Chretienté/christianophobie

Quand le Synode précède la Fête des Saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël

Si ce dimanche 28 septembre 2014, le pape François demande que nous priions pour l‘Assemblée Générale Extraordinaire III du Synode des Évêques qui se déroulera du 5 au 19 octobre,  il nous a semblé intéressant de simplement l’évoquer ce jour, tout en annonçant le développement de ce sujet pour la prochaine chronique dominicale.

Au sens strict, le mot “synode” n’est rien d’autre que l’équivalent grec du latin “concile”, lequel veut dire : assemblée convoquée. Mais l’étymologie du mot “synode” est plus suggestive : non seulement “faire route ensemble”, selon une explication répandue, mais plus justement “franchir le même seuil”, c’est-à-dire “habiter ensemble”. Le mot “synode” paraît donc convenir au projet d’une Église qui ne soit pas d’abord hiérarchisée et pyramidale, mais conviviale et coresponsable, au titre des sacrements de baptême, confirmation et eucharistie conférés à tous les chrétiens. Tout un programme pour lequel l’intervention de l’Esprit Saint sera la bienvenue ! C’est peut-être aussi pour cette espérance que le pape François a écrit une Prière à la Sainte Famille pour le Synode et pour toutes les Messes dominicales de ce dimanche, ainsi que lors du déroulement du Synode.

Prière à la Sainte Famille pour le Synode : « Jésus, Marie et Joseph en vous nous contemplons la splendeur de l’amour véritable, à vous nous nous adressons avec confiance. Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles des lieux de communion et des cénacles de prière, des écoles authentiques de l’Évangile et des petites Églises domestiques. Sainte Famille de Nazareth, que jamais plus dans les familles on fasse l’expérience de la violence, de la fermeture et de la division : que quiconque a été blessé ou scandalisé connaisse rapidement consolation et guérison. Sainte Famille de Nazareth, que le prochain Synode des Évêques puisse réveiller en tous la conscience du caractère sacré et inviolable de la famille, sa beauté dans le projet de Dieu. Jésus, Marie et Joseph écoutez-nous, exaucez notre prière ». 

Ce qui nous intéresse pour cette chronique qui s’efforce de coller à l’actualité, autant que faire se peut, c’est demain lundi 29 septembre, la fête des Saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël. La Liturgie de l’Église nous invite dans sa forme ordinaire à fêter ces trois saints. Depuis le 5ème siècle, une fête à St Michel Archange a toujours existé ce 29 septembre mais la restauration liturgique postconciliaire a décidé de regrouper en une seule fête les trois Archanges. Nous avons choisi de privilégier Saint Michel pour toutes ses responsabilités.

Saint Michel a été le chef et le modèle au jour de la révolte de Lucifer et des mauvais anges. La Tradition, notamment la division opérée par le Pseud-Denys l’Aéropagite, enseigne que les anges sont divisés en neuf Chœurs et en trois Hiérarchies : Les Anges, les Archanges et les Vertus ; les Puissances, les Principautés et les Dominations ; enfin, plus haut encore, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins. À propos de Denys l’Aréopagite dont Benoit XVI avait parlé dans une Audience générale du 14 mai 2008 dans la série des catéchèses sur les Pères de l’Église, il s’agit d’une figure fort mystérieuse : un théologien du VIe siècle, peut-être un moine syrien. Sa véritable identité est ignorée. Le Pseudo-Denys l’Aréopagite a écrit de nombreux traités chrétiens de théologie mystique, en grec. Il est l’une des sources majeures de la spiritualité mystique chrétienne. « La route du dialogue n’est rien d’autre que, dans le Christ, la proximité avec Dieu dans la profondeur de la rencontre avec lui, dans l’expérience de la vérité qui nous ouvre à la lumière et qui nous aide à aller à la rencontre des autres : la lumière de la vérité, la lumière de l’amour ».

Mais que font donc les anges et les archanges ? Leur occupation est de contempler Dieu, de L’aimer, de Le louer et d’exécuter Ses Volontés pour la conduite de l’univers et pour le salut des hommes. Aussi les voyons-nous chargés de différentes missions sur la terre, auprès des personnes, des familles, des paroisses, des diocèses, des royaumes, de l’Église entière. Ceux dont l’Écriture fait une mention particulière sont, outre l’Archange Saint Michel, l’Archange Gabriel (“la force de Dieu”), à qui semble avoir été confié le soin de tout ce qui regarde le mystère de l’Incarnation et l’Archange Raphaël (“Dieu qui guérit”), qui conduisit et ramena si merveilleusement le jeune Tobie.

Si Michel, Raphaël et Gabriel sont les seuls saints anges que la Bible désigne par leur nom, seul Michel est appelé archange par la Bible (Jude 1, 9). Par son étymologie hébraïque, « Michel » signifie : « Qui est comme Dieu ? » C’est par cette question que Satan est vaincu, tout comme le roi de Babylone est précipité au shéol après avoir voulu monter aux cieux pour se montrer semblable au Très-Haut (Is 14, 13-15). Saint Michel est celui qui pèsera les âmes au jugement dernier (on dit qu’il est psychostase) et il les conduira sur l’autre rive, le ciel ou l’enfer (on dit qu’il est psychopompe).

Cette tradition repose sur le livre biblique du prophète Daniel : « En ce temps se lèvera Michel, le grand Prince qui se tient auprès des enfants de ton peuple. […] Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. » (Daniel 12, 1-2). L’Apocalypse de saint Jean décrit une bataille dans le ciel : « Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. » (Apocalypse 12, 7-8). Dans le contexte des écrits johanniques, ceci signifie que saint Michel combattra et détruira l’antéchrist, comme il a fait avec Lucifer au commencement.

Dès le IV° siècle, le culte de saint Michel est largement répandu en Orient. Il fait son apparition en Occident à la fin du Ve siècle avec l’élévation d’un premier sanctuaire à Monte Sant’ Angelo dans le massif du Gargano en Italie en 492. Protecteur du peuple de Dieu dès l’ancienne Loi, il est tout naturellement tenu pour celui du nouvel Israël. Dès les premiers âges du christianisme jusqu’à nos jours, l’Église militante eut recours à son patronage : Rome (au VI° siècle), après Byzance (au IV° siècle), lui dédiait une basilique où “sa fête” était célébrée le 29 septembre,  jour choisi par Paul VI pour l’ouverture du concile de Vatican II en 1963.

“Fille aînée” de l’Église, la France n’est pas en reste. Deux manifestations célèbres de l’archange marquent son histoire. Celle de 708, auprès d’Aubert évêque d’Avranches, est à l’origine de l’abbaye érigée sur le mont Tombe et devenue sous Philippe Auguste “la Merveille” où tant de rois de France firent pèlerinage. Puis celle qui définit la mission libératrice de Jeanne d’Arc, à qui saint Michel se présentait lui-même en défenseur du royaume des lys. Celui-ci lui en sut gré au cours des âges : plus de cinq cents communes françaises furent vouées à son patronage, et soixante-sept portent encore son nom. Le Mont-Saint-Michel en Normandie est le premier site français inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Il permet de découvrir mille ans d’architecture. Du sanctuaire carolingien à l’abbaye bénédictine puis à la prison d’État au XIXe siècle, le monument a été sans cesse modifié et agrandi par les bâtisseurs qui en ont fait une œuvre universelle.

Saint Michel (“qui est comme Dieu ?”) a été fait non seulement Prince des Anges, mais aussi Prince des âmes, qui doivent remplir les places demeurées vides par la chute des démons. Les Saints lui attribuent la plupart des apparitions mentionnées dans l’Ancien Testament. L’assistance que la France a souvent reçue de lui le fait regarder comme le protecteur spécial de ce royaume.

Avant de conclure, rappelons un miracle survenu le 26 octobre 2013, à Lalyssos en Grèce. Une icône de Saint Michel pleure à Rhodes, dans l’église du cimetière de cette ville. L’évêque de Rhodes aurait été appelé. A sa demande, l’icône aurait été placée à l’entrée de l’église de la Vierge Marie pour qu’elle soit vénérée.

Et enfin cette prière à saint Michel (d’origine catholique romaine) : « Saint Michel Archange, Défendez-nous dans le Combat,  Et soyez notre Protecteur contre la méchanceté et les embûches du démon. Que Dieu lui commande, nous L’en supplions. Et vous, Prince de la Milice Céleste, par les pouvoirs Divins qui vous sont conférés, Précipitez au fond des enfers Satan et tous les esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perte des âmes. Amen. »

Le cœur s’agrandit quand il est capable d’illuminer la raison pour qu’elle voie la beauté de Dieu. Que cette nouvelle semaine vous soit douce et charitable pour que s’amenuisent polémiques et interrogations. Ne doutez jamais de la bonté de Dieu, même quand tant de tragiques événements pourraient nous influencer. Excellente semaine à toutes et à tous…

Solange Strimon

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