Tribunes

La voie royale

Campagne royale

Cette campagne royale doit se comprendre en son entier et synthétiquement. Les paroles humaines sont limitées et une tournure ou une expression mal comprises peuvent créer des malentendus, sans compter les écarts de compréhension d’une personne à l’autre des mêmes mots. C’est pourquoi nous demandons la sollicitude du lecteur de ne juger cette humble campagne qu’à la lumière de sa lecture entière, dans l’espoir que les mécompréhensions possibles de détails soient comblés et nuancés par le tout. Si nous  parvenons à communiquer un peu de cet esprit royal en lequel nous croyons et dont nous parlons, nous serons comblés. Que tous ceux qui ont des remarques, des idées ou qui veulent simplement en parler n’hésitent pas à prendre contact avec votre serviteur via le formulaire de contact du site.

La campagne royale est composée de quatre cycles : Les principes restaurateurs, les conditions préalables [à la restauration], les fondements de l’action et Place à l’action, couronnée par le manifeste. Les intitulés des articles sont les suivants.

Articles précédents:

1- Haut les cœurs ! Manifeste pour la restauration royale

  1. Les principes restaurateurs – 0. La voie royale

La première partie de cette campagne s’attache à présenter un certains nombres de principes restaurateurs indispensables et basiques de l’action royale pour la France. Ces principes ne sont pas simplement statiques et dogmatiques, mais bien dynamiques et actifs en substance. Ils concernent évidemment la façon royale de notre royauté, et la dynamique royale à adopter pour la restauration effective de la France éternelle. Les mots ne servent qu’à décrire bien imparfaitement un esprit incarné dont le succès ne dépend que de sa réalisation par chacun d’entre nous dans sa vie au quotidien, dans la limite de ses capacités et en toutes choses, même celles qui peuvent paraître les plus futiles.

La restauration politique et institutionnelle ne peut passer que par une restauration culturelle, spirituelle et réelle préalable ; cette restauration incarnée, concrète et hors du champ politique, est ce que j’appelle la voie royale. L’incarner est déjà une victoire de la Restauration : elle consiste dans sa réalisation sur nous d’abord, sur nos famille et sur nos cercles proches, selon nos capacités et nos possibilités. La priorisation du proche vers le lointain, et du petit vers le grand est primordiale pour réaliser une restauration véritable, qui consiste avant tout à rester à l’endroit et marcher dans le bon sens, peu importe la vitesse de progression et la distance parcourue, même s’il faut espérer que plus le temps passe plus nous pourrons avancer loin et vite. Il s’agit néanmoins de cesser dans un premier temps de couler et de reculer sur la voie royale, ce qui se passe effectivement depuis trop de temps dans notre France.

L’harmonie et l’esprit royal incarnés partout commencent la Restauration, qui n’est pas un état binaire du type Restauration-Révolution, obligatoirement dans un état ou un autre. Non, il faut voir les choses dans la continuité et, ici, deux pôles dont la version pure n’existe pas : l’important est de tendre à la Restauration en toute chose, dans une dynamique royale et positive, qui n’effacera jamais les fautes et les chutes dues à la nature de l’homme.

Nos actes concrets restaurateurs et royaux sont autant de victoires, non pas dans l’anéantissement de l’ennemi, mais dans sa conversion à l’esprit royal au sujet duquel nous sommes nous-mêmes les premiers à devoir convertir – car c’est bien notre propre personne qui synthétise et contient en premier lieu les contradictions humaines, comme les tendances restauratrices et révolutionnaires. Si nous nous restaurons nous-mêmes, nous pourrons décupler l’efficacité restauratrice de nos œuvres dans la famille, notre entourage, nos sociétés, notre pays et notre Église.

Les principes sont des ancres, des balises et des références qui nous aident, mais la Restauration se fait dans leur incarnation particulière à chaque moment et en chaque lieu. Ces principes composent un esprit royal, à la fois fixe mais souple et dynamique, un souffle royal qui indique la voie, et qui construit la voie royale par nos œuvres quotidiennes, familiales, de société, etc.

Le roi lui-même incarne parfaitement son principe : à la fois éternel et de chair dans le monde d’aujourd’hui, à la fois fixe mais agissant et incarné dans les actions et les situations forcément particulières. Il est ce lien entre ciel et terre, nous subsumant au divin, qui est aussi sur la terre, agissant, comme en témoigne la présence réelle et toute la Tradition catholique. Le roi est le point de jonction et de synthèse qui guide sur la voie royale – entre divin, terrestre, religion, politique – les diverses âmes, la nature, la vie, la mort, les générations passés et à venir dans un éternel présent. Notre devoir de sujets est d’y participer, et nous avons tout autant que le roi la vocation d’incarner la voie royale, sauf que le roi incarne cette élection si particulière du sang, de Dieu, de l’histoire et des hommes, ce qui montre que l’universalité de la voie royale côtoie l’unicité absolue de chaque homme dans son existence propre et sa place. Il n’y a qu’un roi, tout à la fois unique et universel, comme il n’y a qu’un vous et qu’il n’y a qu’un moi, placés par Dieu chacun à notre rang, à la jonction du sang, du divin, de la terre, du corps et de l’esprit, dans le présent entre le passé et l’avenir, au milieu des hommes et de la Création.

La restauration de la voie royale revient ainsi à réconcilier tous ces contraires manichéens qu’affectionne la modernité mais qui n’existent pas, au fond, dans la réalité, et ne sont que le produit de l’ennui d’hommes souvent pervers à leur insu et qui cherchent à tromper leur vide par un verbiage fumeux et spécieux, oubliant la vérité, Dieu et la réalité. La matière et l’esprit sont inséparables, c’est ainsi. Les élucubrations des pseudo-philosophes de notre temps feront toujours pâle figure devant la simple clarté et l’évidente véridicité d’un saint Thomas d’Aquin. Nous ne sommes ni des anges, ni des bêtes, ni un minéral, mais bien des hommes, de chair et d’esprit. Il faut passer de l’analytique au synthétique. L’analytique peut être utile, mais il n’est qu’un moyen et il peut s’avérer extrêmement faux dans la justesse du détail : l’homme est un être synthétique. Nous pouvons conceptualiser la distinction du corps et de l’âme, mais nous sommes faits de et d’âme, de chair et d’esprit, sans équivoque. C’est une évidence, parmi de nombreuses autres, mais que la modernité a réussi à faire perdre de vue dans la perversion qui consiste à prendre un bout de vérité pour toute la vérité – ce qui s’appelle une erreur, ce qui est faux. Tout ce qui est faux est donc vrai dans un certain sens, et l’erreur consiste à oublier que nous n’avons tous et tout le temps qu’un bout de vérité. Au mieux cette dernière peut-elle se donner à nous, comme dans la sainte communion, mais sans que nous ne nous assimilions jamais complètement à elle ici-bas… L’erreur reste l’effacement de la vérité, tout comme Albert Einstein expliquait que l’obscurité n’était que l’absence de lumière ou le froid celle de chaleur. Ajoutons, en nous réclamant de saint Pie X, que l’erreur devient d’autant plus pernicieuse, violente et efficace qu’elle se terre dans un vaste ensemble de vérités.

Le danger totalitaire, le danger idéologique, la malédiction révolutionnaire et moderne, n’est nulle part ailleurs que là : faire d’un détail, peut-être vrai par ailleurs dans certaines conditions et en un certain lieu, une vérité éternelle et totale, devant tordre la réalité pour satisfaire sa cohérence interne, cohérence qui n’est jamais vérité.

Tout est dans l’incarnation pragmatique et intransigeante de la voie royale qui est balisée par les principes vrais et éternels. Voilà la tradition française et catholique : associer le talent de la tradition qui consiste à transmettre, mais à transmettre le bon, et non le mal – ce qui explique pourquoi toutes les traditions ne sont pas bonnes, car le talent de la transmission, qui n’est au fond qu’un moyen, peut être mis au service du mal – regardez nos révolutions dans le court terme, mais surtout un célèbre pseudo-prophète arabe qui a fait marcher à plein la transmission pour fonder une tradition aux principes mauvais. Après tout, il y en a aussi qui transmettent Vatican II plutôt que les enseignements traditionnels de l’Église… en utilisant des modes semblables, mais un corpus objectif du tout au tout différent.

Cherchons donc les principes restaurateurs, sans pouvoir être exhaustifs ni complets, puisque nous sommes limités. N’oublions jamais que nous ne sommes que des êtres finis et que, si la raison a son rôle à jouer, tous nos systèmes purement humains sont dès le berceau partiels, partiaux et dépassés. Les principes restaurateurs dont nous voulons parler sont à la fois distincts et consubstantiellement unis dans le roi, dans Dieu. L’esprit royal par excellence peut aussi – peut-être – se résumer par l’esprit d’harmonie, esprit divin par excellence – esprit charitable, qui sait être intransigeant et fort, sans être violent et partisan.

Que notre roi nous guide, et que nous aidions le roi sur tous les plans, à commencer par l’esprit et la matière, le cœur et l’honneur, le service et la remontrance, la modestie, l’humilité, les œuvres incarnés, l’activisme et la confiance en la Providence.

Vive le roi !

Pour Dieu, pour le roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

3 réflexions sur “La voie royale

  • Ping : Premier pas vers la restauration ? Soyons des chevaliers des temps modernes ! – Vexilla Galliae

  • Ping : Sortons de toute logique d’appareil et de parti – Vexilla Galliae

  • Puissent les Royalistes de tout bords mediter profondement ce sage editorial et en tirer profit dans leur action dde tous les jours sans attenter a leur devoir d’etat particulier responsable, car le Demon pieux n’est pas appelé le Malin pour rien et en a fait chuter un grand nombre par abandon de leur simple devoir d’etat plaisant a Dieu pour courir apres des causes certes vertueuses mais en mettant en danger leur vie familiale et professionnelle.
    Donc oui, ce combat royal est a mener mais chacun selon ses moyens et force et pour savoir comment le mener et repondre a l’appel du Roi il est necessaire de faire d’abord une retraite spirituelle dans les exercices de Saint Ignace de Loyola afin d’apprendre a avoir le discernement des Esprits et connaitre le degre de service que Dieu nous demande de facon particuliere dans ce combat et ensuite chaque fois que nos autorites superieures dans ce combat nous proposeront une charge ou un poste avec toutes les bonnes intentions du Monde reserver notre reponse et faire une autre retraite pour connaitre la Volonte de Dieu a ce sujet et savoir si on doit oui ou non accepter.
    A ce prix de prudence et d’abandon a la Volonté Divine et non celle des hommes ou de son ego, nous serons de bons serviteurs de Dieu et du Roi dans une totale humilité.

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