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Sermon au sujet des péchés intérieurs

Dans l’Évangile, nous lisons que Jésus pardonna les péchés à un paralytique. Et à cette occasion, « les Pharisiens dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème. Jésus connaissant leurs pensées leur dit : Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? » (Mt 9 ;3-4). Cette parole de Notre-Seigneur Jésus nous rappelle qu’il ne suffit pas de ne pas commettre de péché en paroles et en action, mais aussi qu’il ne faut pas en commettre en son cœur. Car c’est du cœur que viennent tous les péchés : « C’est du cœur, que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses » (Mt 15 ;19). Nous devons être saints dans notre attitude extérieure, mais surtout dans notre cœur. Aujourd’hui je vous parlerai des péchés intérieurs.

La nature des péchés intérieurs

Les péchés intérieurs sont les péchés que nous commettons en pensée uniquement, sans action extérieure. Les péchés intérieurs les plus ordinaires sont les péchés de blasphème contre Dieu et son Église, les pensées et les désirs contre la chasteté, la justice ou la charité.

Ils peuvent se rapporter au passé, c’est-à-dire se rappeler avec complaisance des actions mauvaises passées, par exemple de s’être saoulé ; ils peuvent se rapporter au présent, c’est-à-dire entretenir actuellement de mauvaises imaginations, par exemple des pensées de vengeance ; Ils peuvent se rapporter au futur, c’est-à-dire désirer faire une action mauvaise si on en a l’occasion, par exemple des actions impures. « Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis l’adultère avec elle, dans son cœur » (Mt 5 ;28), nous avertit Notre-Seigneur.

Pour qu’il y ait un péché intérieur, il faut les 3 conditions habituelles de tout péché : que ce soit une chose mauvaise, à laquelle on donne une pleine advertance et un plein consentement. Autrement dit, nous commettons un péché intérieur toutes les fois que nous nous arrêtons volontairement et avec plaisir à un souvenir, une pensée ou un désir que l’on sait clairement être mal. Un péché intérieur sera un péché mortel s’il s’agit d’une matière grave, comme d’avoir la haine de quelqu’un ou voler une grosse somme d’argent, ou commettre un adultère ; ce sera un péché véniel s’il s’agit d’une matière légère, comme de s’impatienter ou de s’enorgueillir d’une réussite.

Une double erreur à éviter

Au sujet des péchés intérieurs, il y a une double erreur à éviter. La première erreur est propre aux âmes scrupuleuses ou timorées. Elle consiste à croire que toute mauvaise pensée qui leur vient à l’esprit est péché ; et à cause de cela, ces personnes sont très facilement troublées. C’est une erreur. Ce n’est pas la mauvaise pensée elle-même, mais le consentement donné à la mauvaise pensée qui fait le péché. St François de Sales a résumé cette vérité ainsi : « Sentir n’est pas consentir ». Nous pouvons ressentir de très fortes et troublantes tentations intérieures, mais tant que nous ne donnons pas de consentement à ces tentations, tant que nous n’y prenons pas plaisir, tant que nous essayons de les écarter, nous ne commettons aucun péché. Il faut donc les combattre courageusement jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Même les plus grands Saints ont été sujets parfois à de violentes tentations et ils nous ont donné de beaux exemples de résistance. Un jour St Benoît était très fortement assailli par des tentations impures ; pour bien montrer qu’il ne voulait pas consentir à ces tentations et afin de s’en débarrasser, il se jeta nu dans un buisson d’épines et s’y roula. La douleur fut telle que toutes les tentations disparurent immédiatement…

La deuxième erreur est propre aux âmes peu instruites dans la Foi, et parfois aux âmes dépravées et déjà endurcies dans le péché. Cette erreur consiste à regarder comme rien tous les péchés intérieurs, même quand ils y ont plaisir et qu’ils y consentent. Autrement dit, c’est de croire qu’il n’y a aucun péché tant qu’on n’en vient pas au péché extérieur. C’était le cas des Pharisiens : ils mettaient leur sainteté à paraître extérieurement parfaitement fidèles à la loi de Dieu, mais intérieurement ils étaient corrompus. Et c’est pourquoi Notre-Seigneur leur dit ces fortes paroles : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis, qui au-dehors paraissent beaux, mais au-dedans sont remplis d’ossements de mort et de toute immondice » (Mt 23 ;27).

Dangers des péchés intérieurs

Les péchés intérieurs sont très dangereux pour notre âme. Pourquoi ? D’abord parce qu’ils se commettent avec une grande facilité. Pour les péchés extérieurs, il faut un temps, un lieu, une occasion favorable… Tandis que les péchés intérieurs peuvent se commettre en tout temps et en tout lieu, et ne dépendent que de notre propre volonté. Ensuite, parce que les péchés intérieurs sont très faciles à faire, ils peuvent se multiplier à l’infini. Par exemple, sous l’empire d’un amour impudique, quelqu’un commettra en un jour mille péchés de pensées impures, de délectations moroses, de désirs mauvais. Quelqu’un d’aigri par l’envie et la haine, aura un nombre incalculable de pensées ou désirs consentis de rancune et de vengeance.

Enfin, les péchés intérieurs sont si faciles à faire et si rapides, qu’il est parfois difficile d’en distinguer la nature, le degré de malice, et le nombre. Il y a alors un grand danger de faire des confessions incomplètes.

Conclusion

Chers lecteurs, il faut faire de notre cœur un sanctuaire et une forteresse. Un sanctuaire, c’est-à-dire une place sainte entièrement consacrée à Dieu ; une forteresse, c’est-à-dire une place que nous défendons vigoureusement contre les attaques de l’ennemi. Les mauvaises pensées sont comme des ennemis qui tentent d’entrer dans notre cœur pour le profaner, en chasser Dieu et nous rendre esclaves du démon.

Quels sont les moyens recommandés pour lutter contre les péchés intérieurs ? Faire fréquemment des actes de contrition et aller à la confession régulièrement ; réagir tout de suite contre les mauvaises pensées aussitôt qu’on s’aperçoit de leur malice, en faisant une prière et en s’occupant à faire autre chose ; éviter toutes les occasions dangereuses, c’est-à-dire les personnes, les choses, les médias, les lieux et les activités qui donnent naissance aux mauvaises pensées et mauvais désirs. Ainsi le Saint homme Job disait : « J’ai fait un pacte avec mes yeux, afin de ne pas même penser à une vierge » (Job 31 ;1).

Que Notre-Dame du Rosaire nous aide à nous purifier de tout péché intérieur. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

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