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Le téléphone qui vous poursuit…, par Paul de Beaulias

 

Je vais vous raconter une histoire qui j’espère vous fera rire. C’est une histoire vraie.

 

Je vis au Japon, et comme tout homme de notre temps, je suis plus ou moins forcé de disposer d’un téléphone « intelligent ».

J’ai le minimum, sans quasiment de bande passante, et je paie à la minute, comme cela je suis découragé pour téléphoner, mais on peut me joindre si besoin.

Mon problème est qu’il est impossible de se procurer des téléphones qui ne font que téléphone.

J’ai du changer de téléphone récemment, car l’ancien, que j’avais depuis six ans, ne marchait plus : peu à peu plus rien ne marchait, ni les haut-parleurs, ni aucune application, qui n’était plus mis à jour, et puis le micro a lâché, j’ai bien été obligé de revenir au magasin, ces antres infernales dans lesquelles on ne rentre que sur rendez-vous électronique et acheter un autre appareil…

 

Je fais en sorte de l’avoir le moins possible sur moi, et j’ai désactivé toutes les notifications, mais je mets la sonnerie : ceux qui ont besoin de me contacter y parviennent.

 

Comme vous voyez, l’histoire d’amour entre mon téléphone et moi n’est pas au beau fixe.

 

Bref, il se trouve, grâce soit rendu à Dieu, que j’ai perdu mon téléphone dimanche dernier dans le train, en revenant de la messe.

J’avais des bretelles ce jour-là, et donc la sensation de poids dans mes poches était différente de l’accoutumée, je ne l’ai pas senti glissé de ma poche.

Puis j’ai eu la faiblesse, cédant à une tentation de divertissement, de regarder quelques minutes mon téléphone, les nouvelles en plus… Et paf, punition : je le perds, le remettant mal dans ma poche.

 

Et puis je m’en rends compte quelques pas après être descendu du train.

 

Et là, une sérénité me prend, le calme olympien qui se rapproche d’une exaltation dans la joie : enfin je suis débarrassé de ce téléphone.

 

Nous rentrons en famille à la maison, je n’allais pas perdre du temps à le retrouver.

 

Plus tard dans la journée je reçois un courriel d’un ami, qui a essayé de téléphoner, et qui me dit que mon téléphone a été ramassé à la gare de Shibuya et se trouve au poste de police de ce quartier : oui, ici les policiers s’occupent essentiellement des objets perdus…

 

Bon, dont acte.

Je me dis qu’il faudrait que je téléphone, ou que je passe au poste du coin pour faire une déclaration de perte.

 

Mais il est trop agréable d’évoluer sans téléphone, alors je laisse filer les jours.

 

Et là, vous ne devinerez jamais : je trouve le vendredi suivant dans ma boîte aux lettres – soit moins de cinq jours après la perte – une lettre de mon opérateur téléphonique.

 

J’ouvre : ils m’indiquent que mon téléphone perdu a été retrouvé et identifié, et qu’il se trouve à disposition au poste de police.

 

Non, mais quoi ! Même si on aimerait perdre son téléphone, on n’y arrive pas !

 

Bon, heureusement, ils ne me l’ont pas envoyés, je peux avoir encore quelques semaines tranquilles avant d’aller le chercher, quand j’aurais l’occasion de passer dans ce quartier.

 

Au fait, ne soyez pas étonné que je puisse « survivre » sans téléphone : ici, pas besoin du téléphone pour faire des paiements, je fais tout en liquide, alors…

 

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

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