Histoire de France par Jacques Bainville

24 février 201924 février 2019 P2L

Ex-libris.

Jacques Bainville, Histoire de France, Tallandier, Paris, 2007.

Jacques Bainville, Petite Histoire de France de Vercingétorix à nos jours, Diffusia, Paris, 2017

La rédaction vous propose aujourd’hui et pour les quelques fois suivantes quelques classiques incontournables à lire et à faire largement, tant aux néophytes qu’aux amoureux de l’histoire.

Nous commençons aujourd’hui par le classique et bien connu « Histoire de France » de Jacques Bainville, à offrir en particulier à ceux qui n’aimeraient pas l’histoire, et à ceux qui feraient de l’histoire sans s’occuper des hommes, de la patrie charnelle et de la réalité dans la surnaturalité du destin. Ce livre est aussi évidemment idéal pour tout amoureux d’histoire, et qui voudrait aisément reposer les cadres fondamentaux de notre histoire.

Nous y ajoutons aussi l’Histoire de France illustrée de Jacques Bainville, plus particulièrement destinée aux enfants, mais aussi aux adultes qui voudraient découvrir les fondamentaux de notre histoire, dans un style merveilleux et concis, avec les illustrations bien adaptées qui permettent aussi de visualiser les différentes époques et les grands événements. Le déroulé est simple : nous suivons l’histoire selon les règnes successifs de nos souverains.

Une histoire charnelle, qui plonge ses racines dans les faits, et avec une écriture et un style indéniable qui permet de rentrer dans notre histoire.

Il ne s’agit ensuite que de creuser les sujets qui n’auront manqué d’attiser notre curiosité en allant chercher d’autres livres, mais Jacques Bainville est l’historien idéal pour commencer, ou pour se redonner une cure de jouvence et reprendre un peu de hauteur.

« Si les lecteurs veulent bien lui permettre, l’auteur de ce livre commencera par une confession. Quand il était au collège, il n’aimait pas beaucoup l’histoire. Elle lui inspirait de l’ennui. Et quand le goût lui en est venu sur le tard, il s’est rendu compte d’une chose : c’est qu’il répugnait à la narration des faits alignés, les uns au bout des autres. On ne lui avait jamais dit, ou bien on lui avait dit que d’une manière convenue et insuffisante, pourquoi les peuples faisaient des guerres et des révolutions, pourquoi les hommes se battaient, se tuaient, se réconciliaient. L’histoire était un tissu de drames sans suite, une mêlée, un chaos où l’intelligence ne discernait rien. »[1]

À notre époque qui ne sait même plus enseigné les faits et les dates en histoire, ce manuel nous apporte aussi les dates, qui sont la matière nécessaire à l’historien et à tout esprit pour pouvoir réfléchir sur notre histoire.

Jacques Bainville apporte ainsi l’exemple du travail de l’historien par excellence : une fois les faits alignés et mis au clair (et c’est souvent là que s’arrête trop souvent l’universitaire, même si ce travail est important et fondamental, car sans lui on ne peut rien faire ensuite), l’historien a aussi le devoir d’user de son intelligence pour rendre intelligible ces faits, et les faire parler au contemporain, au-delà d’une curiosité qui serait purement muséologique, mais pour donner des clefs pour notre temps, nous donner des exemples et des contre-exemples, et faire découvrir les sociétés de nos ancêtres avec toutes leur religiosité et leur logique si riche et si épaisse, bien loin de notre pensée moderniste.

« Cette conception de l’histoire est simple. C’est celle du bon sens. Pourquoi juger la vie d’un pays d’après d’autres règles que celle d’une famille ? On peut écrire l’histoire à bien des points de vue. Il nous semble que l’accord général peut s’établir sur celui-là. »[2]

Tout est dit. Et il confirme par la suite le fait important : tous les faits se trouvent facilement dans (anciens) manuels. Mais l’articulation des faits et son style uniques sont au service de la compréhension de l’histoire. C’est tout simplement lumineux, et l’obtention de ce talent devrait être un axe important du travail tout scientifique, en particulier dans le domaine de l’histoire : le but est d’éclairer et apporter des lumières – exactement l’inverse des illuminés du xviii siècles.

Jacques Bainville écrit dans les années d’entre-deux-guerres, et donc son axe principal d’analyse est l’opposition entre le Saint-Empire germanique et la France. Axe stimulant et tout à fait valable et encore d’actualité.

Nous ne saurions néanmoins oser appeler de nos vœux un nouveau Jacques Bainville pour notre temps, avec sa rigueur, son talent d’historien, et son intelligence acérée, pour produire une histoire de France qui parlerait encore plus à notre temps, actualiser des connaissances renouvelées sur telle ou telle époque (comme le Xe siècle par exemple, et pourquoi pas la vision de l’État) et peut-être avec une vision plus dans la continuité que dans les révolutions.

Terminons enfin en rappelant que Jacque Bainville est un des rares historiens monarchistes reconnu comme un classique et une référence dans tout le monde universitaire. Il a certainement eu la chance de mourir tôt, avant la seconde guerre mondiale, et ainsi devenir intouchable.

Rémi Martin

Sommaire :

Avant-Propos

1. Pendant cinq cents ans, la Gaule partage la vie de Rome

2. L’essai mérovingien

3. Grandeur et décadence des Carolingiens

4. La révolution de 987 et l’avènement des Capétiens

5. Pendant 340 ans, l’honorable maison capétienne règne de père en fils

6. La guerre de cent ans et les révolutions de Paris

7. Louis XI : l’unité sauvée, l’ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant

8. François Ier et Henri II : la France échappe à l’hégémonie de l’empire germanique

9. Les guerres civiles et religieuses remettent la France au bord de la ruine