Littérature / Cinéma

Contre la justice laxiste

Une fois n’est pas coutume. Nous évoquions la semaine dernière un livre du député Georges Fenech sur la garde des Sceaux Christiane Taubira : nous récidivons aujourd’hui, avec un ouvrage de Philippe Bilger[1], afin de clore cette parenthèse sur le thème Justice.

            « Si une vraie politique pénale n’est pas au rendez-vous, c’est la politique qui deviendra une peine pour les Français ».

            Voilà le sort qui nous attend. Nous avons du souci à nous faire : un quinquennat catastrophique n’est pas terminé, et il est à peu près certain que le suivant sera impuissant à renverser la vapeur. C’est une démonstration comme une autre de la nécessité d’une royauté en France.

            Fermons la parenthèse. Bilger signe des formules incisives dans lesquelles nous reconnaissons souvent la marque d’un homme ayant lu et relu Bernanos. Sa charité à lui, c’est la franchise. Quand d’aucuns ne tarissent pas d’éloges, lui ne tarit pas de critiques et de vacheries en tous genres, concluant ainsi son essai : « sous la fausse gloire, une espérance trahie, un échec éclatant ». Taubira aura excellé par un « désastre pour tous ». Tout est dit.

            Nous ne pouvons nous empêcher de comparer deux livres portant sur le même sujet. Si Philippe Bilger surpasse par son style d’écriture (il y a parfois quelques airs de pamphlet) Georges Fenec, il lui est bien inférieur dans l’argumentation et dans la technicité du propos. Aussi, nous conseillerons à notre lecteur de préférer l’opus de Fenec, mine d’arguments. Avec Bilger, c’est du bonus : vous passerez deux petites heures à vous payer la tête de Taubira. Oui, car le titre est trompeur : Contre la justice laxiste cache en réalité un Contre la garde des Sceaux. C’est cette dernière qui occupe le haut du pavé, en-têtes et pieds de page compris. Elle est le diable que l’auteur souhaite exorciser et chasser de la Place Vendôme. Si son bilan (non clôturé à ce jour) au ministère de la Justice est vertement incendié, la personnalité et le passé de la Guyanaise sont vilipendés.

            Philippe Bilger ne se cache pas d’être un homme de droite. Il vomit l’idéologie de gauche qui, dans le cas de Taubira, se divise en trois grands points. 1°/ Un verbiage bien-pensant et inconsistant, tendant à occuper de l’espace en s’épargnant toute action effective. 2°/ Une négation permanente de la réalité, incarnée par exemple par l’opinion publique ou par des faits divers comme le récent braquage d’une bijouterie de Nice terminé par un ace d’autodéfense. 3°/ Un renversement enfantin des problèmes, consistant à dire : la surpopulation carcérale n’est pas due à un manque de prisons… mais à un trop-plein de prisonniers ! Aussi faudrait-il diminuer de manière drastique le nombre de ces derniers ! Le même élément comprend le poncif selon lequel la prison serait une école du crime. Et Bilger de rappeler : « Ce n’est pourtant pas la prison qui crée le crime, mais le criminel ».

            Autant d’évidences qui méritent, malheureusement, d’être remises sur la scène publique. La Justice se délite en France, comme l’ensemble du pays. À qui la faute ? Chamfort disait : « C’est un grand avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. » Alors n’abusons plus, et agissons !

Jean de Fréville


[1]    Contre la justice laxiste, Paris, L’Archipel, 2014, 160 p., 13,50 €.

 

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