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Du bonheur d’être contraint !, par Antoine Michel

Vous allez me dire que le titre est étrange et pas forcément vendeur. Certes. Il ne s’agit pas de faire une apologie de la contrainte, mais de connaître le prix de la liberté, une charge lourde pour celui qui veut l’utiliser à bon escient.

Il arrive des moments dans la vie où le poids de la décision pèse sur les âmes qui ont la liberté de décider. Que faire dans telle situation ? L’exercice de la prudence n’est pas une chose facile.

Il arrive parfois que la Providence règle la question en vous rendant captif, en vous mettant au bagne quelques temps : il vous enlève la liberté, et vous libère du poids de la décision.

Il ne reste plus, dans ce cas, que de s’en remettre à la volonté de Dieu, et la responsabilité de la décision ne repose plus sur vous, mais sur celui qui vous contraint.

Et les charbons ardents ne s’accumulent plus sur votre âme mais sur l’âme du décideur.

C’est un grand soulagement ! Et une libération. Il est plus facile d’être un enfants guidé que le berger qui garde ses brebis.

La liberté a ainsi un prix : la responsabilité des décisions que l’on prend. L’épisode du Corona a montré combien les gens se délestaient avec une facilité déconcertante de leur liberté pour privilégier leur « sécurité ».

Cela est déconcertant mais en fait tout à fait compréhensible : sans la Foi catholique, sans Jésus-Christ l’homme blessé ne peut pas vraiment assumer la liberté. Elle dégénère soit en désordre, soit en tyrannie.

Les âges chrétiens de l’Europe sont en cela une exception dans l’histoire de l’humanité : la liberté était poussé à son maximum, car tout le monde travaillait et faisait des efforts, aidé par la société politique et l’Église, pour se rendre esclave de Jésus-Christ.

Chacun ainsi était appelé à pratiquer la charité, à se sacrifier et à se laver les pieds des uns des autres : seule la pratique catholique permet ainsi aux libertés de prospérer, car elles se fondent sur un sacrifice volontaire des libertés individuelles.

Dans le monde non-chrétien, et moderne, la seule façon de maintenir cet ordre est de « forcer » des pseudo-sacrifices, par la terreur, par l’ostracisme et autres techniques de contrôle social.

Avant de devenir chrétien dans ses institutions, le monde européen s’est converti : et pour cela il a fallu que les chrétiens, persécutés, et contraints, désactivent les réflexes païen, en faisant preuve de charité envers même les ennemis, en obéissant aux tyrans tant qu’ils n’ordonnent rien de peccamineux, de résister avec clarté et vérité, mais sans rébellion ni remise en cause de l’autorité, qui vient toujours de Dieu.

Et ces chrétiens, contraints par des pouvoirs injustes mais légitimes, se sentaient libérés quand ils étaient contraints, car enfin ils pouvaient s’en remettre complètement à Dieu, et avec un peu de chance, si Dieu veut donner cette grâce, finir en martyre.

D’un point de vue plus naturel et plus terre à terre, comme nous sommes de grands enfants, nous avons besoin d’être punis quand nous dévions, pour nous remettre dans le droit chemin, pour nous purifier. Tout parent sait combien l’enfant qui fait une bêtise est au fond heureux de se faire punir : et bien souvent les « cancres » qui provoquent bêtise sur bêtise appellent en fait désespéramment la punition qui ne vient pas…ils se sentent délaissés à leur médiocrité pécheresse, et mal-aimés par ceux-là mêmes qui devraient les éduquer et les reprendre, preuve d’amour s’il en est.

L’expérience du libéralisme faite depuis deux siècles a montré jusqu’à l’écœurement combien la liberté comme un but est un poison dangereux. La liberté ne s’acquiert que quand on la remet à sa place : un moyen pour aimer Dieu. Et l’on devient véritablement libre quand on abdique de sa liberté volontairement : les moines contemplatifs en sont l’exemple le plus éminent.

Sachons ainsi goûter, quelque soit notre situation, de bonheur de se savoir être aimé par Dieu.

Et sachons le remercier si nous avons la chance d’être dans un état de contrainte : il nous déleste d’une responsabilité bien lourde, et bien peu enviable, car cette liberté, mal utilisée, jette en enfer beaucoup d’âmes.

Et dans notre champ de liberté, sachons bien toute la grandeur dangereuse de ce libre-arbitre, un outil fantastique et puissant, une sorte de « bombe atomique » de la charité, qui, pour le bien, permet le meilleur, mais pour le mal, permet le pire. Soyons craintif devant cet outil mis dans nos mains, et demandons à Dieu de guider notre bras, pour que cette liberté ne serve pas à nous suicider ou à nuire au prochain, mais bien à faire la gloire de Dieu et servir le bien commun.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Antoine Michel

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