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La séparation de l’Église et de l’État, une imposture !, par Paul de Lacvivier

 

La laïcité est la religion de la République française, et son église, la Maçonnerie : ils l’avouent eux-mêmes, et c’est vrai !

 

Cette laïcité se traduit dans le monde révolutionnaire contemporain par la sacro-sainte « séparation de l’Église et de l’État » pour les pays catholiques de tradition, comme en France, ou, dans une version plus molle et libérale, par la « liberté de culte » ou la « liberté de religion », dénoncée en son temps par Léon XIII dans son encyclique sur le libéralisme.

 

Pourquoi cette bêtise est-elle un piège ?

Car elle est d’abord un mensonge.

 

Le gouvernement radical républicain de 1905 a pris pour prétexte la « séparation de l’Église et de l’État » pour persécuter l’Église, spolier son patrimoine et expulser les ordres contemplatifs. Le résultat est connu : luttes dans tout le pays entre autorités et fidèles catholiques protégeant leur prêtre et leur église. Grâce à Dieu, les événements ne prirent pas la tournure jacobine de la Terreur de 1793, et le sang ne coula pas, mais l’alerte fut aiguë, et les persécutions de l’État laïc contre l’Église et les catholiques ne cessèrent plus à tous les niveaux : épuration des administrations, dans l’armée. On peut même dire que cela fut une cause lointaine de la mauvaise préparation de la guerre, avec les conséquences catastrophiques non seulement pour la France mais pour toute l’Europe et ce qui restait de chrétienté…

 

Et tout cela se fonde sur un mensonge : car les républicains voulaient « séparer » l’Église et l’État… Sauf que l’Église et l’État n’ont jamais été fusionnés dans l’histoire très chrétienne de la France ! C’est justement la particularité exceptionnelle de la religion universelle : la société politique parfaite que constitue l’État dont la fin est le bien commun, est bien distincte de la société parfaite que constitue l’Église et dont la fin est le salut des âmes. Chaque baptisé fait partie de ces deux sociétés, bien distinctes, bien séparées. L’histoire de France montre comment les deux sociétés collaborent étroitement, et de façon ordonnée, pour assurer le bien commun en vue du salut des âmes : c’est l’union du trône et de l’autel.

 

Pas de concept abstrait « d’État » avec un grand « E » ou « d’Église » avec une grand « E », mais bien un Roi incarné, « l’évêque de l’extérieur », qui, depuis son trône, fait régner la justice chrétienne, et des clercs de chair et d’os, qui offrent le sacrifice du Christ sur les autels.

 

Cet union bien ordonnée, qui n’est pas une fusion, du trône et de l’autel, se déclinait à tous les niveaux, depuis le Royaume jusqu’à la paroisse, avec son châtelain et son curé.

 

L’État et l’Église ont ainsi toujours été séparés dans le monde catholique.

 

Alors, qu’ont séparé les républicains en 1905 ? Rien.

Ce fut un prétexte pour persécuter l’Église, et finir de déraciner tout pouvoir chrétien dans le monde séculier.

 

Mais mieux : sous le couvert de cette loi de « séparation », en pratique nous avons assisté à une fusion de l’État républicain avec l’Église maçonnique !

Soit un retour aux sociétés préchrétiennes, sous couvert de « modernisation ».

 

Et cette fusion est bien concrète : les dirigeants politiques, parlementaires et autres fonctionnaires sont aussi massivement des francs-maçons sous la Troisième République : on estime que les parlementaires de l’époque sont maçons à hauteur de 70%.

 

Nous voilà de retour à l’Antiquité païenne où le chef est aussi le prêtre, ou le sacrificateur.

 

I L’état normal de l’humanité est la fusion de la religion et de l’État

 

Il faut le dire car les résultats de l’anthropologie et le constat de l’histoire est massif : toutes les sociétés, à part la société catholique, présentent une fusion du religieux et du politique. Les sociétés dites « primitives » qu’étudie l’anthropologie en sont un exemple parfait (pensez aux sociétés précolombiennes par exemple !).

Les études de René Girard, ce Français exilé aux États-Unis car il ne pouvait pas travailler en France républicaine, ont bien montré comment le fait religieux fusionné au fait politique créait une société faite de tabous et de préceptes religieux, qui sont autant de lois politiques. Rites de passages, sacrifices, tabous, superstitions.

 

René Girard analyse comment les sociétés affrontent les crises dites « mimétiques » (violence engendrée au fond par l’envie entre les hommes, soit ce que génère au plus haut point une société démocratique qui met tout le monde sur le même plan ; comme quoi le monde contemporain est encore un retour au monde primitif !) en désignant des « boucs-émissaires », de façon totalement injuste, mais permettant de contenir la violence en la déversant sur un individu ou un groupe d’individus (que ce soit le roi-prêtre, les esclaves, les étrangers sacrifiés, ou n’importe qui d’autres).

 

Ainsi, les sociétés païennes honnêtes et pieuses poussent la logique jusqu’aux sacrifices humains ; les sociétés plus indifférentes ostracisent, ou avortent, ou font la guerre.

 

René Girard explique ensuite que Jésus-Christ vient mettre fin à cette logique sacrificielle du bouc-émissaire : Jésus est LE bouc-émissaire universel, l’Agneau immolé pour notre salut, qui met fin à tous les sacrifices sanglants et à l’injuste lynchage. René Girard souligne encore que seuls les Évangiles et la Bible sont anti-mythiques : les mythes des grandes civilisations parlent des dieux, et évoquent de façon voilée et en les justifiant ces crises mimétiques et ces phénomènes de lynchage. Seule la Bible parle de l’histoire d’un peuple – et non de l’histoire des dieux – et seuls les Évangiles ne font pas semblant de dire que la condamnation de Jésus-Christ était juste ; il est le bouc-émissaire, et il est victime de l’injustice dénoncée comme telle, et non pas justifiée.

 

C’est le début des sociétés chrétiennes, qui ont mis fin à l’esclavage, et construit des institutions fondamentalement justes et saines : mariage, tribunaux, équité.

 

Soulignons enfin que notre temps contemporain est un retour au monde païen indifférencié.

L’Ennemi veut nous faire croire que toutes les révolutions et la modernité ne sont que des projets politiques : pas du tout, ceux sont de nouvelles religions, souvent messianiques, avec leurs préceptes et leurs tabous, se fondant sur la fusion de l’État et de la religion.

 

Cette fusion, d’ailleurs, est d’une logique imparable : contrairement à la doctrine catholique, le salut doit être apporté sur cette terre, il faut donc bien que les prêtres de cette religion soient aussi les politiques, puisque le bonheur allégué doit être réalisé sur cette terre, et c’est bien l’État qui réalise le bien commun qui se confond avec le salut religieux.

 

Soyons concrets, trois exemples de fusions montrant l’universalité du phénomène

 

  1. Les sociétés dites primitives : les Mayas, les Aztèques, les autres peuplades anthropophages des Caraïbes (pour des raisons religieuses, étant animistes, manger le corps permettait de s’approprier l’esprit et la vertu des personnes dévorées), les peuplades des îles du Pacifique, etc. Tous les missionnaires en témoignent, les annales antiques en témoignent aussi (les sacrifices humains chez les Celtes, les Germains, les Slaves, etc.). Les mythes en témoignent encore (et pensons aux Spartiates, aux Romains et aux Grecs pour lesquels la Cité était Dieu, et où l’on ostracisait régulièrement des ennemis déclarés comme boucs-émissaires). Au Japon, l’empereur est aussi le sacrificateur par excellence, et le chef de toutes les sectes bouddhiques ; en Chine aussi, l’empereur est avant tout le « fils du Ciel », etc.

 

Donc toutes les religions païennes se fondent sur la fusion du religieux et du politique.

 

  1. Les sectes hérétiques judéo-chrétiennes se fondent aussi sur cette fusion. Les juifs, qui sont par définition ceux qui ont refusé le Christ, ont fondé la religion talmudique, dite rabbinique entre le I et le IIIe siècle : là aussi le religieux et le politique sont fusionnés. La fin de la nation juive est sa fin religieuse : reconstruction du temple, royaume temporel et domination sur tous les peuples.

L’Islam et ses sectes, qui sont issus d’une hybridation arabisante avec des sectes judéo-chrétiennes, fusionnent aussi le religieux et le politique : le Calife est tout aussi bien roi que chef religieux !

 

Mais les protestants aussi ! Regardez : quelles que soient les sectes protestantes, le religieux et le politique se fondent. Dès le départ, les princes protestants, comme la reine d’Angleterre, deviennent chefs religieux, et les « clercs » se laïcisent, c’est-à-dire que les politiques deviennent religieux.

Regardez la Constitution américaine et son messianisme temporel : l’objectif de l’État fédéral est religieux !

De là vient aussi le capitalisme, une autre religion : le succès temporel est de facto le signe d’un succès religieux pouvant montrer qu’on est élu !

 

Donc, CQFD.

La religion catholique est l’exception qui confirme la règle : toute société, hors la catholique, fusionne le religieux et le politique !

 

3. Et la « modernisation » n’est en fait qu’une « paganisation » de la société mettant fin à la parenthèse de la Chrétienté qui a duré près de 1500 ans en Europe de l’Ouest. Longue parenthèse, certes, mais exceptionnelle.

Nous assistons aujourd’hui à la fin du cycle : plus de sève chrétienne pour nourrir les institutions christianisées ; alors ces institutions disparaissent. Fin du mariage monogame, meurtres de masse par l’avortement, mépris pour les pauvres et les faibles, recréation des intouchables, etc., etc.

 

Nous vivons ainsi une guerre de religion. La Révolution se couvre de politique, mais elle est avant tout religieuse : si vous voulez la combattre, il faut la combattre au même niveau, c’est-à-dire par la véritable Religion.

 

Le vingtième siècle des conservateurs s’est en cela bien fourvoyé : il croyait régler la situation avec de la « politique » là où il fallait la religion catholique…

 

Le drame de notre temps moderne est d’avoir profité des bons fruits de la chrétienté, encore là alors qu’on l’avait coupée à la racine : la Révolution et la modernité ont ainsi pu s’attribuer des succès qui n’étaient en fait dus qu’au substrat catholique des sociétés encore vivaces, ou à l’inertie chrétienne séculaire qui ne disparaît pas si facilement.

 

Aujourd’hui, ces ferments sont quasiment extirpés : nous revenons à la société primitive !

 

Regardez ! Prenons le Covid.

C’est une nouvelle religion primitive.

Vous avez les chamanes (les médecins), vous avez les tabous (masque, mesures sociales, etc.), vous avez des crises mimétiques et des préceptes (confinement, faire le test, etc.), vous avez vos rites de passage, avec ses risques physiques qui font de vous un « adulte » de cette société primitive (le vaccin) et de nouveaux intouchables (au mieux des mineurs perpétuels, les non-vaccinés, exclus de la sociabilité normale, de certains emplois, etc.).

La voix du chef fait loi, aussi fausse et erronée soit elle, comme dans les temps païens.

 

Tout est là, mais le meilleur est à venir…

 

Pour Dieu et pour le Roi !

Paul de Lacvivier

 

(À suivre)

0 réflexion sur “La séparation de l’Église et de l’État, une imposture !, par Paul de Lacvivier

  • Madeleine P.

    Très très intéressant, merci. Lors d’un “débat” sur l’avortement avec mes frères et sœurs non chrétiens, on m’a dit que le débat était biaisé à cause de mes “croyances”. Très pratique car ça clôt immédiatement la discussion. C’est drôle qu’ils ne se rendent pas compte qu’eux aussi ont des “croyances”, lentement mais sûrement instillées dans leurs esprits. Des croyances maçonniques, laïcistes, droitdelhommistes… Ils sont d’ailleurs bien moins “tolérants” que nous…

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