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Réformer l’université – en cas de restauration, que faire ? (1)

L’objectif de ces quelques articles est de proposer ce que pourrait être l’université dans un royaume de France restauré à notre siècle.

Pour ce faire, après avoir rappelé la fin de l’université, nous commencerons par brosser un portrait de la recherche aujourd’hui, ses mérites, et surtout ses défauts, à corriger.

Nous ne pourrons pas être exhaustif, et l’idée est de donner les grandes lignes d’une restauration de l’université royale et catholique, qui n’appellent qu’à être développés dans ses détails.

Nous nous fondons sur la saine doctrine royale issue de notre tradition très chrétienne, que la doctrine légitimiste ne fait reprendre, et sur la sainte Foi catholique. Nous nous fondons aussi sur notre propre expérience de l’université et de la recherche.

I Qu’est-ce que devrait être l’université, à la lumière de son histoire et de sa création médiévale ?

L’université est, normalement, le lieu par excellence de la recherche de la vérité, quel que soit le domaine, et dans sa dimension intellectuelle.

Le Moyen-âge, qui a créé l’université, sous patronat du Roi et du Pape, en a fait le lieu par excellence de la recherche intellectuelle de la vérité, pour mieux éclairer les objets de connaissance à la lumière de la Révélation divine de la Bible et de la Tradition.

La vérité recherchée est évidemment une connaissance objective. Rappelons la définition de la vérité thomiste : « adéquation d’une affirmation avec la réalité désignée ». Il s’agit bien donc d’une correcte appréhension par la raison humaine de la réalité telle qu’elle est. Que cette réalité soit divine (théologie), humaine (philosophie, avec son sommet, la métaphysique, appelée encore la science des principes), historique (les événements du passé), psychologique (le fonctionnement de la part animale de notre âme), physique (physique, chimie, biologique, et la plupart des sciences dites modernes ou naturelles, et même mathématiques, en ce sens où les mathématiques sont l’œuvre de l’abstraction pure à partir de constations physiques), etc.

Il existe de nombreux domaines dont les vérités sont définies par leur objet, et dont la connaissance est limitée par nos limites d’une part, et les moyens d’atteindre cette réalité d’autre part (en histoire, les documents sont le moyen essentiel d’atteindre l’événement du passé, et donc nous sommes aussi limités par ces mêmes sources pour atteindre la réalité recherchée dans le passé ; en physique, notre capacité d’observation et de mesure sont les moyens d’atteindre la réalité matérielle, et nous sommes limités par ces moyens, en mathématique et en métaphysique, outre l’observation, le moyen est la raison elle-même, et nous sommes donc limités par notre raison).

En ce sens, la théologie est évidemment la reine des sciences, à la fois du fait de son objet, Dieu, la Vérité par excellence, l’objet le plus parfait, le plus aimable et donc le plus digne d’études, mais aussi par l’excellence des moyens qui nous sont donnés : pour atteindre Dieu, la Révélation nous a été donnée, par Dieu lui-même, et donc elle est infaillible et ne peut se tromper. Nous ne sommes limités que par notre raison, qui, à partir du donné révélé, et des méthodes d’interprétation et de vérification données par la Tradition apostolique, déduit des conséquences sur Dieu, sur la Providence, et sur les vérités de la Foi. Tout est dans la Révélation, mais le bon Dieu a comme voulu que nous utilisions notre plus noble puissance, la raison, pour tirer les conséquences parfois implicite ou voilées du donné révélé.

En résumé, l’université s’occupe des sciences, et met à l’honneur la puissance la plus noble de notre âme, l’intelligence. Cette vérité acquise permet de nous rendre plus aimable le bon Dieu, et sa création, puisqu’on aime que ce qu’on connaît bien, et permet ainsi de mieux exercer notre seconde puissance la plus noble de notre âme, la volonté, dans son acte, l’amour, ou encore la charité.

La connaissance nous permet aussi de détester mieux le pêché, en comprenant mieux toute l’horreur de ses conséquences.

Et la connaissance nous permet enfin de mieux œuvrer à la gloire de Dieu en s’occupant mieux de la Création, et en usant mieux pour notre bien ou le bien commun. Ainsi, par exemple, l’histoire est à la fois une façon de mieux comprendre notre présent et honorer les ancêtres, qui nous rattachent in fine à Adam et à Dieu, mais aussi à prendre conscience de notre rôle de moyen et de notre nature politique. L’histoire est enfin une mine d’or d’enseignements pour ceux qui gouvernent à tous les niveaux de la société, du père de famille au roi, de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, et aide à prendre des décisions prudentes.

La fin de l’université est ainsi la connaissance, autrement dit s’approprier et éclairer les vérités. L’université, par ce biais, forme ainsi des professeurs qui eux-mêmes peuvent transmettre les vérités largement pour les faire briller à leur place parmi tous les hommes.

Les universitaires ont été historiquement et systématiquement des clercs : ce n’est pas pour rien, l’œuvre de recherche est noble par excellence, et demande donc le sacrifice de tout, une vie pauvre et réglée, une grande humilité afin de ne pas tomber dans la fatuité que le savoir que l’on s’approprie comme venant de soi-même peut provoquer.

Si la fin de l’université est la vérité, son moyen est la méthode. Chaque discipline à sa méthode, comme les juges ont la procédure, pour que les chercheurs puissent, par humilité, se réfugier derrière une bonne méthode permettant de se protéger contre nos faiblesses, et d’atteindre sûrement le but, soit la vérité.

En fonction de l’objet de la science, et des moyens pour y accéder, la méthode va varier. En philosophie, on raisonne par induction, en théologie par déduction, en histoire c’est la recherche archivistique, en physique l’expérience et le protocole.

Ce qui permet d’assurer la bonne application de la méthode -sorte de liturgie de la science, qui, comme la liturgie, permet aux ministres du culte de s’effacer derrière la sainte liturgie, les soutenant dans leur ministère, et leur mâchant le travail, évitant les chutes et les sacrilèges-, son amélioration et sa perpétuation est l’organisation en corporation des chercheurs. Ils forment une société de pairs, qui jugent, par l’expérience du chercheur prudent, les productions des pairs, et forment les nouveaux docteurs.

De cette façon, l’université peur prétendre arriver à la production d’un savoir vivant et sûr, dans les limites de sa validité (limites données par l’objet, par les moyens et par notre raison).

Voici ce qu’est, essentiellement, l’université.

Regardons maintenant la situation actuelle.

 

(à suivre)

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

Une réflexion sur “Réformer l’université – en cas de restauration, que faire ? (1)

  • Grégoire Legrand

    Tout ceci relève un peu du rêve, car la restauration n’est pas faite. Mais la question est bonne : Que faire (comme disait Lénine) ? A mon avis, Lénine propose aussi la solution : il faut tout démolir, et tout rebâtir. Ou plutôt, il faut laisser l’université achever de s’autodétruire.

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