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Abrégé de l’Histoire de France, par Bossuet. Partie 2 : Mérovée et Childéric, des rois païens au service de l’Empire catholique


Nous vous proposons de revoir votre histoire de France, non pas à l’École de la République, ce serait une antihistoire, ni même à celle des nationalistes monarchistes du XXe siècle, tel Bainville, qui malgré leur bonne volonté ont oublié le Roi et la Religion, mais bien celle qu’apprenait le futur roi sous la direction d’un des plus grands noms de notre histoire : le cardinal Bossuet.

Vous y trouverez tout ce qu’il y a à savoir sur l’histoire de France, dans une optique d’enseignements pratiques de direction, ce dont nous avons cruellement besoin à notre époque plus qu’à toute autre.

Le bon Bossuet, avec une certaine objectivité, se borne à l’histoire et à la vraisemblance, évacuant au passage les aspects les plus improbables de notre légende nationale, dans le but ici de former un bon Roi.

Or, nous avons besoin de bons rois : dans nos familles, dans nos villages, dans nos entreprises et dans nos paroisses ! Alors formons-nous !

La Rédaction


LIVRE PREMIER

MÉROVÉE. (An 447)

Clodion laissa deux fils, qui se disputèrent la succession de leur père : l’aîné appela à son secours Attila, roi des Huns ; le plus jeune se mit sous la protection d’Aetius, qui l’adopta pour son fils. Le rhéteur Priscus avait vu ce dernier à Rome, et il nous apprend qu’il était encore à la fleur de son âge, et qu’une longue chevelure blonde lui flottait sur les épaules. Ce jeune prince, comblé des présents de l’empereur et d’Aetius, revint dans les Gaules avec la qualité d’ami et d ‘allié du peuple romain.

Quoique Priscus ne nous dise pas le nom de ce second fils de Clodion, on croit que c’était le même Mérovée qui était à la tête des Français clans l’armée d’Aetius, lorsqu’il combattit contre Attila, comme son frère aîné était apparemment dans celle d’Attila, roi des Huns : car il est certain qu’il y avait des Français dans les deux armées. La dispute des deux frères fut le prétexte que prit Attila pour faire une invasion dans les Gaules.

Les Huns, peuples voisins du Pont-Euxin, conduits parleur roi Attila, qui s’appelait le Fléau de Dieu, pour jeter la terreur dans l’esprit des peuples, passèrent toute l’Illyrie et la Germanie, comme un torrent qui se déborde entrèrent eu Gaule et assiégèrent Orléans. Aetius, Mérovée, roi des Français, et Théodoric roi des Visigoths, s’unirent pour le repousser, et lui tirent lever le siège d’Orléans; ensuite ils le poursuivirent dans les champs catalauniques, comme parlent les historiens, c’est-à-dire dans les plaines de Chalons en Champagne, où ils le défirent.

Les troubles qui arrivèrent dans l’empire romain, en Occident, à l’occasion de la mort d’Aetius, tué par les ordres de l’empereur Valentinien III, et les meurtres de ce même prince et de Maxime son successeur, donnèrent lieu à Mérovée d’affermir sa domination dans la Germanie première et la seconde Belgique. Il mourut vers l’an 457.

CHILDÉRIC I. (An 457)

Mérovée eut pour successeur Childéric, prince bien fait de corps et d’esprit, vaillant et habile; mais il avait un grand défaut, c’est qu’il s’abandonnait à l’amour des femmes jusqu’à les prendre par force, et même des femmes de qualité : ce qui lui attira la haine de tout le monde. Ainsi les Français le chassèrent, et le contraignirent de se retirer en Allemagne chez le roi de Thuringe ; les seigneurs élurent en sa place Egidins ou Gillon, maître de la milice romaine. Mais le roi. en parlant, laissa à la cour Guyman, son intime confident, qui, s’était mis dans les bonnes grâces de Gillon, lui conseilla (le charger le peuple et de maltraiter les seigneurs, principalement ceux qu’il savait être les plus grands ennemis de Childéric. Il espérait par ce moyen ramener les peuples en faveur de Childéric, et les disposer ensuite à chasser Gillon.

Les choses étant ainsi préparées, Guyman renvoya à Childéric la moitié d’une pièce de monnaie qui devait être le signe de son retour. Basine, femme du roi de Thuringe, le suivit en France, et il l’épousa, sans se mettre en peine des droits du mariage, ni de la fidélité qu’il devait à un roi qui l’avait si bien reçu. Après son retour, il s’avança jusqu’à la Loire, et donna un combat auprès d’Orléans ; il prit ensuite la ville d’Angers, comme nous l’apprenons de Grégoire de Tours. L’auteur de la Vie de sainte Geneviève dit qu’il était maître de Paris. Mais cependant il y a lieu de douter que Childéric ait étendu sa domination si loin, étant mort à Tournai, elles Romains étant encore maîtres de Soissons.

Commentaire de la Rédaction

Notre cher Bossuet nous raconte l’histoire de façon si exacte et si humble ! Les recherches récentes ne font pas mieux, ils le font en plus long et en plus délayé. Le roi était prévenu : les malheurs tel Attila proviennent de la division des frères, qui était — au grand malheur de ces peuples barbares — institutionnalisée par la règle de succession franque (division égale parmi les héritiers) et qui a entraîné pendant des siècles, jusqu’aux capétiens, de nombreuses guerres fratricides !

Bossuet nous rappelle par ailleurs qu’Attila fut invité, comme la plupart des envahisseurs… L’on perdit ensuite le contrôle et l’envahisseur pu s’installer sans peine… Toute ressemblance avec une république « invitant » l’infidèle au sein du royaume n’est pas fortuite, c’est un enseignement !

Bossuet connaît ses classiques sur le bout des doigts, donc il ne dit pas n’importe quoi, il cite ses sources et émet les réserves qu’il faut, tout en donnant au Dauphin les enseignements nécessaires. Il sait que le monde de l’époque était centré sur l’empire romain et que les premiers rois des Francs protégèrent la légitimité romaine et catholique. C’est l’ADN de notre pays ! Avant même d’être lui-même catholique, il était déjà au service du monde catholique et romain, de l’Église catholique et romaine ! Mérovée et Childéric protégèrent Rome, puis Clovis hérita de l’empire — d’une partie à tout le moins — après la chute de celui-ci, d’où Charlemagne quelques siècles plus tard.

Et en même temps les rois des Francs, étaient des descendants des dieux, selon leur cosmologie païenne, ils étaient donc infiniment sacrés.

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