d’avoir inventé la Messe pour renouveler indéfiniment son Sacrifice ; merci à Dieu le Père de nous avoir donné la Messe pour pouvoir Lui offrir un sacrifice digne de Lui ; merci à Dieu le Saint-Esprit de nous avoir donné par la liturgie romaine un moyen extraordinaire d’exprimer humainement un merveilleux mystère. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

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