Politique

Pour une authentique restauration intégrale, qu’est-ce que la Légitimité ?

Nous ne croyons pas à l’homme providentiel, car il n’est pas de notre ressort — c’est le problème de Dieu, dont nous n’avons pas à nous mêler. Nous ne faisons que constater la nature royale de la France, et nous savons qu’il suffit de reconnaître les principes vrais tels qu’ils sont : le Roi est Roi par les lois fondamentales. Mgr de Ségur dit tout :

« Ce qui fait qu’un pouvoir est légitime, ce ne sont ni les intentions ni les qualités de celui qui l’exerce : ce sont les principes sur lesquels il s’appuie. De même, ce qui fait qu’un pouvoir est révolutionnaire, ce ne sont ni les intentions ni la perversité de ceux qui l’exercent, mais bien les principes révolutionnaires qui lui servent de base. Cette distinction est fondamentale. (…)

La légitimité est essentiellement une question de principes; il ne faut jamais en faire, comme on le fait presque toujours, une question de personnes. »1

Le Pape dit ces derniers temps à peu près tout sauf la doctrine catholique, mais il est le Pape, qu’on le veuille ou non, et il représente l’ensemble des principes éternels de Jésus-Christ, c’est pourquoi nous devons rester fidèles à l’Église catholique et à son vicaire, malgré les errances graves de ce dernier.

Pour le Roi c’est la même chose – sauf que nous avons la chance qu’il n’erre pas ! Nous revenons aux pieds du roi, car il est roi désigné par les lois fondamentales, qu’il le veuille ou non d’ailleurs : nous ne pouvons donc que lui témoigner notre fidélité de sujets pour qu’il incarne pleinement, c’est-à-dire par toute la force de sa volonté, le rôle que lui a donné la Providence.

Pourquoi toutes les tentatives de restauration, ou de réaction ont échoué ces deux derniers siècles ? Là encore, Mgr de Ségur nous apporte la réponse :

« Depuis 1789, tous les gouvernements de fait qui se sont succédé et qui ont dirigé la France, se sont tous, comme nous l’avons dit, appuyés plus ou moins sur les principes mensongers de la souveraineté du peuple et de l’indifférence politique en matière de religion.

Pour ce motif, tous ont été plus ou moins révolutionnaires. La Restauration elle-même, tout en maintenant le vrai principe monarchique, avait fait à l’esprit du temps des concessions qui l’ont perdue en l’affaiblissant. Elle avait conservé trois éléments de mort : l’Université napoléonienne, qui était et qui est toujours l’école, la pépinière de la Révolution; la liberté, ou plutôt, la licence de la presse, qui est la grande arme de la Révolution ; enfin la franc-maçonnerie, qui est l’armée organisée de la Révolution. La Révolution a perdu Charles X, comme elle avait perdu Louis XVI.

« Je suis la Révolution, » disait un jour, de lui-même, Napoléon Ier. Louis-Philippe eût pu en dire autant, quoique à un autre point de vue. Nos deux républiques, plus encore s’il se peut ; et chacun sait comment le second Empire, malgré la modération habituelle, pour ne pas dire l’hypocrisie de ses procédés avait inscrit, en tête de sa constitution « les immortels principes de 89, la souveraineté nationale et le suffrage universel.»

Le premier Empire était la Révolution militaire; le gouvernement de Juillet, la Révolution parlementaire bourgeoise ; les trois Républiques, la Révolution démocratique ; le second Empire, la Révolution diplomatique et soi-disant pacifique.

Tous ces pouvoirs, bâtis sur le sable, ne pouvaient durer : le souffle de la colère de DIEU les a renversés les uns après les autres, les uns comme les autres, les uns sur les autres. Aucun gouvernement issu de la Révolution n’est viable. »2

La Révolution suit en fait tous les principes de mort. Nous avons commencé à aller contre la nature catholique de la France, puis contre sa nature politique, nous en arrivons à nier la plus basique des natures aujourd’hui : celle des sexes, tandis que la distinction entre l’homme et l’animal est publiquement débattue et qu’arrive sur la table le sujet de l’intelligence artificielle et de la sensibilité des robots.

En ce sens, aucun gouvernement issu de la Révolution n’est bon, mais peut-il être viable ? Comme le dit Mgr Ségur, en France, ce n’est pas possible, car la France est intrinsèquement catholique. Ainsi le jour où l’on considèrera que le régime révolutionnaire est viable, cela signifiera que la France est définitivement morte, assassinée.

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !


1 Louis-Gaston de Ségur, Vive le Roi !, 1875 (2018), DR, p. 37.

2 Ibid., p. 37-38.

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