Editoriaux

Immigration, humanité et fermeté

Chers amis,

Depuis quelques semaines, les naufrages de navires chargés d’immigrés clandestins en mer Méditerranée ont occupé nos actualités.

Bien sûr, ma première pensée va à ces malheureux péris en mer, eux qui quittaient des États en guerre civile pour trouver la paix et la prospérité en Europe et en France.

Cependant, une fois versées les larmes de l’émotion, je cherche, comme vous, une solution durable à ce problème.

Problème ? Oui, c’en est un, car l’accueil des migrants clandestins ne saurait être une solution pérenne. En effet, ce sont des centaines de millions d’êtres humains qui, en Afrique, sont confrontés à la guerre civile et au sous-développement, qui ne trouvent pas d’emploi ou meurent de faim, font face aux persécutions ethniques ou religieuses. N’ayant pas d’autre choix, ils quittent leurs terres ancestrales, et le peu d’économies qu’ils emportent part dans les poches des passeurs.

Le flux de réfugiés peut être sans fin, et ce sont des millions de personnes qui ont été accueillies en Europe, en quelques années. Cet accueil inconsidéré ne règle aucune des causes de départ, aucun des malheurs des peuples qui émigrent, et menace l’équilibre social et politique des États européens, déjà fragilisé par la crise économique et une immigration légale extra-européenne largement non intégrée pour l’heure.

Le premier droit d’un migrant est celui de ne pas migrer, disait le pape François, évoquant le droit des peuples à vivre en paix chez eux. Je fais mienne cette maxime et l’applique aux deux bouts de la chaîne, au départ et à l’arrivée. Or, si nous avons un devoir d’accueil, nous devons le faire de manière raisonnable et intelligente, c’est-à-dire dans la limite de nos propres forces et en considérant que celui-ci doit être temporaire.

En outre, les menaces de l’État islamique de déverser sur notre sol européen des millions de migrants parmi lesquels se cacheront des djihadistes formés par eux ne peuvent que renforcer l’urgence d’une solution définitive. La folie meurtrière de ces hommes et leur résolution doivent nous faire prendre leur menace au sérieux. La mort récente de migrants chrétiens, jetés par-dessus bord, au large de la Sicile, par des migrants musulmans, en est certainement un avant-goût. En effet, je ne peux pas croire que des migrants qui ont vécu les mêmes misères, ensemble, sur des milliers de kilomètres, puissent jeter par-dessus bord ceux qui sont devenus des camarades bien souvent, et à seulement quelques encablures de l’Europe. Il y a là une action qui relève sans doute du terrorisme islamiste, organisé ici par des personnages crapuleux, afin de nous effrayer.

C’est pourquoi, il me semble que nos dirigeants politiques doivent prendre, à toutes les échelles, c’est à dire au niveau local, régional, national et européen, deux types de mesures :

– A l’arrivée, les migrants clandestins doivent être systématiquement arrêtés, logés dans des centres d’accueil fermés afin d’être soignés et réconfortés à l’issue de ce terrible périple, mais en gardant à l’esprit que cette situation est temporaire, et donc par la suite renvoyés dans leur pays d’origine par tous les moyens maritimes et aériens disponibles, dans le respect de leur dignité humaine, mais sans faiblesse. En outre, les navires de migrants étant en état de naviguer doivent être ramenés à leur point de départ par les marines nationales des États. Pour que cela soit possible, la paix doit être rétablie en Afrique du Nord, notamment en Libye, mais aussi en Égypte et en Tunisie où l’équilibre demeure fragile. Nous avons un rôle à jouer là pour soutenir le retour à l’ordre, considérant que nous avons notre part dans le désordre actuel.

– Au départ, chaque nation européenne a une responsabilité, celle du développement et de la pacification dans sa zone d’influence. Ce n’est une découverte que pour ceux qui ne veulent pas voir les faits. La France, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne et la Belgique ont des liens privilégiés et une influence prépondérante dans leurs anciens territoires coloniaux d’Afrique noire. Accords commerciaux préférentiels, coopération économique et culturelle, échanges dans le domaine du renseignement, présence militaire permanente, sont le lot commun de la France au Gabon ou en Côte d’Ivoire, du Royaume-Uni au Sierra Leone, de la Belgique en République démocratique du Congo, etc. Ces Etats africains ont montré, depuis 1960, qu’en dépit des aides considérables qui furent versées, ils ne sont pas en mesure d’assurer eux-mêmes leur développement serein. Cette incapacité est la cause première de l’immigration massive en provenance de la région. Il nous appartient, nous États européens, de supprimer cette cause en promouvant le développement sur place. Nos missions militaires ne sont pas suffisantes, elles ne font que gagner des conflits ponctuels sans les régler durablement. Nos investissements économiques, d’exploitation, soutiennent l’import-export, mais ne profitent pas au développement harmonieux des provinces car les ressources financières sont captées par des élites véreuses et que les populations n’ont pas la formation intellectuelle et technique suffisante pour entretenir les infrastructures mises à leur disposition avec l’aide internationale. Prenons-en acte et augmentons le nombre de nos bases permanentes en Afrique sub-saharienne, envoyons des coopérants civils plus nombreux pour rétablir les infrastructures, augmentons nos parts de marché pour l’exploitation responsable des ressources, contrôlons la bonne utilisation de nos investissements, en somme, allons nous-mêmes régler le problème de la pauvreté et du désordre civil africain au lieu de condamner ces peuples à l’exil… chez nous.

Nous avons une responsabilité morale, tant pour nous-mêmes que pour eux, alors il me semble que l’Union européenne et les Etats doivent, désormais, se soutenir mutuellement dans cette optique d’humanité et de rigueur.

Nous n’avons pas d’autre voie, sinon celle de continuer dans la perspective actuelle qui accroît les tensions internes en Afrique et les transfère en Europe ;

Bien sûr il faudra opérer des choix stratégiques, notamment dans l’augmentation des budgets de défense et ceux consacrés au développement à l’étranger. Cela se fera au détriment des dépenses sociales. Mais ne rien faire serait humainement dramatique, économiquement désastreux et politiquement imbécile. C’est l’équilibre de l’Afrique et la paix de l’Europe qui sont en jeu.

Charles

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