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Quand notre âme est-elle infusée dans notre corps ? Le cas particulier des jumeaux monozygotes, par Paul-Raymond du Lac

Cet article n’a pas la prétention de régler quelque question que ce soit, mais d’apporter une interrogation supplémentaire quant à cette question cruciale : quand l’âme vient-elle dans le corps de l’enfant à naître ?

L’implication est importante puisque certains soutiens de l’avortement aiment à dire que l’avortement n’est pas un crime, puisque l’embryon n’aurait pas d’âme. Nous disons tout de suite avec Jean-Paul II, dans son encyclique Evangelium Vitae  :

« Certains tentent de justifier l’avortement en soutenant que le fruit de la conception, au moins jusqu’à un certain nombre de jours, ne peut pas être encore considéré comme une vie humaine personnelle. En réalité, « dès que l’ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n’est celle ni du père ni de la mère, mais d’un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne sera jamais rendu humain s’il ne l’est pas dès lors. À cette évidence de toujours, la science génétique moderne apporte de précieuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant : une personne, cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l’aventure d’une vie humaine dont chacune des grandes capacités demande du temps pour se mettre en place et se trouver prête à agir ». Même si la présence d’une âme spirituelle ne peut être constatée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la science sur l’embryon humain fournissent « une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette première apparition d’une vie humaine : comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? »1

Dans tous les cas, la science moderne montre que dès la fécondation tout est « prêt » pour donner une personne adulte in fine, et que si rien ne vient entraver le bon développement de l’embryon, une personne humaine naîtra. Ainsi, l’avortement est toujours scandaleux, même dans le cas où la fécondation ne serait pas le moment où l’âme vient former le corps déjà présent, et ceci pour plusieurs raisons :

  • ce serait d’abord un péché au moins aussi grave que la contraception, dans cette volonté latente de refuser et d’entraver la transmission de la vie,
  • sans cette action peccamineuse, l’embryon a priori se serait développé en un bébé bien vivant, avec son âme propre ; avorter, c’est donc bel et bien supprimer une vie,
  • cela va contre la volonté de Dieu, même dans le cas où l’embryon serait condamnée à mourir in utero, car Dieu est seul maître de la vie et de la mort.
  • il y aurait malgré tout un risque matériel de tuer un être doté d’une âme : même si la fécondation n’était pas le moment où l’âme vient dans le corps, ce moment précis de l’infusion de l’âme nous est inconnu ; il n’a peut-être lieu que très peu de temps après la fécondation, or dans le doute il faut toujours privilégier la possibilité la plus favorable au bébé.

Cependant, la question du moment de l’animation du bébé est bien une question disputée au sein même de l’Église, qui n’y répond pas avec son autorité dogmatique. Les débats scolastiques à ce sujets furent d’ailleurs nombreux au cours de l’histoire2.

On sait que saint Thomas d’Aquin adopta la thèse d’Aristote, selon lequel l’âme de l’embryon, bien que celui-ci porte déjà en lui toute la potentialité de la personne humaine, n’est infusée qu’après la vie végétative et animale de l’embryon, mais sans qu’on sache bien quand commencent et quand prennent fin ces stades de la vie embryonnaire.

Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la réalité derrière cette question, rien ne change concernant la nature criminelle de l’avortement. Même si l’âme n’est pas encore infusée, la personne humaine en tant que telle est déjà potentiellement complète dès la fécondation, et elle existe donc déjà en espérance — ce qui n’est pas le cas avant la fécondation.

L’encyclique de Jean-Paul II, en ce sens, reste prudente, même si elle semble pencher pour l’infusion dès la fécondation… Un fait marquant toutefois pourrait aller contre cette thèse, la plus répandue pourtant. Prenons le cas des jumeaux monozygotes, les vrais jumeaux : deux corps génétiquement identiques sont habités par deux âmes totalement distinctes et parfaitement indépendantes, malgré une unique fécondation. La science nous apprend que ces vrais jumeaux sont issus d’une seule « cellule-œuf » qui va, par quelque action providentielle (par hasard, diraient les modernes), se diviser en deux cellules-œufs distinctes, qui vont se séparer irrémédiablement, pour former ensuite deux embryons (ou plus, car cela se vérifie également pour les triplés, les quadruplés, etc.) Ce fait montre deux choses :

  • le patrimoine génétique ne fait pas l’âme : les âmes de deux jumeaux sont très différentes et, malgré leur proximité totale dans le corps, l’âge et l’éducation, ces derniers peuvent avoir des caractères complètement opposés, et sont bien des personnes tout à fait distinctes.
  • l’infusion de l’âme, au moins pour les jumeaux, ne se fait pas au moment de la fécondation (sinon cela signifierait qu’il y a deux âmes dans un seul et même corps pour un laps de temps indéterminé, ce qui semble impossible).

Ceci dit, nous ne pouvons rien ajouter : ce fait n’est peut-être même vrai que pour les jumeaux, par exception (notons que cela est difficilement concevable : la génération humaine étant régie par une loi naturelle décidée par Dieu, il n’y a a priori pas de raison d’y faire exception), et dans tous les cas on ne sait toujours pas à quel moment l’infusion de l’âme spirituelle se fait.

La seule chose que nous pouvons affirmer avec certitude quant à l’embryon au moment de la fécondation, c’est qu’il possède déjà sa vie animale et végétative. L’embryon est a minima, et ce dès la conception, un être humain en puissance.

Concluons cet article en rappelant combien l’Église, dès le début — et cela est déjà visible dans la Didachè —, protège non seulement les enfants de l’infanticide et de l’abandon (via l’exposition en général) mais aussi le bébé à naître en interdisant fermement l’avortement : c’est un marqueur chrétien indéniable et fort. Jésus aime les enfants, et l’Église les protège, comme elle protège la veuve et l’orphelin : aucune autre civilisation que la Chrétienté n’a jamais protégé par principe l’enfant à naître, mais aussi l’enfant en bas-âge…

Notre temps qui se déchristianise le prouve…

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !


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