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« L’école », un mal absolu ?, par Antoine Michel

Le monde contemporain a établi le dogme de la scolarisation universelle, et ce dès le plus jeune âge. La République exige aujourd’hui que tout bambin soit « scolarisé » dès trois ans ! Cette « éducation obligatoire » dès 3 ans s’est accompagnée d’une interdiction (qui ne dit pas son nom) de l’école à la maison !

Il est vrai que « l’éducation », aujourd’hui, se résume à l’élevage de corps en batterie, sans plus aucun souci des âmes ! Rien de plus logique dans une société consumériste et matérialiste…

Pourtant, il se trouve que, même parmi des gens très bien, même parmi les légitimistes — c’est dire ! —, voire chez les clercs, on trouve des personnes considérant l’école comme bonne en soi, là où elle est toujours un pis-aller (nous ne parlons pas, bien sûr, des études dites supérieures, quand l’étudiant est déjà adulte, avec une volonté et une intelligence bien formées, ainsi qu’un caractère déjà bien trempé).

Pourquoi donc ?

Regardons dans le passé : pour les enfants de moins de 6-7 ans, l’école était inexistante, de tous temps et partout dans le monde ! Après 6-7 ans, même chez les antiques, même chez les païens, et a fortiori chez les chrétiens, il s’agissait de faire « répéter ». Peu de cours, des professeurs avant tout vertueux, et toujours la famille au premier plan. 5 jours sur 7, 10 mois sur 12, dans des classes parfaitement horizontales : tout cela aurait été impensable !

On entend souvent dire que l’école moderne est une invention de saint Jean-Baptiste de La Salle, et cela est vrai. Il fonda ses écoles pour prendre soin des pauvres, dont la famille, justement, était déficiente ! Ces écoles étaient donc un régime d’exception, pour pallier des manques et des carences.

Ajoutons encore combien l’école à la maison, l’école en famille est la meilleure pour éduquer l’âme, fortifier la vertu et former des héros et des saints. Puisque, évidemment, éduquer consiste à former de bons hommes, des adultes vertueux et honnêtes, qui doivent combattre et devenir saints.

Nous savons bien qu’il est bien plus difficile d’être charitable avec un prochain qu’avec un lointain. Il est bien plus aisé d’être « gentil » avec ses camarades du même âge, devant tout le monde, pour se faire bien voir, pour être intégré au groupe, pour faire plaisir aux « professeurs » bien lointains aussi quand on les compare aux parents.

En revanche, nous savons aussi combien obtenir des actes charitables entre frères et sœurs, et une bonne obéissance prompte et filiale envers les parents, loin des regards, sans aucune peur d’être rejeté par le groupe — puisque les liens du sang sont indestructibles — est ô combien plus malaisé. Obtenir 1 à la maison, c’est obtenir 100 à l’école, en termes de vertu et de charité !

Mieux, la « vertu » obtenue à l’école comporte toujours le risque de se fonder sur de l’amour propre ou de l’orgueil, ou la crainte, bien plus qu’à la maison, et même dans une structure très catholique (toujours la même chose : c’est un moindre mal évidemment quand on ne peut pas éduquer correctement ses enfants, mais non une fin en soi). Nous ne parlons même pas des écoles publiques et athées, ou des écoles apostates — dont beaucoup d’écoles conciliaires — qui cherchent à tout pervertir, quoiqu’en usant de la terreur et de la compétition découlant toutes deux du principe d’égalité pour rendre la masse esclave et maintenir un certain ordre pervers et servile.

La société familiale est en outre naturelle et intrinsèquement hiérarchique. Il y a le père et la mère. Mais plus encore : chacun de la fratrie a une place. Aîné, cadet, premier garçon, dernier garçon, etc. Il ne s’agit donc pas d’être plus fort que les autres — penchant si naturel de notre fond blessé par le péché : les grands sont là pour aider les petits, chaque grand étant le petit de quelqu’un, et chaque petit le grand d’un autre.

La famille est un petit royaume, dont le père est le roi et la mère le lieutenant général. Ce petit royaume peut évidemment accueillir des précepteurs, des directeurs d’âme d’autres sociétés, etc., venant aider à l’éducation, mais devant toujours se plier aux règles du petit royaume familial, et s’intégrer à la hiérarchie de ce royaume. Ce qui optimise l’éducation des enfants.

Une fois adultes en corps et en âme, les combattants devront aller voir ailleurs pour accomplir leur vocation. Mais avant de les envoyer sur le champ de bataille — qui est partout et toujours —, il faut les armer, d’où l’entraînement que constitue l’instruction en famille, qui peut être éprouvant mais toujours doux et rassurant.

Alors oui, vive l’école à la maison ! Pour avoir des saints et des héros !

Antoine Michel

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

2 réflexions sur “« L’école », un mal absolu ?, par Antoine Michel

  • Benoît Legendre

    Ah, monsieur Michel ! Votre très beau – et très juste – texte devrait être envoyé aux candidats de l’élection présidentielle ! Sans illusion bien sûr sur le sort qui serait dévolu à ce texte pour la quasi totalité d’entre eux…

    Mais je souhaite vous faire une demande : m’autorisez vous à photocopier votre article afin d’en laisser traîner quelques uns sur les sièges des transports en commun ? Puisque les salles d’attentes n’ont plus désormais de petite table couvert de revues, il reste encore ce moyen pour essayer de toucher si possible l’esprit (ainsi que l’âme et le coeur) de nos compagnons de voyage ferroviaire ?

    Bien cordialement,
    Benoît Legendre

    Répondre
    • Cher Monsieur,je vous en prie vous pouvez utiliser l’article comme vous le voulez, si cela peut servir ce sera ungrand bonheur, et les bonnes idées c’est fait pour être partager! Alors n’hésitez,
      En union de prières
      Antoine Michel

      Répondre

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