IdéesPoints de vue

Revenons aux méthodes traditionnelles d’enseignement

Dans les cercles d’étude des milieux traditionnels au Japon, la méthode ne change pas depuis des siècles. Elle peut surprendre le moderne.

Elle est simple : prendre un texte d’un maître illustre, le lire à voix haute en cours, élève par élève. Puis écouter le commentaire du professeur, explicitant le sens. Et, pourquoi pas, des questions ensuite par les élèves pour éclairer d’autres points, ou chercher des conséquences plus lointaines.

Voilà à gros traits la méthode pour étudier au Japon, traditionnellement. D’inspiration confucianiste.

Elle peut frustrer le moderne pressé, peut-être. Mais elle a des vertus universelles – et elle ressemble certainement aux méthodes scolastiques ou antiques d’apprentissage qui ont continué jusqu’à il y a peu chez nous aussi.

Première vertu :  se soumettre à une autorité supérieure, soit le maître illustre à travers son texte. Et donc faire preuve d’humilité et reconnaître que nous ne faisons que nous dresser, nains que nous sommes, sur les épaules de géants.

Deuxième vertu : apprendre à s’imprégner et à connaître le passé, les langues anciennes, affiner ses connaissances des expressions et du sens des mots par le contact actif et continu aux textes classiques, pas simplement lus mentalement, mais ressuscités par la lecture à haute voix, quand ce n’est pas l’apprentissage par cœur.

Troisième vertu : se soumettre au maître qui explicite le sens du texte original, sans vouloir le violenter ou y mettre son grain de sel.

Quatrième vertu : prendre son temps sur des textes normalement contenant une grande sagesse, et qui ne peuvent pas se digérer rapidement. La décantation et le temps ont tout leur rôle dans l’étude. Vertu d’autant plus importante dans notre monde de l’instantané qui voudrait avoir tout prêt-à-penser.

Cinquième vertu : le questionnement final soit la recherche d’une véritable compréhension en posant des questions véritables au maître, questions qui peuvent faire progresser le maître lui-même dans l’éclaircissement de la vérité.

Sixième vertu : tout cela demande une activité de l’élève qui se forme véritablement, sans rien enlever à l’aspect cours magistral de soumission à l’autorité du maître. Sain équilibre entre une participation active et la réception passive, dont l’objectif premier est de faire des élèves des futurs maîtres, et de transmettre profondément certaines vérités.

Ce n’est qu’une méthode évidemment, qui ne présume pas de la qualité des textes étudiés. Tout l’enjeu est de l’appliquer à des autorités véritablement illustres – on n’imagine pas utiliser cette méthode pour étudier un gougnafier moderne qui se nomme philosophe. Inversement, dire qu’il ne faut pas utiliser cette méthode à cause des mauvais textes étudiés est une absurdité : ce n’est pas la faute de la méthode mais des textes mal choisis. Le problème, évidemment, c’est que si les mauvais textes sont étudiés de cette façon, les erreurs contenues seront plus tenaces dans l’esprit des étudiants… Mais cela prouve da façon paradoxale l’efficacité de la méthode elle-même, à nous de l’utiliser à bon escient ! Inversement, notre monde moderne a aussi adopté de mauvaises méthodes modernes d’enseignement : c’est peut-être grâce à cela que la jeune génération, relativement vierge de vérités mais aussi d’erreurs, peut plus facilement revenir aux vérités naturelles et surnaturelles, l’erreur moins profondément incrustés que les générations précédentes s’opposant moins à la vérité… Un certain bonheur dans le malheur…

Oui, étudier avec cette méthode des bons textes, à commencer par la sainte écriture, devrait constituer une base pour l’enseignement à l’avenir : sûre et facile à mettre en œuvre, elle n’interdit pas des synthèses ultérieures fondées sur une connaissance solide et profonde des textes fondamentaux.

Paul de Beaulias

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

 

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