Chretienté/christianophobie

Chantons tous ensemble « Venez divin messie, nous rendre espoir et nous sauver… »

En ce 4ème et dernier Dimanche de l’Avent, l’Église nous invite à entrer dans la grande semaine précédant la naissance virginale. Marie compte avec impatience les heures d’attente pour pouvoir embrasser avec joie lenouveau-né, porté pendant 9 mois dans son sein très pur, ce Tabernacle vivant de Dieu. Comme toutes les mamans, Marie, qui n’est qu’une très jeune femme, se pose certainement bien des questions, même si l’Ange Gabriel a déposé en son cœur toute la sérénité nécessaire pour accueillir Jésus. L’Évangile de ce 4ème Dimanche (pour la forme ordinaire) nous invite justement à méditer sur notre Mère du Ciel. Ce que Dieu a accompli en la Vierge Marie par une grâce prévenante, il veut maintenant l’accomplir en nous par une grâce purifiante.

Le temps de l’Avent est un temps de joie, un temps d’attente du Sauveur en chantant. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, missionnaire apostolique, du tiers-ordre de Saint-Dominique, fondateur des missionnaires de la Compagnie de Marie (Pères missionnaires Montfortains), de la Congrégation des Filles de la Sagesse, et des Frères de la Communauté du Saint-Esprit (Saint-Gabriel) nous dit que le chant ouvre le cœur au Saint-Esprit et que Dieu descend dans un cœur qui chante et lui donne grâce abondante. Louis-Marie Grignion de Montfort, né le 31 janvier 1673, à Montfort-sur-Meu, en Bretagne et décédé le 28 avril 1716, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, est considéré comme le grand apôtre de Marie. Il a amoureusement prêché l’Amour de Dieu et le Cœur de Jésus, tout au long de ses missions populaires. Il les a aussi proclamés ou chantés, soit dans ses écrits, soit dans ses cantiques aux strophes riches de théologie.

Qui ne connaît le « Venez divin Messie ?.. » Ce chant ne comporte que deux strophes mais elles sont une invitation à redécouvrir le chant entier qui mérite d’être médité avec attention. Si les hymnes du temps de l’Avent ont traversé les siècles, il en est un que nous connaissons tous, c’est le « Venez Divin Messie », qui comporte deux versions de ce chant. La première version remonte au XVIe siècle et tire sa mélodie d’un chant populaire. Il a été composé par l’Abbé Pellegrin, s’inspirant de l’Évangile (És 4,14 ; Lc 2,4-14 ; Jn 3,16-18). En voici quelques extraits, écrits en vieux français : « Venez divin Messie sauvez nos jours infortunés, venez source de Vie venez, venez, venez ! Ah ! Descendez, hâtez vos pas ; Sauvez les hommes du trépas, secourez-nous, ne tardez pas. Dans une peine extrême, gémissent nos cœurs affligés. Venez Bonté Suprême, venez, venez, venez ! 

Mais il en est une autre, dont les paroles ont été révisées par deux prêtres, le Père Aimon-Marie Roguet, dominicain, et le Père Louis Barjon, jésuite, s’appuyant sur les directives de Vatican II. Vous pourrez donc choisir celle qui vous convient ou celle que vous avez apprise lorsque vous étiez enfant, avant Vatican II. « Venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver ! Vous êtes notre vie ! Venez, venez, venez ! À Bethléem, les cieux chantaient, Que le meilleur de vos bienfaits, c’était le don de votre paix. Le monde la dédaigne : partout les cœurs sont divisés ! Qu’arrive votre règne ! Venez, venez, venez ! » Refrain,  puis « Vous êtes né pour les pécheurs, que votre grâce, ô Dieu Sauveur, dissipe en nous la nuit, la peur ! Seigneur que votre enfance nous fasse vivre en la clarté, soyez la délivrance, venez, venez, venez !

L’important ne se situe pas seulement dans les mots, mais dans la sincérité de notre cœur à chanter et à espérer. Et Dieu sait qu’actuellement, nous avons grand besoin de croire à une possible paix dans tous les pays frappés par la barbarie des fous d’Allah. Ce mardi matin, 16 décembre 2014, après l’attaque d’un commando taliban contre une école du nord-ouest du Pakistan, Paul Bhatti, président de l’Alliance des minorités pakistanaises, a déclaré : « Une horreur. Un événement terrible, contre tout enseignement religieux, contre toute idéologie humaine : une violence de ce type est inconcevable », elle concerne le monde entier, l’humanité ». Selon les derniers bilans, 141 personnes, dont 132 enfants, ont été tuées et plus de 130 blessées durant l’attaque perpétrée contre l’école de Peshawar scolarisant plusieurs centaines d’enfants de militaires. Prions, chantons, pour ces enfants, pour leurs familles et leurs amis, que notre prière monte jusqu’au plus haut des cieux et atteigne le cœur de la Vierge Marie afin qu’elle intercède en faveur de tous !

Dans quelques jours va bientôt naitre Jésus, au temps du roi Hérode le Grand. Que s’est-il passé ?  Des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple ». Alors Hérode les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui ». Sur ces paroles du roi, ils partirent.

Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Noël est aujourd’hui fêté dans le monde entier, c’est la fête chrétienne la plus populaire. Le choix du 25 décembre n’a pas été pris au hasard.  La Bible ne donne pas la date de naissance de Jésus Christ. On lit dans Les fêtes chrétiennes en Occident que ce jour a été choisi « pour concurrencer ou christianiser la vieille fête romaine du soleil invaincu, célébrée au cœur de l’hiver », lors du solstice. Un autre ouvrage explique que l’on « chercha à donner une fête qui reprenne des éléments païens pour les christianiser et attirer plus facilement les foules » vers le christianisme (Petit lexique des fêtes religieuses et laïques).

Nous disposons de plusieurs pistes pour penser que cette naissance a eu lieu au début de l’automne de l’an 2 avant notre ère (Luc 3 :23), ceci en partant de la date de sa mort, à la Pâque 33 de notre ère (le 14 Nisan). C’était au printemps (Jean 19 :14-16). Jésus avait à peu près 30 ans quand il a commencé son ministère, qui a duré trois ans et demi.

À propos du recensement, peu avant la naissance de Jésus, César Auguste a émis un décret ordonnant « que toute la terre habitée se fasse enregistrer ». Tout le monde devait se faire recenser « dans sa propre ville », ce qui pouvait représenter un trajet d’une semaine, voire plus (Luc 2 :1-3). Pourquoi ce recensement, si ce n’était pour lever de nouveaux impôts et recruter des hommes pour l’armée ? César Auguste ne pouvait prendre le risque d’ajouter au mécontentement de ses sujets l’obligation d’un long voyage dans un froid hivernal. Par ailleurs, on apprend que les bergers « vivaient en plein air et […], la nuit, passaient les veilles à surveiller leurs troupeaux » (Luc 2 :8). Le livre « La vie quotidienne en Palestine au temps de Jésus » indique que, de « la semaine avant la Pâque » (fin mars) à « la mi-novembre », les troupeaux étaient dehors. Il est également écrit que les bergers passaient l’hiver dans des bergeries, alors que l’Évangile nous dit que les bergers étaient aux champs.

À propos de la crèche : Jésus est né dans une crèche, selon l’Évangile de Luc (et lui seul) qui l’affirme. La crèche désigne à l’origine une auge, une mangeoire. La crèche désigne, au sens strict, une mangeoire pour les animaux. C’est dans une mangeoire que Jésus a été placé, selon la tradition, à sa naissance. Par extension, la crèche désigne la représentation de l’étable et ses santons. Par analogie avec le lieu de naissance de Jésus, une crèche désigne aujourd’hui un lieu qui reçoit les petits enfants lorsque les parents travaillent. Les anglais utilisent le terme de nursery, de nurse, dérivé du français nourrice. Le mot « crèche » fait référence à nos racines chrétiennes et il faut continuer de veiller pour que ce mot ne soit pas remplacé par un autre avec les conséquences que cela entraînerait.  

Par extension, la crèche désigne la scène de la Nativité représentant l’enfant Jésus dans une mangeoire entouré des animaux de l’étable de Bethléem. Plusieurs hypothèses sur l’origine du mot Noël. Ce mot ne figure nulle part dans les évangiles et n’apparaît dans notre langue qu’en 1175. Le mot vient de l’expression latine « dies natalis » (jour de naissance) employée le jour où les Chrétiens célèbrent la naissance du Christ. Au fil des années, « natalis » s’est transformé, a évolué phonétiquement en « Nael ». « Nael » est apparu pour la première fois dans un texte de 1120. L’évolution continue et, en 1175, on écrit pour la première fois « Noël ». L’autre hypothèse laisse entendre que Noël viendrait de l’assemblage de deux mots gaulois utilisés pour désigner la renaissance du soleil au solstice d’hiver : Noio : nouveau (en breton: neuez, en grec: neos) et hel : soleil (en breton: hed, en grec: hélios.)

Symboliquement, le solstice d’hiver marque la victoire de la lumière sur les ténèbres et le jour est donc célébré dans la joie. Dans son livre « Le christianisme de Constantin à la conquête arabe » (Paris 1997), P. Maraval signale que la fête de Noël est attestée avant le quatrième siècle dans plusieurs régions de l’empire et notamment en Orient. On songe alors à un autre rapprochement : une continuité probable existe entre Noël et une fête juive qui est célébrée en décembre et commémore un événement essentiel, l’inauguration (ou la dédicace) du Temple de Jérusalem, en décembre -164, par Judas Maccabée, trois ans après sa profanation par le roi Antiochus IV Epiphane qui voulait mener à son terme l’hellénisation des Juifs. C’est la fête de Hannouka. Il y avait donc depuis les origines du christianisme une fête que les fidèles d’origine juive continuaient de célébrer en décembre et qui marquait le début d’un temps nouveau.

Avant de fêter Noël, au Ier siècle avant Jésus-Christ,  Rome célébrait le culte de Mithra, divinité perse de la lumière. Le 25 décembre était alors le jour du solstice d’hiver, la naissance de la divinité Mithra le « soleil invaincu » où l’on sacrifiait un taureau en son honneur. Pour la religion chrétienne, la fête de Noël n’existait pas. C’est à partir du IIème siècle, que l’Église recherche la date précise de la naissance du Christ. L’absence de document établissant la date de naissance de Jésus permit de laisser le champ libre à l’Église pour choisir une date qui coïncide avec le solstice d’hiver pour contrer la fête païenne de la divinité Mithra. C’est vers 330 que l’empereur Constantin fixa la date au 25 décembre, mais ce n’est qu’en 353, sous le pape Liberius (ou liberos) que la fête de la naissance du Christ fut instituée à Rome.

L’Église d’orient, qui jusqu’alors célébrait la naissance de Jésus le 6 janvier jour de l’Épiphanie, adopta elle aussi la date du 25
 décembre sur l’initiative de Saint Grégoire de Nazianze, célébrant ainsi la venue sur terre du Sauveur. En 425, l’empereur Théodose codifia officiellement les cérémonies de la fête de Noël, ainsi Noël devint une fête exclusivement chrétienne. Le concile d’Agde en 506 rendit cette fête obligatoire, et l’empereur Justinien, en 529, en fit un jour férié. C’est à partir du Vème siècle que l’on commença à célébrer la messe de minuit. La fête de Noël se répandit progressivement en Europe, puisqu’elle fut célébrée dès le Vème siècle en Irlande, le VIIème siècle en Angleterre, et au VIIIème en Allemagne.

Même si Noël semble parfois une fête plus commerciale que religieuse aux yeux de certains, elle reste la référence de base de la naissance de Notre Sauveur et à plusieurs titres, elle doit rester l’occasion de se rassembler en famille, entre amis, en se mettant au service de sa famille, des pauvres, des S.D.F., des déshérités, des isolés, et de se réconcilier.

Joyeux Noël à toutes et à tous, que la lumière de cette nouvelle espérance donnée par Dieu, à travers Son Fils, la Très Sainte Vierge Marie et son chaste époux Joseph, chasse les ténèbres de tous les cœurs pour y planter un arbre d’espérance et de joies, dont vous cueillerez les fruits et les fleurs tout au long de l’année.

Solange Strimon

NB : Claude-Sylvie FELGEROLLES a écrit un magnifique texte qui paraîtra le 24 décembre pour clôturer en quelque sorte « l’année de Saint-Louis » et Michel BARBERY un autre, d’un style différent, qui apparaîtra le 25 décembre. Mme Claude-Sylvie FELGEROLLES a obtenu en 2013 le 1er Grand Prix de l’Association Internationale des Belles-Lettres, que dirige Mme STRIMON, et Michel BARBERY l’avait obtenu en 2012. Nous les remercions tous deux de leur précieuse collaboration à notre média.

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