Littérature / Cinéma

Cinéma. « Le Fils d’un Roi » de Cheyenne Carron, par Antoine Michel


Nous avions déjà publié, en décembre 2021, une critique du film Le Fils d’un Roi (2019). Notre chroniqueur Antoine Michel l’a vu dernièrement et nous donne aujourd’hui, à son tour, son point de vue sur le film de Cheyenne-Marie Carron.


Il est suffisamment rare de trouver un bon film français contemporain pour s’en réjouir quand cela arrive. Le budget était de plus visiblement restreint, et ce film prouve qu’on n’a pas besoin de gros budgets pour faire de bons films. Cheyenne Carron a su ici exprimer, avec ses moyens propres, des réalités contemporaines poignantes.

Ce film n’est certainement pas à montrer à un enfant. Disons-le tout de suite : ce film est d’autant plus dur qu’il expose une réalité profonde. La déchéance de la France contemporaine, dont les victimes ne sont autres que les Français de souche eux-mêmes, mal dans leurs peau après qu’on les a privé de leur histoire, de leur grandeur, de leurs repères… Le film est d’autant plus puissant qu’il est réalisé par une Française issue de l’immigration, qui aime la France et qui s’attriste visiblement du sort que la République fait aux Français.

Le film est résolument royaliste, mais sans caricature : il expose les interrogations d’une jeunesse perdue, face à des adultes quelquefois idéologues et, souvent, encore plus perdus qu’eux… Sans rien montrer, le film dénonce la violence aiguë de la société républicaine, dont la mièvrerie officielle ne cache qu’une cruauté réelle, laissant le petit peuple livré à lui-même, privé qu’il est de ses églises, de ses familles, de la vérité et de la beauté, devenant ainsi une proie facile pour les vautours de la finance — à l’image de cet assureur qui semble perdre son cœur pour sa carrière, en ignorant le drame d’une famille.

Le scénario est bien vu : un Marocain, férocement royaliste, dont la mère l’est encore plus que lui, met les pieds dans le plat en cours d’histoire et, de fil en aiguille, pousse Kévin, le héros principal, à s’intéresser à la France éternelle. Quoique perdu comme toute sa génération, celui-ci fait montre d’un courage étonnant pour un jeune homme de son âge et de sa situation il prend l’initiative de défendre les droits de sa mère, participe à un exposé engagé, pardonne à son père pourtant faible et lâche, etc.

Nous avons tous en nous une part de ce Kévin : nous voulons conserver et restaurer ce que les deux ou trois générations précédentes ont piteusement abandonné. Dans le même temps, nous ne voulons pas nous révolter contre ces générations, qui sont celles de nos parents et grands-parents, qui ont tout détruit ! Nous voulons simplement qu’ils sortent de leur nihilisme et qu’ils se convertissent à leur tour !

Ce film expose ainsi la tristesse profonde d’une société en déperdition, pourtant mise devant sa grandeur par des immigrés qui aiment la France et qui refusent de la voir mourir… Mais aussi par ces artisans du sacrifice, catholiques et royalistes de l’ombre, qui conservent nos châteaux, nos églises, notre histoire et transmettent la Foi.

Le film ne se veut pas politique, et tout n’est pas clair doctrinalement : on suit deux jeunes qui découvrent la royauté et ce qui les attire dans cette forme de gouvernement. La confrontation avec les autres royautés est aussi intéressante.

Pas de disputes dynastiques : on met cela de côté, et tant le duc d’Anjou que le comte de Paris sont affichés dans la chambre d’Élias, le jeune Marocain royaliste. Le héros, qui part de zéro, fait son premier pas de conversion. Il se rend compte que la royauté a été le plus grand défenseur des ouvriers et des petits : l’actualité de cette vérité intemporelle est d’ailleurs montrée dans le film, quand les deux Bourbons répondent à la lettre qu’Élias leur avait écrite.

La dernière scène parle d’elle-même Kevin face à la statue de Louis XVI à Saint-Denis. Les contrastes entre l’affaissement de ces Français qui sont, malgré eux, encore visiblement les héritiers d’une grande culture (en déperdition, certes) et les lieux magnifiques de l’Île-de-France sont saisissants.

Le film est véritablement puissant par la succession de discussions et de silences, qui en disent souvent plus que les discussions elles-mêmes, dans la peinture de souffrances profondes. La critique de l’Éducation nationale, qui n’est pas faite frontalement, mais par description, est poignante par son réalisme pathétique : on oublie parfois, devenu adulte, à quel point la République est bête et sans argument, et combien elle ne fonctionne que par la menace…

Ce film nous rappelle nos premières rencontres avec l’histoire royale, il y a déjà près de 15 ans, à cet âge où déjà adultes en corps et en esprit, la République persiste à nous prendre pour des idiots… Dont acte ! « On est peut être dans une école laïque, mais cela ne nous empêche pas de penser ».

Nous pourrions regretter le manque d’affirmation catholique, et ce relativisme mettant sur un pied d’égalité toutes les royautés, comme en témoigne cette saillie d’un Égyptien sur l’ésotérisme et les anciens dieux… mais enfin, cela sera peut-être pour un prochain film ? Car n’oublions pas : la monarchie est le régime naturelle par excellence la théocratie hébraïque est exceptionnelle, du fait de l’élection de ce peuple par Dieu et de la nécessite pour Dieu de s’en occuper directement pour permettre la venue du Sauveur —, mais seule la monarchie chrétienne donne tous les fruits que l’on attend de la Royauté.

Et souvent, les monarchies contemporaines comme au Maroc ou au Japon ne sont admirables qu’en ce qu’elles imitent, consciemment ou non, de la royauté chrétienne, importée malgré eux ces deux derniers siècles (paradoxalement, la Modernité fut une régression inouïe pour l’Europe, mais n’en fut pas moins un progrès immense pour le monde non chrétien, puisque le fruit christique, même démuni, reste immensément salvateur !)

Le Roi à sacrer, nous l’avons, et nous le voulons sur le trône… Les consciences sont mûres, l’existence même de ce genre de film le prouve. À nous de ne pas être aussi pusillanime que le professeur légitimiste, qui fait néanmoins son œuvre ; à nous de mettre les pieds dans le plat, franchement, en disant les vérités.

De toute façon, comme ce « Kevin » (qui d’ailleurs hallucine en apprenant qu’on l’a nommé d’après un acteur américain…), nous n’avons rien à perdre !

Antoine Michel

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

2 réflexions sur “Cinéma. « Le Fils d’un Roi » de Cheyenne Carron, par Antoine Michel

  • Bof, bof, bof… Nous l’avons regardé ensemble, avec les membres du cercle légitimiste du Vivarais, et nous avons trouvé que non seulement ce film n’apportait rien, mais qu’en plus il avait quelque chose de pervers… Nous étions unanimes…

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    • Il faudrait développer? Cela m’intéresse. A part le commentaire esotériste de l’égyptien qui porte à confusion, qu’est-ce qui est pervers, ou perfide ?
      Ici on ne vote pas, on argumente

      Répondre

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