Les sages-femmes peuvent-elles tuer les bébés qu’elles accouchent ?, par Paul de Beaulias

Les sages-femmes peuvent-elles tuer les bébés qu’elles accouchent ? Tout bon catholique français répondra que non : et effectivement une sage-femme, dont le rôle est d’accoucher, ne peut pas avoir dans un pays catholique d’autre rôle que de donner la vie.

L’insistance sur la protection des bébés nés ou à naître est aussi vieille que l’Église : nous trouvons dès le texte de la Didaché du premier siècle chrétien des directives pour interdire l’exposition (c’est-à-dire l’abandon) de son bébé par les femmes chrétiennes, et l’interdiction formelle de tout avortement — des choses qui se faisaient dans la Rome antique civilisée.

Nous sentons déjà avec l’exemple de la Rome antique que la protection de la vie n’est pas si évidente… malgré le sens commun encore chrétien d’un certain nombre de nos contemporains catholiques qui pensent qu’il est évident que des sages-femmes sont là pour protéger la vie, et non pour la prendre…

Il se trouve que mon épouse a accouché récemment à domicile, avec l’aide de deux bonnes sages-femmes japonaises, qui ont une grande expérience et continuent d’accoucher à domicile malgré les vents contraires de la surmédicalisation et l’expansion ces dernières années de la péridurale au Japon (qui était encore ne serait-ce qu’il y a 10 ans quasiment inconnue).

Après l’accouchement, je parlais avec elle et lui racontait qu’en France, avec la constitutionnalisation du droit de l’avortement, on voulait attaquer la clause de conscience non seulement des médecins mais surtout des sages-femmes, ce qui créait une levée de boucliers assez formidables dans la profession.

Un peu gênée, elle me raconte qu’autrefois au Japon, les « accoucheuses » (お産婆さん, ou « aide-accoucheuses » 助産師 : ces seuls termes montrent déjà, d’un point purement lexical, la différence d’appréhension du métier en terre chrétienne et en terre païenne) accouchaient autant pour sauver que pour tuer. On leur demandait souvent, en effet, d’accoucher une femme en secret pour jeter ensuite le bébé : cela afin d’éviter qu’un adultère ou une relation qui n’aurait pas dû exister, ou encore la naissance d’un enfant gênant pour la succession, ne puisse être dévoilé… Il était souvent plus économique et plus sûr pour la femme d’accoucher et de tuer plutôt que de tenter un avortement qui pouvait être dangereux et faire des dégâts pour la fécondité. La sage-femme me raconte encore que les accoucheuses au Japon, jadis, avaient ainsi développé des techniques d’accouchement hyper-propres, sans rien déchirer, pour ne laisser aucune trace de l’accouchement… et même mimer une virginité…

Bref, cette sage-femme païenne, bien que de bonne volonté et gênée par ce qu’elle me racontait, ne pouvait pas bien comprendre que des sages-femmes résistent en France contre le flux mortifère actuel, puisque ce flux n’est au fond, dans une optique païenne, que le retour à la normalité… Elle croit certainement que, par définition, partout et même en occident, les « accoucheuses » font aussi offices de « terminator » pour bébés gênants puisque, si proches de la vie, elles sont aussi les mieux placées pour prendre ces vies sans que personne ne sache même encore qu’elles existent…

Il a fallu la chrétienté pour interdire rigoureusement tout ce sordide trafic, le rendre non seulement illégal et peccamineux, mais le réduire à presque rien dans la réalité, en christianisant aussi celles qui ont l’office si sacré d’aider à donner la vie.

La société se déchristianisant, il n’est pas étonnant que la « normalité » païenne s’impose de nouveau : l’enfant-objet est l’objet du bon vouloir absolu de la mère et des femmes qui contrôlent la maternité (l’inégalité naturelle fait que l’homme peut facilement être exclu, et que la paternité est bien moins évidente à prouver que la maternité, d’où l’importance du patriarcat pour éviter le désordre des successions et des familles), qui en disposent pour des raisons mondaines et diverses… Ainsi, la sage-femme, paganisée, devient à nouveau la personne la plus adéquate pour faire double-office de vie et de mort…

Paul de Beaulias

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !