Histoire

[Saga Autarcie] Article 5 – L’autarcie, politique pratique pour la protection du pays, tout simplement

L’étude suivante se compose de 18 articles se suivant, à paraître à rythme hedomadaire. Articles précédents

Article 1 de la saga: L’autarcie au Japon ou le Sakoku 鎖国, première approche

Article 2 de la saga:  Les origines de l’autarcie nipponne

Article 3 de la saga:  Les origines du mot  d’ « autarcie » au Japon

Article 4 de la saga : Autarcie, question de point de vue

L’étude du sujet de la réception de l’autarcie au Japon permet aussi de remettre en cause un certain nombre d’oppositions et de classifications postérieures et anachroniques sur cette époque, que nous pourrons mieux déceler encore avec l’étude du chauvinisme nippon. Il est en effet habituel de voir les érudits des « sciences hollandaises » -nom de la discipline désignant les sciences occidentales sous l’ère Edo- au Japon vue par les penseurs nippons de l’après-guerre comme des sortes de précurseurs d’une pensée progressiste et de soutien à l’ouverture du pays, ce que l’étude des sources réfute : ils ne pensaient tout qu’à protéger le pays, son peuple et ses traditions.

« Il pourrait sembler à première vue contradictoire, voire bizarre, qu’un érudit en sciences occidentales tel Shizuki  puisse être un si fervent soutien de la politique d’isolation du pays. Il n’y a en réalité pourtant rien de contradictoire dans sa pensée. Par exemple, un penseur comme Ootsuki Gentaku recommandait que tous les japonais travaillassent à maîtriser les sciences hollandaises, mais qu’une fois la maîtrise atteinte, il n’était plus besoin d’entretenir des relations avec l’Occident. Même un progressiste comme Honda Yoshiaki […] pouvait se révéler assez souvent un virulent thuriféraire de la politique de fermeture du pays, en trahissant nos attentes de contemporain. Shizuki pensait cette politique sans doute possible de la même façon que ces deux penseurs. En bref, il pensait que pour choisir ce qu’il fallait prendre ou non de l’Occident, il fallait d’abord et de façon prérequis conserver absolument le pouvoir concret et effectif de choisir [soit conserver la souveraineté du pays]. »[1]

Voici ainsi, en guise d’exemple, la motivation du traducteur Shizuki, qui introduit le mot Sakoku, dont le fond du cœur est on-ne-peut-plus-clair :

 « Je n’ai pas traduit ce livre pour quelques raisons de divertissement qui soit. J’ai l’honneur d’être né dans ce pays, ce qui n’est pas donné à tout le monde, dans une époque éclatante de paix pour laquelle nous ne pouvons qu’être reconnaissant, bénis par pluie et rosée qui nous donnent une force vive que nous avons la joie de raconter. Nous craignons les mœurs étrangères et leurs manière et nous détestons leurs hérésies et leurs violences puisque nous avons encore plus que ce que toute l’humanité recherche : nous avons conscience de respecter des personnes plus que respectable et de suivre des enseignements sans équivalents. Je ne peux m’empêcher de penser que protéger fermement et de tout notre cœur notre cher pays, cette grande famille, face à l’extérieur ne peut en rien nous être dommageable d’une quelconque façon. »[2]

Nous commençons à percevoir le facteur principal et sous-jacent de l’autarcie, qui n’est pas poursuivie pour elle-même, mais pour d’autres raisons, qui tournent en particulier autour d’un amour profond pour sa terre, son pays, son peuple et ses traditions dont l’autarcie est un moyen pratique pour protéger son pays. Cela expliquera pourquoi le pays s’ouvrira en fin de compte, car les contemporains réfléchissaient au bien du pays, et le flot des évènements fera prendre conscience progressivement qu’une autarcie stricte, vue l’agressivité occidentale, risquait d’amener l’annexion du pays, voire sa destruction pure et simple.

 « En bref, [Oota] Minamine voit aussi chez Shizuki un patriotisme, mais cela ne veut pas dire qu’il loue le travail du traducteur du simple point de vue de son chauvinisme. On voit ainsi dans son introduction qu’il ne considère pas l’isolement comme une position arrêtée et absolue, et qu’il observe une position bien plus fine que cette binarité : « Faut-il fermer le pays ou non ? Ouverture ou fermeture, l’important est le bon gouvernement du pays, et on sait que dans le lointain passé nous avons réformé le pays en envoyant des délégations en Chine, ainsi que des étudiants, afin de rapporter arts, lettres et manières. » Cette sentence, « Ouverture ou fermeture, l’important est le bon gouvernement du pays » permet de rappeler que la politique extérieure de notre pays depuis deux mille ans a alterné périodes de fermeture chauvine comme périodes d’ouverture libre. »[3]

Le but finalement des débats est de trouver les modalités pratiques pour parvenir à conserver le meilleur pour le peuple et le pays, qui se confondent, dont la paix et la tranquillité sont une composante essentielle :

 « Nous voyons à la lecture que tout ce qu’il [Yokoi Shônan] énonce a pour but finalement de « chercher le bien du peuple » et de « protéger la paix éternel dans ce bas-monde ». »[4]

 

[1] Ibid, p.142 « 志筑のような優れた洋学者が、同時にまた熱心な鎖国論者であったことは一見奇異に見えるが、しかしかならずしも矛盾していたわけではない。たとえば大槻玄沢なども日本人はオランダの学問を身につけなければならないが、一たんこれが成就された暁には、それ以上西洋との交渉をつづける必要はないと考えていた。本多利明……(中略)ほどの進歩派でも、ときにわれわれの期待を裏切って、鎖国論者の態度をとることがあったのである。志筑もまたこれら二人と同じ考え方だったにちがいない。すなわち、日本が西洋から何を借り入れるかについて、日本人は自由な選択の能力を保持していなければならないというのである。 »

[2] Ibid, p.143 citation de shizuki « 今予が是書を翻訳するも、徒に玩娯に具へんが為にはあらず、我輩の斯る得がたき国に生まれ、かかる有り難き御代にあひて太平の草木と共にまた上もなき雨路の恵を蒙ることの楽しさを語り出でん時の興を添える一助ともなり、兼ねては又異国異風の恐るべく、邪説暴行の悪(にく)むべくして、普く天下に求めれども更に尊むべきの人もなく仰ぐべきの教えもなき事を悟りて、外を禦ぎ内を親しむの再切用なる心を固くするの道において微く稗益する処もありなんかしと思うばかりになんありける。 »

[3] Ibid, p.145 « つまり南畝も志筑の訳業に一種の憂国の志を読みとっているのだが、それがやはり単純に国粋的な観点から訳者の意図を壮として担ぎ挙げているわけではない。彼は序文冒頭で、<国は鎖すべきか、…国は鎖すべからざるか、一啓一閉は治国の要なり、古は遣唐の使、留学の生、礼楽文物以て吾国を革む>とも言っていて彼自身鎖国絶対の意見ではない、微妙な立場を垣間見させているのである。この<一啓一閉は治国の要なり >の一句ははからずも我国の二千年の対外政策の歴史にみられる閉鎖的排外主義と開放的受容の交替のリズムを言い当てている。 »

[4] Ibid, p.156 小楠« だがこれらの言葉が畢竟皆<民を安ずる所以なり>、<天下に万世の安きを保つ所以の道>を踏むための布石として置かれていることは一読して明らかであろう。 »

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