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Tâches serviles – la sagesse de l’Église ! (2), par Paul-Raymond du Lac

Nous avons vu dans un premier article l’utilité des tâches serviles. Voyons maintenant leurs dangers et leurs limites.

L’Église nous ordonne explicitement de ne pas s’adonner à des tâches serviles le dimanche : travailler la terre, réaliser des tâches pour le « travail » rémunérateur, faire un devoir pour un étudiant, et tout ce que vous pouvez imaginer comme tâche servile qui n’ont pas été réduites en notre siècle malgré le progrès technique (la nécessité d’aller au lavoir autrefois a été remplacée par l’excel ou le coup de téléphone professionnel, mais ces tâches, dans leur nature, restent serviles, c’est-à-dire issues de nécessités temporelles).

Le commandement de l’Église est clair : pour s’adonner à Dieu et élever son âme, il faut sortir des tâches serviles pour s’adonner à la méditation, à la prière et à la contemplation.

L’étude fait partie de ces tâches nobles, car s’adressant aux parties angéliques de notre âme, l’étude théorique et spéculative des vérités de notre foi, ou des vérités en général, nous ordonnent plus naturellement à Dieu.

Et en pratique, si on est forcé de faire des tâches serviles dans notre vie, on comprend pourquoi le commandement de l’Église est si expresse : la tentation est grande de ne faire que de tâches serviles, car, malgré la fatigue qu’elles peuvent donner, elles sont agréables, elles permettent de « s’échapper » en ne pensant ni trop à notre mort, et aux choses importantes, ni à penser véritablement à Dieu, tout en donnant un sentiment de satisfaction « d’avoir fait quelque chose » et une fatigue physique agréable qui permet de mieux dormir.

Si l’Église ne mettait pas le « Oh là », on aurait tendance à se faire prendre par le monde.

Car la tâche servile dans notre état de post-péché originel est comme une tendance constante à la mondanité, si on y prend pas garde, et à flatter les besoins corporels, sous prétexte de nécessité.

Toutes ces tâches doivent être ordonnés au tâches nobles, et à celle par excellence qui est la contemplation, la méditation et la la prière pour Dieu.

D’où la nécessité de réduire au minimum les tâches serviles, même hors du dimanche, pour se concentrer à des tâches nobles, dont l’apostolat (sous toutes ses formes) est un élément important.

Il faut être humain et savoir qu’on ne peut pas les supprimer absolument, mais les moines savaient les ordonner et les réduire au strict nécessaire : ce qui demande un grand esprit de sacrifice. Habillement pauvre, nourriture pauvre, simplicité de vie réduisent les nécessités corporelles, qui, si on y prend garde, peuvent devenir sans limite. Regardez le négociant qui veut toujours vendre plus, et étendre plus son commerce ! L’intellectuel goinfre de savoir qui ne sait plus s’arrêter dans l’étude de connaissances inutiles, sans les approfondir et les comprendre pour une plus grande élévation de l’âme, du chef qui veut tout décider dans tous les détails au lieu de réduire sa décision prudente au strict nécessaire pour le bien et le perfectionnement de ses subalternes.

Les moines savent être ordonnés, et divisent leur temps entre trois moments forts : Dieu, premier servi, puis le travail, et le plus noble possible (certains ordres, comme les dominicains, réduisent à peau de chagrin les tâches serviles par une grande pauvreté et simplicité de vie pour se consacrer à l’étude, qui permet de mieux aimer la vérité, et ainsi de mieux la transmettre et la protéger par le prêche et l’apostolat, et aussi de mieux méditer et contempler Dieu) et enfin les pures nécessités corporelles (repos et sustentation), tout cela dans des cycles en bonne intelligence avec les saisons et les temps liturgiques, en appliquant une sagesse immémoriale.

Les tâches serviles ainsi réduites au minimum, limitées, nous libèrent un temps précieux pour Dieu et les tâches nobles.

Notre temps moderne est ainsi impardonnable : le progrès technique permet de simplifier à outrance de nombreuses tâches serviles, si on veut bien user des outils qui sont mis à disposition. Mais que fait le monde? Il multiplie les tâches serviles à l’infini, en prétextant la technique pour au contraire tomber dans une servilité inégalée !

Avant la tâche servile physique vidait l’esprit et permettait, si on voulait bien, de mieux contempler la nature. Aujourd’hui, la tâche servile essentielle consiste, outre la pure mondanité des réunions infinies, des sessions mondaines – qui existaient autrefois aussi -, à se perdre en tâches informatiques, rapports, procédures qui n’en finissent pas. On peut aussi avoir la tendance à multiplier à loisir, pour des raisons « bios », « d’économie » ou autre des tâches serviles, qui font perdre beaucoup de temps pour peux de résultats, et qui rendent plus difficiles toutes les tâches plus nobles, en alourdissant le quotidien.

Il serait bon, pour le laïc dans le monde, de temps en temps, en plus de son examen de conscience quotidien, de se poser et mettre à plat ses tâches, pour juger objectivement ce qui est nécessaire ou non, et trouver les bonnes stratégies pour supprimer ce qui n’est pas nécessaire – en étant humain et doux, mais parfois violent, car les mauvaises habitudes se cachent souvent sous le prétexte de « nécessités » serviles qui sont inventés par son fond propre…ou par manque de courage dans son entreprise ou ailleurs face au monde.

Il est très facile de se faire emporter par les tâches serviles : faisons leur donc la vie dure !

Pour mieux se consacrer aux choses vraiment importante, notre Salut, nos devoirs d’État élevés, comme la transmission, la direction et la prudence politique : soyons ainsi royaux et nobles dans nos missions diverses, et quelque soit notre place – car le degré de servilité dans notre vie n’est que proportion des jougs que l’on s’impose soi-même, et ou les nécessités extérieures sont le plus souvent un prétexte pour ne pas penser aussi souvent à Dieu qu’il le faudrait, ou pour ne pas se consacrer aussi souvent qu’il le faudrait à des tâches comme l’étude, la lecture spirituelle, la formation, et, in fine, l’apostolat, la direction, la transmission.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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