Chretienté/christianophobie

[Point de vue] : Fatima et la Passion de l’Eglise par Cristina Siccardi

Après deux premiers livres prometteurs, instructifs et passionnants que nous avons déjà chroniqués (1), les Editions du Drapeau Blanc continue leur excellent travail en nous proposant une étude magistrale sur les apparitions de la Vierge Marie à Fatima  en 1917 (2). L’auteur se nomme Cristina Siccardi. Elle est diplômée en lettres et en histoire. Son travail d’historienne est reconnu en Italie grâce aux biographies qu’elle a déjà écrites. Nul doute que sa notoriété grandira en France, une fois que les lecteurs prendront connaissance de cet ouvrage.

Nous commençons notre chronique par un rappel général d’ordre historique et présenterons succinctement les faits. En effet, il est important de se remémorer que la Vierge se montre aux Hommes depuis 2000 ans. L’Eglise nous dit qu’au 1er siècle, Elle est apparue aux apôtres à Ephèse. Les apparitions de la Vierge Marie à Fatima sont au nombre de six. Elles débutèrent le 13 mai 1917 quand « une dame toute vêtue de blanc » apparaÏt devant François et Jacinthe et leur cousine Lucie. Cette dame leur demanda de revenir le mois suivant pour prier. Les apparitions se poursuivirent jusqu’au 13 octobre 1917, quand des milliers de croyants, de curieux, d’athées, d’incroyants se pressèrent pour assister au « miracle » promis par la Vierge. Il se produisit alors un phénomène dans le ciel que l’histoire a retenu sous le nom de « danse du soleil ». Préalablement à cet événement, d’après Lucie, des secrets lui furent confiés par la Vierge Marie lors de l’apparition du 13 juillet 1917. Pourtant comme l’écrit Siccardi : « Plus on enquête sur les apparitions mariales de Fatima, et plus on est embarrassé. Cela fait un siècle que l’on discute du troisième secret. » Nous y reviendrons. La qualité d’écriture se montre très appréciable. L’auteur a réalisé un véritable travail d’investigations passionnant, notamment au sujet des nombreuses zones d’ombres de l’affaire Fatima. Pour autant, elle ne désire nullement tomber dans des querelles de bas étages qui desservent la Vérité. Son but fut de réaliser une étude exhaustive et impartiale. Nous pouvons dire sans flatterie aucune, que l’objectif est atteint.

Ce livre est découpé en cinq parties et chacune d’elle nous plonge dans les pas de la Vierge Marie et de ses différentes apparitions. Nous apprenons qui furent les voyants, les faits après 1917, les zones d’ombre, les réactions des Papes…  Ce qui est révélateur lors des nombreuses apparitions de la Mère de Dieu, reste sa volonté de se montrer aux plus fragiles, aux faibles et aux humbles. Au Portugal, elle décida de se révéler à trois enfants, bergers de leur état. L’historienne raconte par le menu, avec des détails savoureux les réactions confiantes et sages, de ces êtres purs, charitables devant, ce qui reste à ce jour, la plus grande révélation Mariale du 20ème siècle. Pour autant, qu’est-ce qui explique que les messages délivrés par Marie au monde restent sources d’incrédulités, de moqueries, voire d’indifférence ? L’auteur répond à cette question de la meilleure des manières : « Dans le monde contemporain, à cause de sa sécularisation constante et progressive, le concept même d’intervention surnaturelle dans l’histoire a été toujours plus amoindri, éliminé même, par une prétendue rationalité. La foi est désormais à des années-lumière de la pensée de l’homme moderne, immergé qu’il est dans l’immanentisme auquel il a été conduit par la dénommée pensée moderne, c’est-à-dire l’ensemble des philosophes qui descendent des Lumières. »

Un point des points cruciaux de cette affaire Fatima, reste la non divulgation des secrets comme Marie l’entendait. Le fameux troisième secret, celui qui a fait et continue de faire couler tant d’encre, aurait du être diffusé après 1960. Pourquoi donc la Papauté a-t-elle mis plusieurs décennies pour en parler ? Epineuse question à laquelle Siccardi propose un début de réponse que nous faisons nôtre : « Fatima a mis l’Eglise dans l’embarras, avant même l’ouverture du concile Vatican II (1962-1965). Cette Eglise, était, quoique partiellement, déjà gagnée par une grave maladie : le modernisme, un virus qui pénétra jusque dans le concile, en orientant l’esprit. Plus jamais de condamnations, plus jamais de pénitences, plus jamais de références à la damnation… plus jamais de rigueur doctrinale. Dialogue devint le mot d’ordre. Dignité humaine le totem vers lequel converger. Sociologie et psychologie les sciences à étudier. » Ainsi, l’attitude du Pape d’alors a conduit certains catholiques à s’interroger au sujet de sa volonté de ne pas divulguer le troisième secret dans les années soixante. Siccardi poursuit ses pertinentes réflexions comme suit : « Faut-il obéir à Notre Dame quand elle exprime des requêtes et fait des recommandations, quand elle formule des exigences et donne des dispositions ? Ou bien convient-il de les négliger et de ne leur prêter aucune attention ? Il est hors de doute que l’autorité de Notre-Dame, après celle de son Fils, est la plus haute autorité qui soit dans l’Eglise et sur la terre. » Siccardi développe une idée séduisante. Ni les autorités civiles, ni les souverains pontifes successifs n’accomplirent pleinement les desseins de Notre Dame. Malheureusement, les messages de Fatima surgirent dans l’Histoire à un moment donné où une partie non négligeable de l’Eglise céda, notamment par ses plus hautes autorités, au modernisme pourtant condamné sans équivoque par Saint-Pie X (3)…

Pour conclure, rappelons que pour un grand nombre de catholiques, 2017 devait enterrer une bonne fois pour toutes les querelles historiques, politiques et théologiques au sujet des apparitions de Fatima. Jean-Paul II suite à la tentative d’assassina dont il fut victime, avait diffusé un message et une interprétation du troisième secret. Cependant le Pape Emérite lui-même remit en cause cette vision des faits pour expliquer que les menaces prophétisées en 1917, restent toujours d’actualité. Cristina Siccardi nous propose un livre pertinent, sobre qui rappelle des vérités utiles et explore de manière inédite des aspects méconnus, tels les liens entre la Maison de Savoie et Fatima, que les apparitions de Fatima furent annoncées par Marie dans d’autres lieux… En cette année 2017 qui célèbre à la fois le centenaire des apparitions de Fatima, le centenaire de la révolution bolchévique, le tricentenaire de la naissance de la franc-maçonnerie, prenons le temps de lire, d’écouter et de méditer les messages de Marie.

F.A

(1) Le Vicaire du Christ de Roberto de Mattei et La Grande Fiction de Hermann Hoppe

(2) Pour quelles raisons la ville de Fatima se nomme-t-elle ainsi ? D’après les différentes traditions locales, ce village où la Vierge apparaîtra en 1917, doit son nom à une histoire d’amour. Pendant la Reconquista un croisé espagnol, Gonzalo Hermingues captura la fille du puissant seigneur musulman d’Alacer do Sol. Cette captive, s’appelait Fatima, comme la fille de Mohammed. Gonzalo Hermingues et sa captive furent bientôt amoureux l’un de l’autre. Fatima se convertit librement au catholicisme, et elle fut baptisée sous le prénom d’Ouranea. En hommage, le village prit le nom de cette femme…

(3) Pascendi Dominici gregis (Paître le troupeau du Seigneur) est une encyclique du Pape Pie X, parue le 8 septembre 1907. Elle est une réaction disciplinaire et doctrinale des autorités vaticanes à l’encontre du modernisme, considéré comme la synthèse de toutes les hérésies.

 

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