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L’éducation : une histoire de famille et une histoire divine (3)

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine

Au fil du livre : Tadashi SHIGA, Histoire de l’éducation dans l’antiquité japonaise(日本古代教育史), Tôkyô, Chiyoda Shobo, 1977

Cercle sur l’éducation Communication première – Préhistoire Japonaise – 4

Articles précédents :

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine – 1

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine – 2

L’éducation, une affaire de famille, une affaire royale, une affaire divine – 3

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Une communauté humaine aussi immense qu’un État ne peut avoir de substance que dans la religion. L’auteur décrit d’ailleurs ainsi le processus de formation de l’état antique japonais, qui s’est formé sur l’édification de la foi des familles, s’étendant ensuite aux communautés villageoises, aux maisons élargies, jusqu’à la maison nationale :

« Une fois possédé l’objet magique, le propriétaire acquiert le pouvoir sacerdotal sur le village mais aussi s’assure le pouvoir de diriger temporellement. Il devient à la fois prêtre et monarque. En se vouant aux dieux, il soumet les hommes. Grâce à une autorité absolue due au sacré, il devient un monarque temporel possédant le pouvoir séculier et concret. Cette tradition se retrouve dans la fameuse « union du trône et de l’autel » chez nos Tennôs historiques qui réunissent sacerdoce, politique et éducation en eux. »[1]

La Foi est pratique avant tout, et lui est indissociable. C’est ce qu’on retrouve dans un hasard providentiel dans l’église catholique et l’incarnation de Jésus : tout dans la tradition catholique et orthodoxe insiste, reconnaît, admet et vit avec l’union de la chair et de l’âme, concrétisée et illustrée par l’incarnation de Jésus, et continuée par sa présence réelle et le saint esprit. Le protestantisme est en cela une hérésie idéalisante, qui cherche à supprimer la partie « chair », la partie matérielle de la religion, en réduisant les mystères des sacrements à de simples « commémorations », en croyant que la Parole de Vie, n’est qu’une parole intellectuelle, etc. En creux, la partie matérielle, qui continue à exister, est laissée soit à tous les abus, soit est soumise à un rigorisme excessif.

Laissons la parole à l’auteur sur le sujet de l’union nécessaire entre divin, hommes et nature, ou encore entre matière, esprit et divin, ou encore, comme il l’indique, entre économie, moral et religion, chacune de ces séries de trois termes se répondant successivement, en soulignant comment les choses et la matière sont le médium à travers lequel nous tissons les liens entre nous, toutes les choses, et le divin :

« Ainsi, en passant par les choses comme médium, divin et humain peuvent entrer en contact. La frugalité dans les choses, la piété envers le divin et l’humilité parmi les hommes. Par ces trois actions simultanées, choses, hommes et divins s’unissent et se relient. Le domaine des choses, soit l’économie, celui des hommes, soit la morale, et celui du divin, soit la religion, s’unissent naturellement, fusionnent et forment une « trinité » si on peut dire. »[2]

Il remet en cause ensuite tout intellectualisme, et rejette la société actuelle dite de consommation, tout en mettant dos à dos une sorte « d’écologisme » tout aussi moderne dans son essence, qui ou bien fait de la nature un idéal, ou bien la considère comme une simple matière à modeler.

« Si la connaissance humaine auréolée de gloire est estimée au plus haut point, et que de ce fait, il devient normal d’utiliser comme simple moyen la nature qui nous fait vivre et nous soutient, jusqu’à lui résister et vouloir la soumettre, alors nous devons renoncer de tout urgence à ce rêve démesuré que font les hommes. Et pourtant personne ne réfléchit au sujet ni ne se repent de la profanation que subit la nature ; au contraire chacun ne cherche que son profit et sa satisfaction immédiate, dans une production intensive de produits peu chers, où la consommation est présentée comme la vertu par excellence créant une culture du jetable. Ne devons-nous pas éviter cet écueil ? Certains peuvent penser que naguère, pendant la guerre, nous étions prêts à tout pour vaincre, et même à faire passer la violence avant la justice, si le moyen était efficace. Je ne sais pas si effectivement nous avions abandonné la justice aux moyens, mais en tout cas, en nos temps actuels de paix, la recherche du profit économique par tous les moyens tombe dans ce travers et il n’est pas étonnant que les critiques de l’homme tel « un animal économique » fusent de partout. Terre, mer et atmosphère, jusqu’à la survie des hommes même, deviennent de plus en plus menacés. Du point de vue de nos ancêtres, détruire la nature revenait à profaner l’esprit divin. Nous craignons aujourd’hui le tribunal de l’histoire. La restauration signifie à proprement parler renaissance, et comme nos ancêtres restaient humbles devant les choses, restaient humbles devant les hommes, et restaient humbles devant Dieu, en unissant choses, hommes et divin, le problème que nous devons résoudre aujourd’hui est de savoir comment placer dans la vie de tous les jours en harmonie et dans un équilibre subtil en union la triade économie [choses], moral [homme] et religion [divin]. Le seul tribunal à craindre est celui de Dieu ! » [3]

[1]

       Ibid, p.37 « その際、その呪物を所有することによって祭祀権と同時に村の治的な支配権を確保することになり、彼は司祭者であると供に君主である。彼は神を祭ることによって人々を支配する。彼は神聖にして絶対的な権威を背景にして、地上現実の権力支配支配の君主と成る。その伝承は歴代の天皇が祭祀と政治と教化、すなわち際政教を一にすることになる。 »

[2]     Ibid, p.91 « このようにして物に媒介せられて神と人が相通じ、物に倹しみ、神に虔しみ、そして人に慎む。そうすることによって、物・人・神の三者は、一味に融通する。物即ち経済、人即ち道徳、神即ち宗教の三者はいとも自然に融通し、融合して、いわば三位一体を成すこととなる。 »

[3]     Ibid, p.92 « そこに人間理知の栄光は高く評価されるにしても、さればといって人間を支え生かしつつある自然を手段とし、その自然に対抗し、挑戦して、征服するところに人間の栄光を夢見ようとする思い上がりが省みらなくてはなるまい。しかも人間の目先の私利私慾のためには自然を冒瀆して省みるところなく、それによって廉価に多量の製品を作り上げ、消費は美徳ぞ、使い捨ててこそ文化生活の徴表があるとしておりはせぬか。かつて戦時中には勝利のためには手段を選ばず、暴力は正義に勝るとあったか、どうかは措くにしても、平和の今日、経済的利潤追求のためには、手段を選ばぬとあっては、いわゆる「エコノミック・アニマル」に非難も当然であろう。今や地上ばかりか、海洋や大気を汚染し、あらゆる生物、人間の生存さえも脅かしつつある。我々の先人たちの信仰からすれば、自然の破壊は、神霊を冒瀆することにほかならぬ。われわれは歴史の審判を恐れる。復古は、その語の正しい意味において新生をこそ意味すべきもの、われわれの先人たちが、物につつしみ、人につつしみ、神につつしみ、物・人・神を一にして、経済と道徳と宗教が、各々その処を得て均等と調和を致すべきものとした生活態度を如何にもして今後に新生させることこそ今後の歴史的課題でなくてはなるまい。われわれは神の審判を恐れよう! »

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