Histoire

[Saga Autarcie] Article 16 – Du fonctionnement du régime monarchique pendant l’ère Edo – 2 – un fonctionnement harmonieux entre Cour et Shogounat

L’étude suivante se compose de 18 articles se suivant, à paraître à rythme hedomadaire. Articles précédents

Article 1 de la saga: L’autarcie au Japon ou le Sakoku 鎖国, première approche

Article 2 de la saga:  Les origines de l’autarcie nipponne

Article 3 de la saga:  Les origines du mot  d’ « autarcie » au Japon

Article 4 de la saga : Autarcie, question de point de vue

Article 5 de la saga : L’autarcie, politique pratique pour la protection du pays, tout simplement

Article 6 de la saga : De l’autarcie à l’ouverture du pays – toujours pour la protection du pays et pour le service du divin

Article 7 de la saga : L’influence de la pensée autarcique en Europe : Fichte contre la pensée kantienne

Article 8 de la saga :  Chauvinisme et pensée du Joi à la fin de l’ère Edo

Article 9 de la saga :  L’autarcie comme prolongement du chauvinisme légitimiste, réflexion sur la souveraineté

Article 10 de la saga :  Au centre et à la source, le Roi, autarcie et chauvinisme n’étant que des politiques pratiques.

Article 11 de la saga : La pression extérieure et la non-évidence de l’ouverture du pays : la signature des traités

Article 12 de la saga : L’union autour du Roi au-delà des dissensions superficielles : de l’idée chauvine purement défensive à l’idée chauvine de défense par l’expansion

Article 13 de la saga : Le chauvinisme, le vrai, comme amour de son pays, comme sentiment sain et nécessaire

Article 14 de la saga : Mise en parallèle et Contraste en Restauration Meiji et Révolution Française

Article 15 de la saga :  Du fonctionnement du régime monarchique pendant l’ère Edo – 1 – Du rôle sacredotal du Tennô

Le fonctionnement concret du régime monarchique passa par un certain nombre de décret shogounaux imposant certaines règles aux maisons nobles:

« Afin d’assurer son monopole sur les fonctions de la cour et de l’autorité du Tennô, le Bakufu proclama en 1615 (première année de Genwa), après le retrait des troupes d’Osaka, « les diverses interdictions regardant la Cité interdite et les maisons nobles ». Cet édit fut préparé par la proclamation en 1613, deux ans auparavant, les « diverses interdictions visant les maisons nobles » et « l’interdiction d’octroyer le shie », que nous nous proposons d’analyser en premier.

Le décret des « diverses interdictions visant les maisons nobles » du 16 Juin 1613 se compose de 5 articles dont les trois principaux sont les suivants. Le premier rappelle le devoir des Maisons Nobles de cultiver les études et leur art propre. Le second, La peine d’exil au cas où le devoir ne serait pas réalisé avec rigueur ou en cas d’opposition aux interdictions du décret. Et le troisième le devoir de tout Noble d’accomplir son service de garde du Palais avec zèle. Tout comportement enfreignant ces devoirs peut s’ensuivre d’une peine d’exil prononcée par le Bakufu sur la demande d’une des Cinq Maisons Régentes de la Cour transmise par le Héraut noble. En bref, les devoirs primordiaux des maisons nobles pendant l’ère Edo consistaient dans le perfectionnement des arts propres à chaque Maison, et à l’accomplissement de son service à la garde du Palais.

Le même jour fut proclamé le décret « l’interdiction d’octroyer le shie ». Il consiste à exiger du Tennô qu’il communique préalablement au Bakufu sa décision de nomination des grands supérieurs des 7 temples Daitokuji, Myoshinji, Chionji, Chionin, Jôkeiin, Sennyuji et Ao Kômyoji : « Pour la transmission des enseignements du Bouddham il faut bien choisir et mesurer la compétence du successeur, et ensuite seulement ordonner sa nomination. »  »[1]

Il est à noter plusieurs caractéristiques intéressantes : tant dans le Bakufu que dans la Cour, les « conseils », d’un côté les Cinq Maisons régentes, de l’autre les Anciens, monopolisaient la majeure partie des décisions, qui pourraient faire croire à une sorte de chef-marionnette, mais ce serait une erreur, en ce sens où, si la décision royale ou shogounale se fait rare, elle est d’autant plus puissante ; les Maisons de la Cour possédait un art, ou des arts à cultiver, allant de rôles religieux, comme être à la tête de tous les sanctuaires du royaume, ou encore de transmettre la science astrologique chinois, en passant par la confection des habits, l’étiquette, certains arts martiaux, l’art poétique, les études, le thé, etc ; et ensuite le devoir de tout jeune noble de servir  à la protection du Roi.

La communication entre Bakufu et Cour passait par deux Héraults Nobles, choisis en général au sein des mêmes familles, et qui transmettaient dans un sens ou dans l’autre demande, rapport, etc. L’ordre fut toujours respecté, et le Tennô resta au-dessus du Shogoun, même s’il n’avait pas les rênes du pouvoir, il restait son centre. Les pressions extérieures permettront de révéler cet ordre progressivement, en clarifiant en particulier le mandat du Shogoun, alors considéré comme lieutenant général à part entière, qui a non seulement des devoirs militaires en tant que général-shogoun, mais aussi des devoirs de gestion générale dans tous les domaines, en particulier en matière de relations extérieures.

Le point central se situe certainement dans l’aspect harmonieux et foncièrement collaboratif de la Cour et du Bakufu : jusqu’à la toute fin du Bakufu, personne, et certainement pas le Roi, ne pensait à la chute du régime shogounal. Seul la mort du Tennô régnant de l’époque, Koumei, qui refusait de légitimer la rébellion quasiment ouverte des clans de l’Ouest contre le Shogounat, accéléra les évènements et conduisit à la restitution du mandat par le dernier shogoun. De la même façon, les ingérences progressives de la Cour dans le gouvernement du Bakufu ne furent jamais pour le déstabiliser, mais simplement axés sur le bien du pays, dont les politiques nécessaires ne purent être tenus par le Bakufu – chose peut-être d’ailleurs impossible. La limitation réciproque de la Cour par le Bakufu visait à la protéger tout autant, en la sacralisant toujours, et en la tenant en dehors oppositions partisanes de factions ou de partis.

Paul-Raymond du Lac

[1] Ibid, p.8/9 « 幕府による天皇権威や朝廷機能の独占のために、一六一五(元和元)年の大阪の陳後、「禁中並公家諸法度」を発布した。その前段階として、二年前の一六一三(慶長一六)年に「公家衆法度」と「勅許紫衣の法度」を発布しており、先ずそれから検討しよう。一六一三年六月一六日に「公家衆法度」が出されたが、五ヶ条のうち主な内容は次の三条である。第一条で公家衆は家々の学問を励むこと、第二条で行儀、法度にそむく者は流罪に処すこと、第三条で昼夜の御番(禁裏小番)を老若ともに怠りなく務めることとした。これらに反する行為があれば、五摂家や武家伝奏からの届けに応じて、幕府が流罪などの沙汰をすると明記した。つまり江戸時代の公家の役儀(義務)は、家々の学問(公家家業)と禁裏小番を禁止することを規定したものである。この禁裏小番と公家の家業については後に詳述する。また「勅許紫衣の法度」も同日に出されている。大徳寺・妙心寺・知恩寺・知恩院・浄華院・泉涌寺・粟生光明寺と七ヶ寺の住持職は、天皇から勅許がなされる以前に幕府側に武家伝奏を通して告知せられるべしというもので、「仏法相続のため、その器量を選び、相はかるべし。その上を持って入院のこと申し沙汰あるべきものなり」という内容を持っている。 »

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