Chretienté/christianophobie

Avent : l’Église en gestation

Durant la période de l’Avent, à l’image de Marie, l’Église elle-même est en gestation, et doit mettre au monde le Royaume de Dieu, le royaume des pauvres, des humbles, des petits…. Nous devons nous y préparer en songeant que la future maman détient dans son ventre l’espérance d’un monde nouveau, peut-être meilleur et différent.

Face aux crises que nous traversons, il est légitime d’être inquiet et de se poser une fois encore la question de l’Europe en tant qu’aventure spirituelle ou simplement résultat de tensions insolubles entre des égoïsmes nationaux. Une Église en gestation à l’image de Marie n’a pas la prétention de détenir la clé de tous les problèmes. « Elle peut humblement rappeler au monde de ce temps, que finalement c’est le souci du pauvre qui fait les sociétés vraiment humaines, et cela dans la mesure où les plus démunis désignent le meilleur de la vocation humaine qui est de se dépasser. »

Le trésor du Royaume que nous devons guetter en ce temps de l’Avent, c’est peut-être précisément l’Évangile qui nous a été lu lors de la fête du Christ Roi: «Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.  

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ “(Mt 25, 31-40).

Dans le Royaume, ce sont les petits qui sont rois. Il est légitime d’être inquiet devant le constat de notre situation de chrétiens. Nous sommes minoritaires, parfois même dans notre famille, nous pouvons déranger, surprendre, étonner. Les versets du chapitre 10 de l’Évangile de Saint Matthieu sont réalistes : “Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison.”  (Mt 10, 34-36).

À la suite de cela Jésus ajoute une phrase qui peut nous heurter : “Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.” (Mt 10, 37-38).

Nous sommes dans une Église qui vit les douleurs de l’enfantement. Nous vivons aujourd’hui un bouleversement bien plus radical que ce que certains ont cru voir dans les grandes blessures que furent la Révolution Française, la crise du début du XXe siècle (avec la séparation de l’Église et de l’État), les guerres de Vendée ou encore les tourments de l’après-Vatican II. Ce bouleversement concerne l’Église et la civilisation. L’Église n’est pas épargnée par tout ce qui se passe dans le monde et les révolutions technologiques qui l’ont radicalement transformée. Elle les subit de plein fouet et trop souvent ne se sent pas du tout épargnée.

L’Église est en gestation et si bien des institutions ecclésiales sont en train de s’interroger, il ne faudrait pas croire que c’est parce que l’Évangile du Christ mort et ressuscité n’a plus de force. En réalité, il est possible que ces évolutions rapides et parfois déroutantes, contribuent à la disparition de certains écrans voire de certains obstacles que nous avons construits, ou surtout dont nous avons hérités de la longue marche de l’Église au long des siècles. Dans ce contexte, sans peur, il nous est demandé de veiller à ce que les petits ne périssent pas sous les décombres.
 
Croire à une Église en gestation, c’est croire que l’amandier va fleurir, c’est-à-dire qu’entre la puissance de l’Évangile et ce monde que Dieu aime et qu’il est venu sauver en son fils Jésus Christ, il existe une nouvelle possibilité, qui ne pourra advenir que si nous acceptons qu’il soit non pas l’objet de notre œuvre, mais le fruit reçu de la grâce qui nous appelle à entrer en symphonie avec l’œuvre de Dieu.

La figure de la Vierge, qui attend un enfant,  éclaire celle de l’Église. Il faut prendre au sérieux l’expérience humaine de la Vierge Marie dans cette aventure, cette expérience que connaissent les femmes qui ont eu des enfants et les pères qui ont accompagné cette attente.
 
Attendre un enfant est « une aventure » qui fait passer par différents stades : la surprise et souvent la joie de l’irruption de la vie. Puis dans une deuxième étape, il faut faire face aux bouleversements que subit la mère,  s’habituer à cette nouveauté, attendre que le temps passe pour être prêt à connaître le travail de l’enfantement et la découverte extraordinaire de cet être nouveau. Émerveillement du premier contact devant ce petit être qui revendique sa place dans l’existence. Quoi de plus extraordinaire que le premier regard du nouveau-né posé sur nous ?
 
Ces neuf mois d’attente, Marie, figure de l’Église, les a vécus avec les mêmes sentiments que ceux qui envahissent le cœur de toutes les futures mères. Il sera tantôt question d’impatience, tantôt de doutes, tantôt de joies et enfin de délivrance.

Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ et Marie est devenue figure de l’Église en gestation. 
Au cours de cette période de l’Avent, relisons les Écritures, en jouant avec ces expériences et cela pour vivre vraiment la réponse de Marie à l’ange qui a guidé toute sa réflexion: « Que ta Parole s’accomplisse en moi, je suis la Servante du Seigneur ».

Mais pensons aussi à préparer la maison pour accueillir Jésus dans la joie. Si nous le pouvons, un sapin de Noël (peu importe la taille) et une jolie crèche pour souligner le caractère d’exception de cet événement qui chaque année nous redonne espérance.

Chères amies lectrices et chers amis lecteurs, que ces fêtes de fin d’année apportent dans votre cœur de la joie et le désir de progresser dans tous les domaines, spécialement ceux où vous savez qu’il reste tant à faire ! Réapprenez le bonheur et la joie du partage.

Solange Heisdorf

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.