Politique

Inquisition : quand l’hérétique abjure son erreur…, par Paul de Lacvivier

L’Inquisition : le tribunal le plus juste de l’histoire

Introduction

Partie 1 : La finalité du procès inquisitorial

Partie 2 : Le rôle de l’avocat

« Que tout soit fait pour que le pénitent ne puisse se proclamer innocent afin de ne pas donner au peuple le moindre motif de croire que la condamnation est injuste. »

Encore une citation sortie de son contexte ! Cette remarque est faite pour éviter le scandale dans le cas précis d’un hérétique qui abjure, mais à contre-cœur et sans jouer le jeu. Il obtient des peines plus légères, mais qui pourraient scandaliser la population. L’injustice de la condamnation dont parle la citation est l’injustice due à une condamnation trop légère. Le traducteur, en mettant telle quelle la citation en première page, veut donner l’impression que le tribunal tord la réalité pour ajuster la justice à ses besoins. C’est un mensonge : nous avons ici un cas d’école ! Le tribunal cherche en réalité à concilier charité envers l’accusé et justice. Dans les cas limites, il s’agit d’éviter de scandaliser la population tout en assurant le salut de l’âme de l’accusé : l’histoire montre qu’habituellement le contraire se passe. La population demande du sang, voire se venge elle-même : il est toujours plus facile pour le pouvoir de répondre à cette demande en ayant la main lourde. En ce sens, l’inquisition fait partie des exceptions historiques en matière de clémence, sans que jamais la justice ne soit blessée pour autant — en cela, elle est comparable à la justice civile catholique de la France d’Ancien Régime.

Aux pages 221-223, est exposé la procédure à suivre envers un hérétique pénitent qui abjure son hérésie, avec un exemple de cérémonie publique d’abjuration. Citons les passages qui nous intéressent :

« Huitième verdict : abjuration d’un hérétique pénitent

(…)

Après lecture (de l’acte contenant les fautes de l’accusé), si l’inquisiteur décèle à certains signes que l’abjurant est véritablement converti, il lui demande : « Est-ce bien conforme à la vérité ? » Et si l’abjurant répond que oui, l’inquisiteur continue : « Veux-tu demeurer dans ces hérésies et te damner ainsi pour l’éternité, et merdre même ton corps, ou veux-tu abjurer et garder ainsi la possibilité de sauver ton âme et d’échapper au trépas ? » S’il répond qu’il ne veut pas demeurer dans ces erreurs et qu’il veut les abjurer, l’inquisiteur ajoute : « Tu as répondu sagement ». »

« Il faut noter en outre qu’il y a lieu de mitiger les peines d’un hérétique qui aurait avoué facilement ou qui ne serait resté que peu de temps dans l’hérésie. Les hérétiques de ce genre pourraient être condamnés à la prison à vie, mais on entendrait par « prison » la ville où ils habitent (…) »

Remarquons encore que la « prison » ou le « mur » était en général une liberté surveillée dans un espace donné : une ville ou une région par exemple.

Et enfin la phrase mise en exergue :

« XVI. « Est-ce bien conforme à la vérité ? », demande l’inquisiteur à l’abjurant. Le mieux, c’est encore de ne point poser cette question, car le risque est grand que la réponse du pénitent scandalise le peuple ! Ne cherchera-t-il pas à nier, à tergiverser, à s’excuser ? Et le peuple n’en viendra-t-il pas à douter de la justice du tribunal inquisitorial ? Que tout soit fait pour que le pénitent ne puisse se proclamer innocent afin de ne pas donner au peuple le moindre motif de croire que la condamnation est injuste. »

Voilà la citation dans son contexte : elle dit le contraire de ce le traducteur insinue en la sortant de son contexte.

Il faut comprendre que si cérémonie d’abjuration il y a, publique donc, le tribunal a déjà jugé le cas et a conclu que l’accusé était hérétique, convaincu d’hérésie, mais sa conversion et sa pénitence le lavent des peines temporelles les plus lourdes. Et pour marquer cette réconciliation et le retour complet de l’accusé dans la société politique, la cérémonie d’abjuration doit être faite, marquant ainsi la fin de l’affaire, et la réintégration de l’accusé dans la société, en demandant donc au « peuple » de passer l’éponge et de lui pardonner — et donc de protéger l’accusé contre des persécutions du « peuple » !

L’inquisiteur Peña ne fait que conseiller d’éviter, pendant la cérémonie d’abjuration, de donne trop l’occasion à l’accusé de faire un scandale — ce que les hérétiques cherchent souvent à faire — par cette question qu’il juge superflu : la cérémonie d’abjuration n’est plus une partie de l’enquête, qui a déjà était conclue, et cette question a déjà été posée de nombreuses fois lors des examens de l’accusé, donc elle n’a plus lieu d’être lors de la cérémonie d’abjuration, qui est la réconciliation canonique et publique de l’accusé avec l’Église. Au contraire, étant publique, à la différence du déroulé du procès, cette cérémonie, pour un hérétique malveillant, est une occasion rêvée de faire scandale et de tourner la justice en dérision.

À suivre…

Paul de Lacvivier


L’Inquisition : le tribunal le plus juste de l’histoire :

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.