Combat politique, combat ecclésial (suite et fin)
Cet article fait suite à la première partie publiée le 19 juin (https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/combat-politique-combat-ecclesial/)
Revenons à notre analogie. Nos républicains de tous bords, qui acceptent l’impunité du désordre politique, ressemblent, dans l’Église, à ces fidèles tièdes, parfois de gauche, qui acceptent sans sourciller la révolution conciliaire et l’impunité du désordre ecclésial qui en découle.
Nos bonapartistes, qui acceptent, au fond, la révolution en gardant des formes traditionnelles, ou en y étant attachés, ne ressemblent-ils pas à certains partisans de Benoît XVI, qui croient pouvoir faire le grand-écart entre contre-révolution et révolution ?
Nos orléanistes, mondains, bourgeois et transfuges de la monarchie légitime, ne ressemblent-ils pas à certaines communautés ralliées qui ont préféré trahir la Tradition, sous couvert de fidélité au Pape, pour ne plus obéir au devoir de le corriger fraternellement et pour profiter d’une situation confortable ?
Nos maurassiens d’avant-guerre, qui, malgré leur discours, restaient toujours dans le cadre républicain, ne ressemblent-ils pas à d’autres communautés ex-Ecclesia Dei, plus traditionnelles, mais profitant du confort de la situation acquise ?
Notre extrême-gauche serait les « progressistes », les pires, là où nos libéraux seraient les charismatiques, ayant quelques aspects de la Tradition mais fondamentalement révolutionnaires. Nos providentialistes seraient les sédévacantistes, qui ont abandonné le combat et se laissent aller à l’amour propre et à l’originalité sans fin.
Qui seraient les légitimistes de l’Église ? On a beau tourner dans tous les sens, on ne peut qu’être frappé par la ressemblance de position avec la Fraternité saint Pie X. Refusant l’impunité du désordre, elle est en butte aux persécutions de tous les côtés. Elle maintient contre vents et marées, et avec douceur, la Tradition, non pas pour son profit, mais au profit de l’Eglise et même des clercs qui la persécutent. Tout comme les légitimistes se battent pour le profit des Français constitués en société politique, et ainsi pour le bien commun.
Toutes choses égales par ailleurs, la position se ressemble.
Simplement, les deux ordres ne sont pas confondus. Ainsi, les légitimistes viennent de toutes les chapelles, et tous les prêtres de la FSSPX, quoique forcément anti-républicains et contre-révolutionnaires, ne sont pas forcément légitimistes. Ceci par manque de formation, certainement, et ce n’est de toute façon pas leur première tâche, c’est la nôtre, en tant que laïcs.
Les légitimistes, de plus, ont certainement « inspiré » le combat contre-révolutionnaire dans l’Église, car cela fait un moment que nous expérimentons les mêmes déboires et les mêmes genres de persécution, avec cette tentation, toujours évitée, de se compromettre avec la Révolution (car c’est évidemment plus facile et plus confortable).
C’est pourquoi nous sommes légitimistes et que le combat légitimiste est le seul réaliste dans cette situation révolutionnaire : le pouvoir illégitime est substantiellement anti-chrétien et, du fait de cette virulence, contre-nature.
Mieux : la République révolutionnaire est constituée pour rester indéfiniment illégitime, inconvertible (voyez la laïcité et la structure démocratique et parlementaire du pouvoir) et mécanique, contre l’homme, contre Dieu. Cette anti-politique qu’incarne la modernité révolutionnaire interdit l’amitié politique, dissout les familles et les sociétés humaines, conséquence logique de l’exil de Dieu et de son Église, de la société.
Une restauration politique légitime s’impose donc, tant philosophiquement que pratiquement, c’est-à-dire charnellement. En effet, la politique suppose des hommes incarnés, et ici, l’incarnation signifie non pas un roi pris au hasard, mais bien Louis XX, le descendant de nos rois. Il est désigné par les lois fondamentales, ces lois coutumières qu’aucun homme n’a faites, et qui manifestent la volonté de Dieu pour notre pays.
Nous nous battons ainsi pour la restauration intégrale en France, et qui commence par la restauration de l’amitié politique à notre niveau personnel, dans nos sociétés proches, à notre place : c’est le contraire de la Révolution.
De la même façon, dans le combat ecclésial, et de façon concomitante, nous sommes contre-révolutionnaires, contre la révolution conciliaire, qui veut allier et confondre par son esprit et son ambiguïté le vrai et le faux, la vertu et le vice, le dogme et les erreurs. Nous sommes contre-révolutionnaires en étant catholiques intégralement. Nous voulons appliquer la Tradition catholique de toujours, qui s’incarne par les sacrements traditionnels, les dévotions traditionnelles, les coutumes catholiques de nos terroirs (processions, dévotions aux saints, calvaires, églises, etc), et la vie chrétienne traditionnelle. En cherchant bon an mal an à fonder de bonnes et nombreuses familles chrétiennes, à appliquer l’enseignement du Christ par la mortification, le sacrifice et l’amour de la Croix, malgré nos terribles faiblesses – qui nous aident à prendre conscience que sans la Grâce nous sommes vraiment pas grand choses. Et cela contre les pressions des autorités ecclésiales, les pressions mondaines, les persécutions mêmes. 2000 ans d’histoire et l’exemple de millions de saints nous confortent, ainsi qu’une pratique religieuse constante, et surtout, pour chacun d’entre nous, le travail de la Grâce qui se manifeste pour chacun d’une façon différente mais certaine.
Nous laissons tout cela à la réflexion des lecteurs de bonne volonté.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul-Raymond du Lac
N.B. : Cet article peut être lu à la suite de celui-ci : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/chetiente-christianophobie/paix-de-dieu-paix-du-monde/