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La justice faite sur terre aussi, par Paul-Raymond du Lac

Saint Paul nous dévoile dans une de ses lettres une histoire bien peu glorieuse qui touche une des communautés chrétiennes de son époque : un inceste scandaleux.

Et il reproche à cette communauté de ne pas faire justice, mais plutôt d’essayer de faire l’omerta et de couvrir l’injustifiable :

« De la première épître au Coiínthiens

1 Cor 5:1-5

1 On n’entend parler que d’une impudicité commise parmi vous, et d’une impudicité telle qu’il ne s’en rencontre pas de semblable même chez les païens ; c’est au point que quelqu’un a la femme de son père.

2 Et vous êtes enflés d’orgueil ! Et vous n’avez pas été plutôt dans le deuil, afin que celui qui a commis un tel acte fût retranché du milieu de vous !

3 Pour moi, absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a commis un tel attentat :

4 Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vous tous réunis et moi en esprit au milieu de vous, avec la puissance de Notre-Seigneur Jésus,

5 Qu’un tel homme soit livré à Satan pour la mort de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus. »

Saint Paul est clair : ce criminel capable de faire un crime si énorme malgré son baptême et l’enseignement qu’il a reçu doit être condamné à mort (au moins spirituel par l’excomunication), et cela non seulement pour le bien de tous, mais pour son bien personnel à lui ; une bonne condamnation à mort pénal dans un contexte chrétien, jugée justement, est un grand remède non seulement pour faire justice et laver le scandale subi, mais aussi pour la conversion du pécheur.

Notons que cette injonction de Saint Paul ne s’applique qu’au cas entre chrétiens : et la justice du Moyen-âge catholique illustre parfaitement cette justice tout à fait christianisé. Les condamnations à mort, somme toute relativement rares1, ont pu conduire à de nombreuses conversions, comme par exemple le cas fameux de Gilles de Rais.

Saint Paul continue un peu plus loin dans la même lettre en mettant en garde cette même communauté contre une tentation d’élitisme et d’isolement, qui irait contre la charité :

« 1 Cor 5:9-11

9 Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir de relations avec les impudiques :

10 Non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les hommes cupides et rapaces, ou avec les idolâtres ; autrement il vous faudrait sortir du monde.

11 J’ai simplement voulu vous dire de n’avoir point de relations avec un homme qui, portant le nom de frère, est impudique ou cupide, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou rapace, de ne pas même manger avec un tel homme. »

Nous avons ici un même constat : il faut savoir être bien plus sévère envers son frère, car il est proche et car il dispose de grandes grâces, qu’envers l’ignorant, le païen ou le pauvre.

Saint Paul recommande ainsi au fidèle lambda, qui n’a pas l’autorité donc, d’éviter le frère-traître, qui, malgré l’enseignement reçu et les sacrements, trahit les promesses de son baptême publiquement, et, par son scandale, fait un grand mal, tant parmi les chrétiens que parmi les autres. Il faut ainsi les éviter, car ils ne peuvent être de bonne fréquentation, d’autant plus que ce statut de « frère » dans la foi peut amener à baisser sa garde, et donner flanc au scandale ou aux tentations.

Mais ce conseil ne s’applique par pour les gentils : il ne s’agit pas de sortir du monde, il s’agit de semer avec charité. Et quand il s’agit de gentils, aussi vicieux puissent-ils être, ils le font souvent avec une inconséquence entière, ou sans vraiment comprendre pourquoi cela est mal. Et encore, comme ils ne sont pas frères dans la Foi, personne ne pourrait croire que les fréquenter serait une approbation même tacite : c’est même l’inverse, une vie exemplaire ou vertueuse détonne tellement, sans qu’il y ait besoin de dire quoi que ce soit, juste par l’exposition de réalités si différentes, que ce contraste devrait amener à la conversion un certain nombre d’âmes2

Alors que cela signifie-t-il pour notre temps ? Qui sont les impudiques chrétiens et les impudiques gentils aujourd’hui ?

Certes, en France, il y a de moins en moins de baptisés, et donc il devient facile de répondre à la question : nous vivons de plus en plus dans une société de gentils, aux institutions et aux mœurs se paganisant (se « barbarisant » si vous préférez) à toute vitesse… Cela étant dit, de nombreux baptisés non enseignés, non élevés dans la foi existent encore : sont-ils ces impudiques ? A priori non, car ils ne sont pas à proprement parler apostats, mais des païens de facto, mais avec cette terrible facteur aggravant d’être chrétien, et donc de trahir factuellement les promesses de baptême, et d’alourdir leur peine…sans même s’en rendre compte. D’où l’urgence de faire prendre conscience à ces baptisés, chrétiens nominaux, qui ne savent rien de ce qui se passent dans le monde, le pourquoi de leur existence et du danger pour leur âme de vivre en pratique comme des païens.

En revanche, tous les apostats pratiques, en particulier les clercs qui vivent en contradiction avec la foi et enseignent l’hérésie tous les jours, sont ces impudiques de malheur qui, par leur scandale, perdent de trop nombreuses âmes.

Aucun compromis avec ces traîtres, et, pour le salut, une justice exemplaire est nécessaire, par ceux qui sont dépositaires de cette autorité.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

1Comme le montre Claude Gauvard dans son « Condamner à mort au Moyen-âge ».

2Un saint japoanis, guerrier, Takayama Ukon, un des généraux de Nobunaga, était très chrétien et très pieux tout en étant un excellent guerrier. Sa vie était si exemplaire qu’il suffisait qu’il soit là, en particulier à table, pour que les personnes présentes, essentiellement païennes, cessent de raconter des histoires grivoises ou moralement déplacées… Sans qu’il ne dise rien.

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