Tribunes

Israël : pour un autre regard

Pour beaucoup de « bien-pensants » de France et d’ailleurs, le nom d’Israël est devenu synonyme de colonialisme, d’occupation, d’oppression, voire même de racisme.  Dans leur bouche, l’adjectif « sioniste » semble être la pire des insultes, alors qu’ils ignorent tout du contenu idéologique et des valeurs du sionisme.

Les Etats voisins d’Israël ne brillent pourtant pas par leur respect des droits de l’Homme et leur sens de la démocratie. L’Egypte n’en finit pas de sortir de son printemps qui a un temps amené au pouvoir la pire forme d’obscurantisme avant d’aboutir au retour au pouvoir des militaires. La Syrie s’enfonce chaque jour davantage dans une atroce guerre civile où des civils sont massacrés quotidiennement, tant par le régime que par l’opposition armée. Dans ces deux pays comme en Irak, les chrétiens n’ont souvent le choix qu’entre la valise et le cercueil.

Concernant la Syrie, les grandes puissances et l’ONU ont donné la preuve de leur impuissance. Il est pourtant un aspect de la tragédie syrienne qui est rarement rapporté par nos grands médias. Sait-on que depuis plus d’un an, Israël a accueilli des centaines de blessés syriens, tant civils que militaires gouvernementaux et rebelles ? Les deux pays sont toujours officiellement en guerre et, depuis 1948, des générations de syriens ont appris qu’Israël est l’ennemi, que l’ « entité sioniste » incarne le mal absolu. Ce conditionnement n’a pas empêché ces centaines de blessés et leurs proches de se présenter à la barrière hermétiquement close séparant la Syrie d’Israël, sur le plateau du Golan. Les premiers étaient au nombre de sept. Les soldats israéliens reçurent l’ordre de les laisser entrer en Israël. Depuis, ils sont plus de 600 à avoir été soignés gratuitement dans différents hôpitaux du nord de l’Etat hébreu. Beaucoup ont ensuite regagné la Syrie. Certains auraient même été assassinés après leur retour, pour avoir violé le tabou absolu que représente encore le fait d’avoir des contacts avec l’ « ennemi » israélien.

Nos « bien-pensants » nous assènent quotidiennement l’expression de leur solidarité active avec les Palestiniens. Le plus grand bailleur financier de l’Autorité Palestinienne est l’Union Européenne. Nos grands médias n’évoquent que trop rarement la corruption massive qui gangrène ladite « Autorité », les palais que se font construire les dignitaires de cette fiction d’Etat ou leurs comptes bancaires dans les paradis fiscaux. Les pratiques bien peu démocratiques du régime établi à Ramallah sont rarement dénoncées. On ne s’apitoie que trop rarement sur le sort de la minorité chrétienne de plus en plus marginalisée dans une société en voie d’islamisation toujours plus intolérante. Quant à la situation prévalant dans la bande de Gaza, il est de bon ton de dénoncer avec virulence le soi-disant blocus israélien. L’opinion publique européenne semble ignorer que chaque jour des centaines de camions entrent et sortent par le passage d’Eretz, alors que celui de Rafah, avec l’Egypte, est totalement fermé. Mais il est bien sûr plus facile de s’en prendre à un blocus israélien inexistant qu’à celui, bien réel, imposé par les autorités égyptiennes. On voudrait présenter les « autorités » du Hamas comme un interlocuteur valable. Alors que le régime fondamentaliste imposé par ce groupe obscurantiste est chaque jour davantage répressif et qu’il n’a jamais renoncé à son objectif suprême, à savoir la disparition d’Israël de la carte du Moyen-Orient. Mais là encore, il est plus facile de dénoncer les frappes israéliennes contre ceux qui lancent des roquettes sur les villes d’Israël.

L’opinion occidentale sait-elle que la population qui a fui en 1948 les territoires où s’est établi l’Etat d’Israël est la seule au monde à recevoir l’assistance d’une agence spécialisée des Nations Unies, l’UNRWA ? Là aussi, l’Union Européenne est le principal contributeur financier de cet organisme. Depuis près de 70 ans, les « réfugiés » palestiniens reçoivent l’aide de l’UNRWA alors que la majorité d’entre eux n’est pas refugiée stricto sensu : ces gens sont nés et ont vécu au Liban, en Syrie, en Jordanie, à Gaza et en Cisjordanie. Cette population est la seule au monde où le statut de réfugié est héréditaire. D’autres réfugiés ont, durant la même période, réussi à s’intégrer dans leur nouvelle patrie : on pourrait évoquer le cas des Allemands de Prusse Orientale, de Silésie et de Poméranie, ou celui de la minorité germanique des Sudètes : ils ont fui par millions leurs terres ancestrales qui font aujourd’hui partie de la Russie, de la Pologne et de la République Tchèque. Ou celui des Italiens qui furent contraints d’abandonner l’Istrie, lorsque cette dernière fut donnée à La Yougoslavie, à l’issue du second conflit mondial (et qui fait aujourd’hui partie de la Croatie et de la Slovénie).  Ces millions d’Allemands et d’Italiens se sont intégrés, malgré les difficultés, et personne ne parle plus de « droit au retour » pour eux. La France a quant à elle accueilli un million d’Européens d’Algérie, en 1962. Parmi eux se trouvaient des « rapatriés » d’origine espagnole, italienne, maltaise ou juive sans parler des dizaines de milliers de « harkis » musulmans. Tous s’intégrèrent, non sans mal, à la France des années 60, sans l’aide des Nations Unies. Il est une catégorie de réfugiés dont on ne parle jamais : les Juifs qui furent contraints de quitter les pays arabes où ils vivaient depuis des siècles, voire des millénaires. Ils furent progressivement marginalisés, spoliés et chassés de pays tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Yémen ou l’Irak. En Egypte, il n’y a plus aujourd’hui que 20 Juifs, essentiellement des femmes âgées, alors qu’ils étaient des centaines de milliers autrefois. On estime qu’environ 700 000 Juifs furent contraints à l’exil. La plupart vit aujourd’hui en Israël, où ils n’ont pas eu besoin d’une « UNRWA » pour s’insérer. Ce chiffre de 700 000 est d’ailleurs intéressant. Il équivaut à celui avancé pour estimer le nombre d’Arabes qui quittèrent les territoires où fut établi l’Etat d’Israël en 1948. Comment se fait-il que seule cette dernière population ait attiré l’attention de la « communauté internationale » et qu’elle continue à être assistée, 66 ans plus tard ?

Ne serait-il pas grand temps de changer de regard envers Israël et de réévaluer le soutien apporté depuis si longtemps à la « cause palestinienne » ?

Hervé Cheuzeville

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.