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Procédures administratives d’emménagement, contrôle social et libération chrétienne, par Paul de Beaulias

Vivre au Japon permet de découvrir certaines structures anciennes qui ont disparu de chez nous du fait de la révolution.

Au Japon, il reste ainsi une vielle institution de l’époque Edo de contrôle de population qui consiste à faire une procédure administrative pour déménager : il faut d’abord faire une déclaration de sortie de commune de là où vous partez, puis faire une déclaration d’emménagement dans la nouvelle commune, avec le certificat que vous êtes bien sorti de la commune précédente.

Cette procédure n’est plus en théorie obligatoire, mais certaines procédures (ou pour ouvrir un compte en banque par exemple) sont infaisables si vous ne la faites pas, et tout le monde le fait.

La procédure est aussi automatique, on ne peut vous la refuser.

Ce système est un reste dégradé de ce qui se passait sous l’époque Edo en bien plus totalitaire. Sous l’époque Edo, toute la population était de force dans une association de quartier très hiérarchisées : tout ce qui se passait dans le quartier ne le regardait que lui, et si un conflit survenait entre un membre du quartier et l’extérieur, la punition du baillis pesait sur tout le quartier sans distinction (vous imaginez le lynchage et lat erreur, pas de responsabilité individuelle, mais purement collective).

Bref, pour déménager, il fallait une quadruple procédure. Obtenir l’autorisation du chef de quartier, puis déclarer au baillis (le représentant de la puissance publique, comme le policier-juge) qui autorisait ou non. Il fallait ensuite avoir l’autorisation du baillis de l’endroit d’arriver, et encore l’autorisation du chef de quartier de l’endroit d’arriver.

A chaque étape, il faut graisser la patte gracieusement, c’est une condition minimale qui n’assure pas le déménagement. Si évidemment vous avez la moindre tâche ou une once de mauvaise réputation, vraie ou pas, vous pouvez tirer une croix sur le déménagement…

Ce n’est plus comme cela aujourd’hui évidemment, mais encore maintenant tout le monde est « fiché » par l’état, qui utilise les communes comme agents locaux, et chacun est dans une case : si vous n’êtes pas sur un registre d’habitation, vous n’existez comme pas.

Cela peut sembler scandaleux au contemporain : en fait il existait un système similaire dans l’ancienne France mais avec une grande différence néanmoins ; l’Église gérait et non le pouvoir temporel, et cette obligation de faire partie d’un groupe était d’abord l’obligation de faire partie d’une paroisse (par exemple on ne pouvait pas se confesser en dehors de sa paroisse sans un certificat de voyage ou autre).

Si on commence à examiner ce genre de question, on se rend compte que partout la population est contrôlée de cette façon, dès que nous avons un pouvoir politique un peu institué : et il ne faut pas croire que les sociétés sauvages étaient différentes ; c’était même pire, car le contrôle social était absolu et il n’y avait même pas de domaine « privé ».

Au fond, c’est une conséquence le loi naturelle qui veut que nous soyons des animales politiques qui vivons en société : il est intolérable à notre nature d’être un électron libre. Dans toutes les sociétés qui ne sont pas révolutionnaires, chaque membre de la société fait partie ainsi d’une famille et d’un quartier.

En monde païen, les abus sont vite arrivés : corruption, contrôle de la population, interdiction de déplacement, terreur car on n’a pas le droit à l’erreur au risque de se faire expulsé, et de devoir donc devenir un criminel, car être expulsé et ne plus appartenir à aucun corps cela signifie être mort socialement, ne plus exister…

Seule la chrétienté, en christianisant ce besoin naturel d’appartenir à la société politique, en a désactivé les abus : l’Église préempte déjà ce devoir, avec les registres paroissiaux, et le Prince ne les contrôle pas. Il devient impossible à l’État d’user de ces registres ou de ces systèmes pour pressurer la population, pour des raisons politiques ou autre.

Les clercs ne punissent pas non plus en matière temporelle, ni ne prennent de conditions pécuniaires aux déplacement : c’est encore une protection.


Enfin, et surtout, il y a le pardon et la douceur chrétienne : à part l’excommunication, qui reste plus qu’exceptionnel, on n’est jamais exclu, et toujours pardonné (même dans le cas de l’excommunication, au moindre signe de repentir, on est réintégré).

Ce petit exemple montre comment un élément de droit naturel, ou un des ces conséquences en l’occurrence (nécessité de faire corps du fait de notre nature politique, et en pratique d’appartenir aux corps intermédiaires), dérive en monde païen dans quelque chose de dure et de terrifiant, et comment il est christianisé en chrétienté pour le meilleur.

Notre temps actuel est bâtard : révolutionnaire dans un monde qui a encore des parcelles de chrétienté. Pour ce qui concerne le sujet de cette article, la destruction de l’église et l’expulsion au nom de la laïcité de la vie publique a en pratique abolit ce genre de registre d’habitation (les anciens registres de paroisse). Et aujourd’hui, nous sommes sans appartenance.

Mais l’état totalitaire moderne est en train de réinstituer ce contrôle de la population, avec un numéro d’identité, avec le fichage multiple, qui peu à peu se veut unifier.

La révolution va plus loin : avec les identités digitales rêvés par les mondialistes, con contrôle parfait n’est plus localisé, et donc n’est plus politique à véritablement parler : au moins, autrefois, même en paganisme, on pouvait dans son corps local, s’en sortir puisqu’on avait à faire à d’autres personnes de chair en os. La révolution aidée par les technologies conserve la division individualiste tout en ressuscitant le contrôle de la population, plus au niveau local, mais global et pour tous les aspects de la vie. Cela permet à la révolution d’empêcher la renaissance des corps intermédiaires, qui, en pratique, et aussi totalitaire ils pouvaient être ici ou là en monde païen, étaient toujours un frein gênant au pouvoir totalitaire.

La révolution contre-nature, ainsi, reste contre-nature, tout en cédant au besoin naturel d’appartenir à un corps politique, en forçant l’appartenance désincarnée à un faux-corps mondialisé.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

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