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[Institut Lys et Chrysanthème] La Cour comme creuset du raffinement, des arts et de la culture ou des fruits d’une éducation aristocratique (1)

Note de l’auteur: cette étude inédite publiée a été composée il y a déjà des années: en relisant je me dis que j’étais bien naïf encore sur le discours des japonais modernes sur leur passé. Aujourd’hui, j’aurais certainement insister sur les différences fondamentales entre une société païenne et chrétienne. Néanmoins, les remarques d’ordre naturelle restent d’actualité, et si le passé décrit est idéalisé par les auteurs et vu au prisme de principes en fait chrétien – sans l’avouer- il y a de nombreux enseignements à tirer, d’où cette publication sans retouche de fond.

La raison de cette recherche est concomitante à monmariage et l’arrivée de mes premiers enfants: je voulais savoir ce que disait la sagesse universelle quant à l’éducation des enfants, dans notre monde moderne détruits

Par Paul de Lacvivier

 

Communication seconde – Ère Heian (IXe-XIIe siècle)

 

Bibliographie étudiée :

– Shigenori KUDO, Le Mariage dans le Dit du Genji (源氏物語の結婚), Tôkyô, Chuô Kôron, 2012

– Sanae FUKUTÔ,  Mère et enfant sous la Royauté Heian (平安朝の母と子), Tôkyô, Chûkô, 1991

– Shûya NAKAMURA, Gouvernement et vie dans la capitale Heian (平安京の暮らしと行政), Tôkyô, Yamakawa Editions, 2001

– Keiko UMEMURA, Histoire de la famille dans l’antiquité (家族の古代史), Tôkyô, Yoshikawa Hrofumi, 2013

– Kikan IKEDA, Vie et culture de la Cour Heian(平安工の生活と文学), Tôkyô, Chikumashob, 2013 (1964)

– Hideki TAKAHASHI, Maison au Moyen-Âge et genre(中世の家と性), Tôkyô, Yamakawa, 2004

 

Introduction

 

Nous nous penchons dans cette courte étude sur l’ère Heian et l’éducation aristocratique de la Cour. L’angle d’approche que nous proposons est à la fois historiographique et historique car le champ de l’étude se trouve restreint par les sources limitées qui nous restent de cette époque et surtout par une certaine herméneutique courante dans les recherches menées au Japon qui portent leur attention essentiellement sur l’histoire des femmes et l’histoire de la famille et, quand il s’agit d’éducation, les discours se placent beaucoup plus sur des tentatives d’analyse de la « maternité » ou encore de la « structure » familiale, avec des influences à la fois marxistes dans la vision de l’histoire et féministes dans ses développements. Il existe néanmoins des réflexions intéressantes et profondes sur l’éducation que nous traiterons en dernière partie de la présente étude. Il faut ajouter que l’éducation décrite se restreint à celle de la Cour[1].

Les sources que nous avons étudiées sont des travaux sur l’histoire de la famille, la société et la culture de l’époque. La période ayant été beaucoup étudiée, le paysage de la recherche semble très éclaté et spécialisé sur des sujets très divers, rendant quelque peu difficiles des visions complètes et synthétiques.

 

L’état des sources

 

Le sujet se limite en vérité à la Cour de la capitale Heian, puisque l’immense majorité des sources écrites se divisent entre textes de loi et de décrets et quelques annales historiques, et entre journaux et romans composés par des courtisans. Il se trouve que la plupart des auteurs des sources qui ne sont pas des lois ou des annales historiques officielles sont des courtisanes, ce qui explique pourquoi de nombreuses études en histoire de la famille et de l’éducation, mais aussi de l’histoire culturelle, se concentrent sur l’histoire des femmes et leur place dans la société de l’époque.

L’histoire décrite se limite de plus essentiellement à la vie de la Cour et des aristocrates, et il existe très peu d’indices sur la vie que pouvaient mener le roturier ou ce qu’était la réalité des sociétés dans les provinces, tant dans les villes que dans les campagnes. Il est en revanche possible d’apercevoir la vie de la capitale en détail, tant dans son organisation géographique, que dans le fonctionnement de la ville, centrée sur le Palais royal[2], grâce aux nombreux décrets, lois et témoignages qui nous sont parvenus.

 

L’état de la recherche

 

Le champ des recherches sur le sujet de la famille et des femmes est vaste et étriqué à la fois. Comme souvent, le succès, ou le débat sur certains sujets ont tendance à augmenter la quantité et dégrader la qualité. C’est l’impression qui ressort de notre courte recension. L’époque Heian semble avoir été prise par la pensée fémino-marxiste avec ce que cela a comme conséquences : lacunes et angles morts frappants, en particulier pour ce qui est de la religion, ou encore des principes considérés comme fondamentaux mais pourtant faux et anachroniques, comme l’individualisme, et en appliquant des schémas marxistes éculés, comme le rapport de force qui décide de tout, l’ambition mal placée, ou encore le procès d’intention. Il nous faut toutefois nuancer en soulignant que les études sont beaucoup moins caricaturales que ce qui existe en Occident sur des sujets analogues. Les chercheurs japonais mêlent l’anachronisme et la réflexion féministe à une certaine fierté nationale et la volonté de décrire des femmes bonnes mères et tout à fait féminines : c’est comme s’ils se trompaient de sujets, ou plutôt laissaient cours à leurs fantasmes qu’ils tentent de voir dans cette époque suffisamment lointaine pour permettre le flou déformant quand le bon sens manque à l’appel. Ils voient parfois dans ce passé lointain quelque chose qui n’est pas du tout le problème, comme par exemple faire du droit de propriété par une femme une victoire ou une grande découverte, là où cela n’était vu que comme une façon de continuer une Maison -une famille- ou rien que de plus naturel et accepté -comme chez nous au Moyen-Âge d’ailleurs-, ou bien encore de s’émerveiller devant le fait qu’une femme puisse travailler dans la maison, ou prendre des décisions, comme si elles en étaient incapables à d’autres époques[3]. Ou encore de rater des choses essentielles de l’époque, en considérant des conceptions comme l’individu, le travail ou l’ambition, toutes choses perverties à notre époque, comme des vérités à plaquer telles quelles sur cette époque. La religion est trop absente, ainsi que l’esprit ou la volonté de dépasser la vie terrestre ou la volonté des anciens de marcher sur le chemin du bien. Tout en ne pouvant s’empêcher de s’émerveiller devant la beauté de cette Cour et de ce temps.

Ils pêchent aussi souvent par des généralisations excessives, en considérant l’accessoire de la société aristocrate – l’existence de maîtresses officielles – comme l’essentiel –qui est pourtant l’idéal monogame – et font de cet accessoire la règle générale suivie par toute la société. S’il est vrai que les élites montrent l’exemple qui se répand ensuite partout, le phénomène est lent et pour la période Heian il semble bien que causes et conséquences soient inversées par rapport aux interprétations classiques : le phénomène monogame est ancien, et celui des maîtresses est accessoire et possiblement passager alors que la doxa vante l’inverse.

 

La famille pendant l’ère Heian

 

Nous suivons ici les études de Shigenori Kudo qui fait un point sur les thèses classiques sur l’histoire de la famille jusqu’alors et les remet en cause, en apportant un certain nombre d’arguments intéressants sur l’herméneutique appliquée jusqu’alors. Les deux autres livres que nous avons lus sur le sujet spécifique de la famille se trouvaient effectivement exactement dans les erreurs que soulignent Kudo. Sa thèse vise à affirmer que le régime matrimonial de cette époque est monogame, et non polygame comme la doxa des chercheurs l’avait admis pendant le vingtième siècle :

 

« Il se trouve que l’on commet trop souvent l’erreur d’appliquer une conception sur le régime de mariage de type « polygame » à l’ensemble des femmes (qui ne sont pourtant pas des épouses) nobles de Heian. Nous le redirons en détail dans le chapitre 1, mais précisons déjà que le régime matrimonial de l’ère Heian est clairement monogame.

Il y avait en effet une grande différence de régime social envers la femme épousée officiellement et les autres femmes. Le couple marié vivait dans le même lieu, quand les autres femmes ne vivaient pas dans la même maison. Toutes les femmes qui n’étaient pas l’épouse officielle n’avaient ainsi d’autre choix que d’attendre la visite du mari. Cette « visite » de l’homme à la femme se fait appeler souvent par « mariage itinérant », terme impropre à définir la situation d’un point de vue matrimonial [puisque ce n’était pas un mariage] et qui ne constituait pas une forme de vie commune normale de l’époque Heian. Ces relations avec des femmes qui n’étaient pas l’épouse devenaient ainsi le sujet idéal des romans d’amour et des journaux intimes de cette époque. »[4]

 

Les discours sur le régime matrimonial entretenaient presque volontairement un flou sur la question, qui donne l’impression d’une société aux mœurs relâchées, sorte de polygamie plus ou moins libre, qui aurait la bizarrerie de ne pas connaître de harem, et que les auteurs, pourtant quelque peu féministes, ne trouve pas spécialement avilissante, en essayant de trouver une sorte de polygamie spécifiquement japonaise, et d’avoir plusieurs formes de « mariages » à deux, dont l’itinérant. Sorte de polygamie où la femme serait pourtant « supérieure » ou du moins « égale » de l’homme, dans une sorte de féminisme avant l’heure. Les trois siècles seraient de plus la lente chute d’une société primitive idéale, ressemblant un peu à un phalanstère fantasmé, vers une société médiévale patriarcale marquée par la soumission de la femme, le tout du fait de l’introduction du confucianisme et des concepts « machistes », de la maison patriarcale et de la monogamie. Toute cette exégèse est emplie de paradoxes, entre une sorte de chauvinisme sur une perfection japonaise originelle corrompue par l’apport chinois, une fascination fantasmée et parfois généralisée du mode de vie des courtisanes et des nobles, image de raffinement et de perfection.

Ce point de vue est bien résumé chez Fukutô de cette façon de voir les choses, qui possède une part de vérité, du moins dans les hautes familles où il semble que l’obligation de haute extraction de l’épouse s’évanouit peu à peu – patent en particulier dans la famille royale où toutes les Reines devaient elle-mêmes faire partie de la famille royale, là où ensuite une femme de la haute noblesse des Fujiwara pouvait suffire :

 

« Avec le onzième siècle, s’affirme la maison patriarcale qui se transmet de père en fils, avec un rang et un titre de maison qui se fixe peu à peu, rendant de moins en moins nécessaire l’influence de la lignée féminine. Tant que le sang du père se transmet, peu importe l’extraction de la mère. C’est de là que vient que les femmes « sortent du clan pour faire un mariage prospère ». Que l’extraction de la femme ne soit plus un facteur important montre bien la chute de la position sociale de la femme au cours de ces siècles. »[5]

 

Sans tomber dans les excès d’une vision anachronique de l’histoire, on retrouve cette acception de la polygamie comme admise normalement, et qui constituerait la seule tâche noire d’une époque par ailleurs brillante et sublime :

 

« Nous pouvons apercevoir la réalité pratique de la polygamie, les passions et tourments du cœur et sa psychologie dans de nombreuses œuvres à commencer par le « Journal Kagero », mais aussi le « Dit du Genji », les « Histoires heureuses d’une ancienne vie » ou encore le « Dit de Ochikubo ». Nous pouvons le voir encore si on remonte plus loin dans le temps à travers le « Kojiki » et le « Nihon Shoki », et il nous faut dire que cet aspect polygame est le point le moins appréciable de la société antique. Ne pouvons-nous pas entendre les femmes qui apparaissent dans le « Dit du Genji » qui, à travers leurs souffrances amoureuses, élèvent une plainte d’outre-tombe réclamant intégralement un régime monogamique ? »[6]

 

Le constat reste vrai en ce que, selon toute évidence, il n’était pas expressément défendu de fréquenter plusieurs femmes, qu’il existait donc une certaine licence sur le sujet[7], il n’en reste néanmoins pas tout aussi vrai que le régime était monogamique. Le tort vient essentiellement d’un manque de définition du terme mariage et d’une indistinction des situations. Kugo remet les choses à plat :

 

« Le régime matrimonial de l’ère Heian était monogame en ce sens que la loi ne considérait l’existence que d’une unique épouse. Le mot « mariage » ne doit ainsi en conséquence que désigner strictement la relation avec « l’épouse », même s’il existait dans le même temps des « maîtresses » officielles reconnues en pratique. Mais ces maîtresses restaient des maîtresses, et ne furent jamais des épouses. Il pouvait cependant exister des règles reconnaissant l’existence de ces maîtresses et des potentiels enfants, gérant le potentiel bien et la succession. C’est pourquoi on peut dire que le régime matrimonial de l’ère Heian était en pratique « monogame à maîtresses ». En bref, si la loi ne reconnaissait qu’une seule épouse, il existait des maîtresses officielles reconnues par tous, mais ne signifiait ni que l’existence de maîtresses supposent un mariage antérieur avec une épouse, ni l’existence de plusieurs épouses. »[8]

 

Il suffit en réalité de faire la part des choses entre les principes, le bien considéré comme bien, et les pratiques qui peuvent être déviantes. Il serait en effet difficile d’imaginer que l’idéal monogame ne soit pas reconnu comme un fondement, un principe bon, alors que la loi le reconnaît, et que les mœurs restent très « policées » et « réglées », sans tentatives de légitimer les harems ou l’avilissement des femmes, ni brouillage des filiations que tant d’infidélités ou de flous dans les relations ne pourraient que provoquer, rendant la transmission des Maisons quasiment impossible.

D’ailleurs, ne pourrait-on pas dire qu’une société saine est essentiellement patriarcale, c’est-à-dire que le principe de base reconnu et accepté est la transmission agnatique, dans ses modes de transmission, du moins pour les Maisons, sans que cela empêche aussi de nombreuses transmissions par la mère, mais pas dans les lignées familiales ? Pourquoi me direz-vous ? Et bien une société aux mœurs déréglées ne permet plus de connaître avec certitude la paternité des enfants. L’homme est bien le plus faible naturellement face aux enfants et à la filiation : rien ne prouve mathématiquement qu’il est le père (dans des époques qui ne connaissent pas l’analyse génétique, qui n’est pas d’ailleurs infaillible), si ce n’est le mariage et la fidélité dans le mariage. Or, l`ère Heian montre la figure d’un temps où les lignées sont très bien connues, et depuis très longtemps, bien avant l’arrivée du confucianisme, ce qui tend à montrer que le mariage existait de façon claire et non polygame, avec des mœurs suffisamment réglées pour permettre l’existence des clans, puis des maisons, de façon bien distinguée et légitime.

 

Le présupposé individualiste souvent pris dans les recherches obscurcissent la réalité, et rend incompréhensible un certain nombre de phénomènes et réalités en appelant mariage tout et n’importe quoi, à commencer par les relations extra-conjugales :

 

« On a tendance à penser qu’il était très facile de se marier comme de divorcer sous l`ère Heian, mais cela provient d’une compréhension erronée qui amalgame à tort mariage officiel, et simple relation extra-conjugale. Dans la société noble le mariage signifiait le lien d’une maison à une autre, et c’était donc essentiellement les parents qui le décidaient, tout en rendant le divorce extrêmement difficile. Les relations extra-légales avec les maîtresses ou les amantes ne dépendaient que du sentiment de l’homme. Comme aucun lien légal de « mariage » n’était existant, il suffisait que l’homme cesse ses visites à sa maîtresse pour que la relation finisse là. Ce n’était en rien un « divorce », rien de plus que la simple fin d’une relation. »[9]

 

Il est néanmoins vrai que la réalité de la Cour et de l’aristocratie reste suffisamment complexe pour avoir donné la possibilité des erreurs et cela pour plusieurs raisons. Les maîtresses officielles avaient une certaine reconnaissance, et surtout ne fréquentaient pas plusieurs hommes à la fois :

 

« Comme il existait des règles dans les lois reconnaissant en pratique l’existence des maîtresses et de leurs enfants, en particulier concernant la transmission et l’héritage, nous pouvons affirmer qu’en pratique les maîtresses étaient reconnues socialement. Cependant, cette relation, tant dans son début que dans sa fin, et dans sa régulation, était à la discrétion complète de l’homme, et était à mille lieux du régime de l’épouse. »[10]

 

Pour être exacte la pratique était une monogamie à plusieurs maîtresses, là où le régime nominal était une monogamie stricte – donc ni de polygamie dans la pratique ni dans les principes[11]. Voici l’argument de Kudo :

 

« Certains pourraient répliquer que comme les maîtresses étaient reconnues, on ne devrait pas pouvoir parler de monogamie, mais pourtant c’était un régime monogamique. Aujourd’hui, il est interdit de contracter plusieurs mariages en même temps, mais cela n’est pas en contradiction avec l’existence possible d’hommes entretenant des relations durables et ressemblant à celles du couple car tant qu’il ne tente pas de se marier officiellement avec plusieurs femmes, il n’est pas condamnable, et même plus, s’il reconnaît des enfants bâtards, ceux-ci auront des droits sur la transmission et l’héritage. Ce genre de situation légale ressemble à ce qui existait pendant l’ère Heian. Ainsi que la différence faite entre les enfants légitimes et illégitimes. Mais on ne pourrait en aucun cas nommer cette situation de « polygamie ». »[12]

 

Une grande cécité des études consiste dans l’absence de réflexions religieuses : étudier minutieusement le mariage religieux permettrait pourtant à coup sûr de trancher cette question de régime entre polygamie et monogamie. Peut-être que nous n’avons aucune source. Les lois de l’époque témoigne en tout cas de la place de la loi, qui ne se mêle pas des affaires privées outre mesure : ainsi les lois sur le mariage semblent n’être là que comme vérification d’un mariage contracté hors de l’Etat, dans la sphère privée, afin de pouvoir d’une part attribuer les titres, en fonction de la qualité des époux, et connaître ainsi épouse légitime et enfants légitimes, mais sans plus.[13] Ce n’est pas l’État qui mariait, cela se passer selon toute vraisemblance dans la sphère religieuse, et pourtant presque aucune allusion sur le sujet.

 

Kugo résume ensuite les quatre points de divergence dans l’interprétation entre thèse d’un régime monogamique et thèse de régime polygamique qui démontrent que le mariage pendant l’ère Heian était monogame[14]:

 

1.Monogamie : une seule épouse, les autres relations sont illégales.

Polygamie : toutes les relations sont officielles et pas de différences entre les femmes

 

2.Femme légitime dans le régime monogame : épouse officielle dès le départ, les maîtresses sont hors du système légal

Femme légitime dans le régime polygame : la femme légitime est la « première » des femmes qui est choisie parmi le harem après coup

 

3.Situation de la femme légitime dans le régime monogame : à moins de divorce, impossible de prendre comme épouse légitime une maîtresse, remariage possible après divorce

Situation de la femme légitime dans le régime polygame : possibilité de choisir et changer la femme légitime à loisir parmi les épouses

 

4.Application de la loi ou non dans la thèse monogame : à force d’application

Application de la loi ou non dans la thèse polygame : texte sans substance qui ne fut jamais appliqué

 

L’auteur décrit ensuite la thèse qui emporta l’adhésion dans l’après-guerre jusqu’aux deux dernières décennies, et le cercle vicieux se mettant en place dans lequel une conclusion erronée est utilisée dans un autre domaine, aboutit à une conclusion tout aussi erronée, qui est ensuite réutilisée pour démontrer la première conclusion, sans jamais questionner le bien-fondé de la première conclusion :

 

« Takamure Itsue (1894-1964) fut le chercheur qui proposa la thèse majoritairement suivie par la suite dans l’histoire du mariage au Japon. Il pris la position majoritaire à l’époque dans le monde des études sur l’histoire de la famille et du mariage, qui prônait le régime matriarcal (la thèse actuelle majoritaire est celle du régime mixte, et pour notre pays on parle souvent de régime mixte centré sur la ligne paternelle), et expliqua ainsi l’histoire du mariage dans notre pays : d’abord l’époque du régime troupeau (plusieurs hommes et plusieurs femmes), puis ensuite le temps de la polygamie, puis de la polygamie patriarcale et enfin l’ère de la monogamie. Il plaça dans ce schéma l’ère Heian comme l’époque représentative de la polygamie qui avait encore des caractères persistants de mariage troupeau, en expliquant qu’au départ la polygamie ne faisait pas de différences entre première épouse et les autres épouses, et que la femme légitime était désignée après coup.

Nous avons montré tout au long de cette étude en quoi cette vision est erronée, mais sa thèse détaillée eut beaucoup de poids malgré des critiques fondamentales, et la thèse de la polygamie devint celle majoritaire dans le monde universitaire japonais sur l’histoire de la famille et du mariage. Cette influence arriva même jusqu’à l’histoire du droit, en commençant à remettre en cause la validité des lois de l’époque.

Et ainsi, comme l’histoire du droit remettait en cause la réalité d’application de ces lois, la thèse de la polygamie ne fut jamais vraiment remise en cause. Les deux thèses se soutenaient mutuellement, l’une étant le soutien de l’autre, dans une sorte de cercle infernal et de boucle sans fin.

Ce fut en un sens inévitable que cette influence en vienne à faire naître des interprétations du « Dit du Genji » et du « Journal de Kagero » en partant de la thèse de la polygamie. Et ces études, qui pourtant partaient de la thèse de la polygamie, furent ensuite utilisées pour appuyer cette thèse de la polygamie. Le cercle vicieux était en place, jusqu’à que votre serviteur publie une thèse sur la monogamie en 1987. »[15]

 

Il faut souligner ici une sorte de fantasme assez courant sur les sociétés japonaises de village pré-historique, imaginées comme des sortes de phalanstères idéaux et complétement « libérés » sans régime matrimonial vraiment défini. Ce fantasme ne peut qu’être pourtant très éloigné de la réalité pour deux raisons principales : il est d’abord inconcevable que des lignées aient pu exister sur des siècles sans régime matrimonial clairement défini et réglé– et dès qu’il y a des hommes il y a toujours eu l’existence d’un mariage, dès que cela était vérifiable – et les études de Levi-Strauss sur les sociétés primitives de l’Amazonie montrent bien que le soi-disant caractère primitif n’empêchait pas d’avoir des règles extrêmement précises sur l’union à l’intérieur de la communauté, qui ne se faisait rien moins que par hasard ou par pure affinité.

 

La critique la plus intéressante de Kugo consiste dans l’usage fait par les sources, critique qui se trouve du moins vérifiée dans les deux autres livres utilisés : de nombreux mélanges et une absence de réflexion sur la qualité de sources couplée à une omission presque totale des textes de loi. L’auteur critique cette approche en soulignant trois défauts majeurs de cette interprétation. Il se trouve d’abord que les sources non légales utilisées sont exclusivement soit des journaux intimes, soit des romans, majoritairement rédigées par des courtisanes, qui sont dans la position des maîtresses. Le sujet se porte en effet au roman puisque l’épouse légitime est rarement le fruit d’une passion amoureuse d’une part, et le lien du mariage la protège suffisamment, à la différence des maîtresses, pour ne pas susciter le matériau adéquat pour un roman ou le récit d’une passion. L’autre forme littéraire concurrente consiste aux contes de type Kaguyahime[16] qui racontent l’histoire d’une princesse qui voit défiler de nombreux prétendants officiels, et qui se font débouter coup sur coup, roman qui tendrait à indiquer d’ailleurs non seulement la normalité du régime monogamique mais aussi la nécessité du consentement des deux époux.

Voici le résumé de l’auteur :

 

« Il arrivait pendant la période du régime de Régence que le mari visite son épouse les tout premiers temps du mariage, mais très vite le couple emménageait ensemble. Le mariage avec l’épouse officielle dont on partage la vie commune et qui fut décidé par les parents ne constitue pas le sujet naturel pour des romans d’amour. Et comme les héros de ces romans, de jeunes aristocrates de la haute noblesse, sont mariés à leur majorité sur la décision des parents, les romans prennent pour thème les relations sentimentales et les amourspassions que ces personnages peuvent entretenir avec d’autres femmes.

Ainsi, ces documents possèdent le double défaut de comporter de grands pans de fiction d’une part, et de prendre pour sujet les maîtresses, biais dans la vision des choses, ce qui les disqualifie pour constituer des sources historiques sûres concernant l’histoire du mariage.

Si à l’heure actuelle on essayait d’étudier le régime matrimonial non pas simplement à partir des relations réelles hommes-femmes, mais à partir des romans d’amour, des films et de la télé, on arriverait certainement à un résultat assez éloigné de la réalité. Si à l’école, il était demandé de faire une recherche sur le régime matrimonial contemporain, que conseillerait le professeur ? Il indiquerait d’abord de commencer par voir ce que dit le code civil, à coup sûr. C’est là où se trouve le grand défaut des recherches actuelles à la suite de Takamure Itsue chez lesquelles nous constatons une réception par trop naïve de la valeur historique des sources. »[17]

 

Le rappel du mariage qui protège non seulement le couple, mais aussi les enfants :

 

« Les mariages entre nobles sont nombreux du simple fait que les parents choisissent le mari ou l’époux dans la considération de la relation entre les maisons, et il devient inévitable que dans cette étroite société aristocratique, tout mariage possède un caractère stratégique. Cela ne signifie pas pourtant que cet aspect de stratégie de maison sacrifie pour autant les filles. Le mariage décidé par les parents rempli les conditions du mariage officiel et légal, et la nouvelle épouse possède ainsi un statut qui la protège, en plus de la protection de la Maison. Profiter de la protection de son père était une des premières conditions de bonheur aux yeux de tous. »[18]

 

L’existence des maîtresses plus ou moins reconnues en pratique est certainement plus à mettre au compte d’une sur-importance mise dans les stratégies familiales au détriment du consentement des époux et de leur jeunesse, certainement aussi combiné à la volonté des maisons de s’assurer de nombreux héritiers, même au risque qu’ils soient bâtards, que sur une quelconque tradition polygame généralisée et ancienne.

Si l’introduction de la législation confucéenne a pu se faire, en particulier avec le mariage monogame, c’est bien que cette vision du mariage correspondait à celle qui existait au Japon, même s’il est tout à fait probable que dans les détails elle pouvait différer. Du moins sur l’aspect monogamique, elle devait correspondre.

Nous repoussons à une prochaine communication l’étude détaillée de la pensée confucianiste sur l’éducation, qui devrait peut-être permettre aussi de mieux comprendre la conception familiale confucianiste, très marquée par le « patronage » des femmes par un homme.

 

Pour conclure, laissons le mot de la fin à Kugo :

 

« En principe, un homme ne vit jamais avec une maîtresse ou une femme avec laquelle il entretient des relations extra-conjugales. Si l’épouse venait à mourir, ou si elle n’existe pas dès le départ, ce genre de concubinage a pu peut-être exister, mais en tout cas cela ne se faisait pas lorsqu’il y avait en même temps existence de l’épouse et d’une maîtresse. »[19]

(à suivre)

 

[1]                 Kikan IKEDA, Vie et culture de la Cour Heian(平安工の生活と文学), Tôkyô, Chikumashob, 2013 (1964), p.20 : « N’oublions pas que tant les femmes des quartiers royaux arrières que celles du grand sanctuaire étaient élevées sous la protection et le patronat de la haute aristocratie.  » « 後宮にしても、斎院にしても、高貴な方々の庇護のもとに育てられたものであるということを、忘れてはならぬと思います。 »

[2]     Il est d’ailleurs intéressant de souligner qu’un certain nombre d’études rappelle les études françaises sur la ville au Moyen-Âge, avec par exemple l’étude de la place du marché, ou encore les communautés se formant en fonction des charges de la cité, comme celle de protéger les portes, ou encore la déduction de la vie et des paysages en fonction des décrets municipaux et de police cherchant à faire en sorte que la ville reste propre, etc.

[3]     Il est toujours amusant de constater comment les féministes sont ceux qui sont les plus méprisants envers les femmes. Si les thèses de soumission marxistes étaient vraies, alors oui, vraiment, toutes les femmes de l’histoire étaient vraiment stupides… Ce n’est bien sûr pas le cas, il suffit de regarder l’histoire en face.

[4]                 Shigenori KUDO, Le Mariage dans le Dit du Genji (源氏物語の結婚), Tôkyô, Chuô Kôron, 2012, p.ii/iii « 実は、「一夫多妻制」という用語に代表される従来の婚姻制度についての理解は、妻(嫡妻ではない)の持ち方を平安貴族一般の婚姻形態と見なすという誤まりをおかしている。第一章で詳しく説明するが、平安時代の婚姻制度は一夫一妻制であった。 正式に結婚した妻とそれ以外の女性たちとの間には、妻としての立場、社会的待遇等において大きな差があった。婦夫は同居し、妻以外の女性とは同居しないのが原則である。それゆえ、妻ではばい女性には、男の訪れを待つ以外に男と逢う手段がない。男とその「通い」を待つ女との男女関係を「通い婚」というのは、婚姻制度の面から不適切な用語であり、もとより平安時代の一般的婦婦の婚姻形態でもない。そうして、そのような妻以外の女性たちと男との関係が、恋愛物語や日記文学の主たる対象になっているのである。 »

[5]     Sanae FUKUTÔ,  Mère et enfant sous la Royauté Heian (平安朝の母と子), Tôkyô, Chûkô, 1991, p.127 « そして、十一世紀になり、祖父ー父ー孫と父系的一系的家筋が成立しはじめ、家柄や家格が決まってくると、母や妻方の勢力をさほど必要としなくなり、父系的な家筋の血縁のみが守られば、母方の血縁はもうたいして問題にならない。ここに「女、氏なくして玉の輿」が生まれてくる。女性の出自が問題にならなくなることは、女性の社会的地位の低下の結果なのである。 »

[6]                 Kikan IKEDA, Vie et culture de la Cour Heian(平安工の生活と文学), Tôkyô, Chikumashob, 2013 (1964), p.137 « 一夫多妻の実情、あるいはそこにおける心理の葛藤などについては、『蜻蛉日記』をはじめ、『落窪物語』『古住吉物語』『源氏物語』などに見ることができ、さらにさこぼっては、『古事記』『日本書紀』にも見られるものですが、この点は明らかに古代社会の好ましくない一面というべきでしょう。『源氏物語』の中の女性たちも、愛情の生活に苦しみつつ、全霊を挙げて求めたものは、一夫一婦の制度に他ならなかったのではないでしょうか。 »

[7]     Le point frappant dans toutes ces descriptions reste que la dénonciation se trouve souvent mêlée à une fascination donnant l’impression d’une femme libre, bonne et absolument pas victime de l’époque, malgré la polygamie, et comme si la soi-disante déchéance de la femme arrivait avec finalement la monogamie ultérieure. Le paradoxe n’existe que du fait d’un flou sur la définition du mot « mariage » d’une part, et de l’atmosphère de l’époque dans laquelle ces relations adultères, si elles avaient un côté passionnel, avaient aussi selon toute vraisemblance une part d’intérêt pour la parentèle: une Maison forte possède un grand nombre de personnes. Facteur qui expliquerait comment un état illégal pouvait être toléré, sans que cela implique forcément une dissolution des mœurs, fabriquant cette situation étrange d’une monogamie nominale, avec des maîtresses « légitimes » et fixes, ne fréquentant qu’un seul homme, afin d’éviter de brouiller la filiation, sans tomber dans une dissolution pure et simple des mœurs, et permettant de comprendre comment la thèse de la polygamie a pu se répandre à ce point.

[8]     Shigenori KUDO, Le Mariage dans le Dit du Genji (源氏物語の結婚), Tôkyô, Chuô Kôron, 2012,  p.4 « 平安時代の婚姻制度は、法的に妻として扱われるのは一人のみという意味で一夫一妻制である。したがって、結婚ということを厳密に言えば「妻」との関係のみを指すべきであるが、同時に「妾」と称される女性の存在の世間的には容認されていた。ただし、妾はあくまでも妾であって妻ではない。だが、継嗣や遺財処分等に関して妾及びその子の存在を認めた運用規定が存在していた。それで、平安貴族の婚姻状況の実態としては一夫一妻多妾ともいうべき状態であった。ここにいう一夫一妻多妾とは、法的な妻は一人だが、妾がいても世間的には容認されるという意味であり、妻が必ず居るとか、多く居るとかの意ではない。 »

[9]                 Ibid, p.5 « 平安時代は結婚も離婚もきわめて容易であったと思われがちだが、それはたんなる男女関係と正式な結婚とを混同した誤った理解である。貴族社会においては、親同士が決める正式な結婚は家と家との関係になるので、離婚は極めて困難だった。妾・愛人などは非法的関係だから、男の心しだいなのである。もともと法的に「結婚」したのではないから、男が訪れなくなればそれで関係は終わる。それは「離婚」ではなく、ただ二人の関係が終わったに過ぎない。 »

[10]   Ibid, p.17 « 律令の規定には継嗣や遺産分け等に関して、妾及びその子の存在を認めた運用規定が存在しているので、結果的にはその存在も社会的に容認されていたともいえよう。しかし、関係のあり方、すなわち、二人の始まりも終わりも待遇も、すべて男の任意で決まるところが「妻」の扱いとまったく異なる。 »

[11]               Ibis, p.17一夫一妻多妾 sans 制, pour différencier institution, régime légal, et pratique.

[12]               Ibid, p.19/20 « あるいは、妾が容認されているなら一夫一妻制とはいえないのでは、との考えを持つ人がいるかもしてないが、そうではない。現在の法律でも重婚は禁止されているが、仮に法的配偶者を有する男が他の複数の女性と婦夫的関係を継続していても、複数の婚姻届を出しさえしなければ、それだけで重婚として罰せられることはなく、その所生の子も男親が認知すれば子としての諸権利が生ずる。このような現在の法的状況は、平安時代のそれとよく似ている。しかも所生の子の扱いに差があることも同じ。だが、普通には現状を一夫多妻制とはいわないのであろう。 »

[13]               Ibid, p.30 延喜式 l’histoire de la déclaration, vérification de la femme officielle au moment de la déclaration de l’héritier : sous-entendu, le mariage est privé, pas de relation directe avec les choses de l’état, juste pour donner les titres.

[14]   Ibid, p.48/49.

[15]               p.51 « 一夫多妻制を強力に主張した高群逸枝(一八九四~一九六四)は、婚姻史・家族史研究の世界的潮流であった母系制説の立場に立ち(現在は世界的に双系制説が通説となっており、我が国に関して双系制、或いは父系を中心とする双系制といわれる)、我が国婚姻史を、群婚の時代、一夫多妻の時代、家父長的一夫多妻の時代、一夫一妻の時代という流れとして構想した。その中で平安時代をまだ群婚の名残のある一夫多妻制の時代と規定し、初めは多妻の間に甲乙(優劣順位)はなく事後的に正妻が決まると説明したのである。その理解が誤りであることは本書に述べてきたとおりだが、その研究は一見極めて詳細だったので、根強い批判はありつつも、婚姻史・家族史はもとより日本史学界においても一夫多妻制説が通説となった。家族史・日本史学界がそのようであったこともあり、法制史(律令史学)においても戸令の婚姻関係規定の実効性が疑問視される趨勢となっていった。法制史においても戸令の実効性が疑問視されたがゆえに、戸令の規定をまったく無視した一夫多妻制説も深く疑問視されなかった。互いの説が互いの説を根拠とし支えあう、水車が汲み上げた水で水車を回すという、いわば永久機関のごとき様相を呈していたのである。そのような流れの中で、古典文学研究者が一夫多妻制説によって『源氏物語』や『蜻蛉日記』を理解しようとしたのは、ある程度はやむを得ないことであったが、その古典文学研究がまた一夫多妻制説の裏付けに用いられるという、泥沼のような悪循環に陥っていたのが、筆者が一夫一妻制説を提案した昭和六十二年(一九八七)以前の平安時代婚姻研究の状況であった。 »

[16]   Ibid, p.52-53

[17]               Ibid, p.53 « 摂関時代では、新婚当初の一時期、男が女の家に通うこともあるが、そのうち婦夫は同居する。親が決める結婚や同居している正妻との関係は、恋愛物語の素材にならない。また物語の主人公たる上流貴族の男は、元服時に親が決めた結婚をするので、自分の心で恋をする恋愛物語はそのような男と女をめぐる話なのである。このように、物語や日記文学は虚構であること、語られる対象(女たち)の偏りという、資料としては二重の欠陥をもっているので、それらを婚姻史の資料とするときに細心の注意が必要になる。

仮にいま平成時代の婚姻制度、単なる男女関係ではなく説や映画・テレビの恋愛物を資料とすれば、よほど事実とかけ離れた結論になるであろう。高校でも大学でも、仮に「現在の婚姻制度を調べよ」という課題を出すとして、教師はどのようにアドバイスするだろうか。まさか、先ず恋愛小説を見なさいとはいわないであろう。まずは民法の規定を見るようにと指導するのではなかろうか。平安時代の婚姻制度研究も同じことなのだが、高群逸枝のみならず現在の研究者においても史料価値の判断に甘さが見られるのは残念なことである。 »

[18]   Ibid, p.58 « 貴族同士の結婚は多いといわれるのは、親が家と家との関係を重視して相手を選ぶからで、狭い貴族社会の中ではおのずから政略的要素を帯びざるを得ない。だが、戦略的要素があることが直ちに娘を犠牲にしていることを意味するわけではない。親が決める結婚は律令的な意味での正式な結婚の条件を満たしており、親同士の許諾を経て妻(正妻)となれば、娘は家や法によって保護される。男親の庇護があること、それが世間的幸福の第一の条件である。 »

[19]   Ibid, p.72 « 妾などの非法的関係にある女性とは原則として同居しない。正妻が死去するなどして存在していなければ、同居することはあるだろうが、妻と妾とが併存するときには同居しないのが普通である。 »

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