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Cinéma. « Le Fils d’un Roi », par Cheyenne-Marie Carron

Le Fils d'un roi - Cheyenne Marie Carron

Il y a deux ans, Cheyenne-Marie Carron sortait Le Fils d’un Roi (2019). L’Institut de la Maison de Bourbon (IMB) et l’Union des Cercles Légitimistes de France (UCLF), qui s’en étaient faits les parrains, louaient alors « un film réussi qui fait mouche […], servi par des acteurs tout simplement excellents par leur authenticité et le ton juste. »

Au vu du sujet et des critiques dithyrambiques, nous nous étions promis de visionner l’œuvre suscitée. Il faut dire que L’Apôtre, sorti en 2014, nous avait déjà semblé intéressant. Toutefois deux ans avaient passé et nous n’avions toujours pas vu Le Fils d’un Roi. Désormais, c’est chose faite.

Résumé

Le décor est planté dès les toutes premières images du film, l’action se déroule dans la banlieue parisienne, au milieu des tags et du bitume. Les Français existent encore mais se font rares. Dans une salle de classe de lycée professionnel, un professeur d’histoire termine sa leçon sur la Révolution de 1789, « grande source de progrès », et propose à ses élèves un exposé sur le sujet. Toutefois, tous ne sont pas dupes. Majoritairement noirs et arabes, beaucoup d’entre eux connaissent et aiment les sociétés traditionnelles dont ils sont originaires, ainsi que leurs religions. Certains d’entre eux, comme Élias, ne peuvent accepter le mépris (inconscient) dont fait preuve leur enseignant vis-à-vis de la royauté marocaine et montrent leur hostilité vis-à-vis de la mère des révolutions : « tuer le Roi comme vous l’avez fait, c’est comme tuer Dieu ! »

Kévin — prénommé d’après Kevin Costner —, fils d’un petit artisan et d’une ancienne ouvrière polyhandicapée, souffrant d’un manque d’horizon, de spiritualité et de racines, est admiratif du discours d’Élias et lui propose de faire l’exposé avec lui. Commence ici le début d’une grande et forte amitié !

Élias, bien que marocain et attaché à son pays d’origine, est aussi un fervent amoureux de la France et de l’Occident. Dans sa chambre, aux photos du roi du Maroc, se mêlent de façon très éclectique des portraits du roi Philippe Auguste, de Louis XX, du dit comte de Paris (c’est dommage, les personnages principaux du film, comme la cinéaste, se refusent à choisir entre légitimisme et orléanisme), de Brigitte Bardot, de Clint Eastwood…

D’origine très modeste, les deux amis sont de prime abord fascinés par l’extraordinaire dimension sociale de la royauté Très Chrétienne. Enfants de leur temps, ils sont aussi attachés à la modernité des monarchies actuelles.

Durant leur chemin politique et spirituel, ils sont souvent confrontés aux clichés et à la méconnaissance qu’entretiennent nos contemporains sur la royauté, mais ils rencontrent aussi, parfois à leur grand étonnement (et au nôtre), des adultes qui les poussent à continuer leur réflexion en ce sens (tels la mère d’Élias, le collègue du père de Kévin ou leur enseignante en mathématiques). Ces rencontres sont-elles hasardeuses ? Pour Élias, « le hasard n’est que l’ombre de Dieu » !

Évidemment, la plupart des professeurs ne peuvent comprendre la soif « de beauté, de grandeur et de sacré » qui touche les deux jeunes hommes. Les élèves, eux, sont plus bienveillants à l’égard de leurs camarades et les soutiennent à plusieurs reprises, notamment lorsque leur exposé se voit « censuré » car jugé trop « prosélyte » et favorable à la monarchie. Nos deux héros peuvent-ils nier ce biais ? Non, évidemment, leur but était clairement affiché, d’ailleurs.

Rappeler la lutte des rois de France contre les lobbys d’argent et l’usure : blasphème pour l’Éducation nationale ! Heureusement, ils ont été arrêtés avant de pouvoir évoquer trop longuement la loi Le Chapelier contre les corporations ! Mais rapidement, Élias, Kévin et leurs soutiens voient l’École publique et ses représentants se monter contre eux : « leurs valeurs sont incompatibles avec les nôtres » rappelle le proviseur à la mère d’Élias. Quelques rares professeurs se lèvent tout de même : leur rôle est-il de faire avaler à leurs élèves leurs propres convictions, une « vérité officielle » ? Kévin décidera bientôt d’abandonner ses études… En effet, petit à petit, alors que ses convictions s’affirment et se renforcent, la vie semble s’assombrir pour Kévin, qui doit désormais continuer son aventure sans son meilleur ami.

Mais n’est-ce pas quand l’enfer semble se dessiner sous nos pieds que l’Espérance prend tout son sens ? N’est-ce pas à ce moment que le sacré et la Providence se font le plus ressentir dans nos vies ? Kévin en fait l’expérience dans ce film, malgré lui mais pour son plus grand bien…

Conclusion

Le Fils d’un Roi est un film intéressant, par le sujet qu’il traite, mais il est très loin d’être parfait. Comme tous les films de Cheyenne-Marie Carron, il comporte quelques longueurs. On doit seulement reconnaître à la cinéaste sa capacité à nous faire oublier, malgré quelques rares dialogues interminables, la modestie des finances qui sont les siennes[1]. Là est son grand talent ! Cheyenne-Marie Carron excelle dans le cinéma indépendant, à petit budget !

Sur le fond, on doit toutefois lui reprocher son angélisme. À force de vouloir faire preuve de bienveillance, objectif infiniment louable et charitable en théorie, la cinéaste se retrouve parfois à devoir ménager la chèvre et le chou, à ne pas s’accommoder de la réalité. Par exemple, faire des Arabes de banlieues des modèles d’enracinement pour les Français, perdus au point de donner à leurs enfants des prénoms d’acteurs américains à la mode dans les années 1990, est une vaste blague. Le second point dénonce certes une déconnexion tout à fait réelle entre les Français et la terre de leurs ancêtres, mais le premier point est totalement invraisemblable… L’attachement de nos immigrés et de leur progéniture à leurs pays et à leurs traditions est bien réel, mais il est le plus souvent très superficiel. Il faut dire que, en plus d’être déracinés mentalement, ils le sont physiquement…

Cheyenne-Marie Carron a l’audace et le courage de traiter des sujets auxquels aucun autre artiste contemporain ne s’intéresse. Pour cela, elle mérite notre attention et notre soutien. Malgré tout, Le Fils d’un Roi — même s’il demeure intéressant en raison du sujet iconoclaste qu’il traite et qui ne peut que nous toucher — est loin d’être un chef-d’œuvre. C’est dommage car, sur le papier, c’était un film prometteur !

Vexilla Galliae


[1] Le CNC préférant offrir des millions pour la production d’un énième nanar progressiste ou immigrationniste…

Une réflexion sur “Cinéma. « Le Fils d’un Roi », par Cheyenne-Marie Carron

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